Caravane 2023 des 500 plus grandes entreprises marocaines : les leaders de Rabat

Après avoir sillonné  les villes de Tanger, Fès, Agadir et Marrakech, la Caravane 2023 des 500 plus grandes entreprises marocaines a marqué une escale à Rabat pour présenter le classement des dix entreprises les plus performantes de la région. Cette année, l’édition apporte son lot de nouveautés significatives. Désormais, les critères de classement intègrent les indicateurs ESG des grandes entreprises, mettant ainsi en avant une évaluation plus responsable et globale de leur performance.  Zoom sur le Top 10 des plus grandes entreprises de la région de Rabat.

Le changement climatique est désormais une réalité tangible que nous ressentons dans notre quotidien. Inévitablement, cela amène à aborder la question de l’empreinte carbone. D’autant plus que le volet social est profondément influencé par les enjeux environnementaux. C’est pourquoi il devient essentiel d’intégrer les principes de la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) et de l’ESG (Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les actions et décisions des entreprises. Cette approche constitue l’innovation majeure de l’édition 2023 du classement des 500 plus grandes entreprises marocaines.

D’ailleurs, la nouvelle édition se redéfinit en devenant Les 500 Global. Trois grandes innovations marquent cette transformation. Cette année, les banques, les sociétés de crédit et les entreprises de leasing intègrent le classement en fonction de leur produit net bancaire. De leur côté, les compagnies d’assurance et les courtiers sont désormais évalués sur la base du total des primes émises.

De plus, «cette année, nous avons inauguré une toute nouvelle initiative au sein des 500 entreprises marocaines, il s’agit d’une analyse ESG. C’est une première au Maroc. Pour mener à bien cette analyse, nous avons collaboré avec le groupe Mazars, qui a réalisé une étude approfondie en recueillant des informations directement auprès des entreprises», a fait savoir Hassan Alaoui, président d’Économie Entreprises, éditeur des 500.

Sur la bonne voie
«Au-delà des logiques de chiffre d’affaires et de rentabilité, l’intégration d’une grille de lecture des critères ESG dans les 500 est une réelle opportunité pour favoriser l’émergence de grands acteurs économiques responsables», explique de son côté, Najib Belrhazi, directeur général EDICOM, éditeur de Kompass Maroc. Il semble que les entreprises marocaines affichent une dynamique remarquable dans leur engagement en faveur de l’ESG. Un récent sondage mené auprès de 137 d’entre elles ayant déjà initié des actions en matière de durabilité révèle une tendance à l’accélération.

«Parmi les indicateurs mis en avant, on trouve la gestion économe de l’eau, la réduction des émissions de CO2, ainsi que l’adoption de pratiques de gestion des déchets plus responsables», a dévoilé Salaheddine Bennani, Senior manager à Mazars Maroc.

En regard des projections pour 2023-2024, ces entreprises envisagent d’installer des panneaux photovoltaïques, de mettre en place des systèmes de traitement et de recyclage des eaux usées, de diversifier leurs investissements vers des actifs plus durables et de créer des programmes de gestion environnementale. De plus, une majorité, soit 53%, s’attelle déjà à obtenir ou a prévu d’acquérir des certifications ESG, particulièrement les normes ISO 14000 et 14001 qui sont dédiées au management environnemental.  Sur un autre plan, Salaheddine Bennani relève que la promotion de la diversité et de l’inclusion, ainsi que la garantie de la santé et de la sécurité au sein des entreprises, constituent des axes essentiels.

En prévision de 2023-2024, 54% des entreprises mettent en œuvre des initiatives visant à promouvoir la parité hommes-femmes, accompagnées de politiques, chartes et stratégies spécifiques pour renforcer la représentation des femmes dans le monde professionnel. En matière de gouvernance d’entreprise, 47% des entreprises ont d’ores et déjà initié des actions ESG visant à améliorer leur gouvernance. Cela se traduit par la création de manuels de bonnes pratiques, la mise en place de programmes de formation destinés aux administrateurs, ainsi que des efforts pour accroître l’indépendance et la diversité au sein des organes de gouvernance. De surcroît, la promotion de la transparence, de la responsabilité et de l’éthique des affaires est à l’ordre du jour, avec la visée de l’obtention de la certification ISO 37001 qui concerne le système de management anti-corruption.

De manière globale, l’intégration de la RSE dans la stratégie globale de l’entreprise est devenue un axe central. Il précise par ailleurs que l’Autorité marocaine du marché des capitaux  (AMMC) a émis la Circulaire 03-19 en mars 2019 pour encadrer le reporting extra financier RSE, tandis que Bank Al-Maghrib a publié en mars 2021 une directive visant à mettre en place un dispositif de gestion des risques financiers liés au changement climatique et à l’environnement. Ces directives s’appliquent respectivement à tous les émetteurs faisant appel public à l’épargne, ainsi qu’à tous les établissements de crédit et organismes assimilés.

Sur un autre volet, Bouthayna Iraqui Houssaîni, présidente de la CGEM Rabat-Salé-Kénitra, a souligné que les entreprises marocaines commencent à prendre conscience de l’importance de se structurer en interne en raison d’un marché devenu plus exigeant et d’une réduction significative de l’informel, notamment grâce à la mise en place de réformes telles que la couverture sociale généralisée. Cette tendance à la formalisation est observée à l’échelle nationale et constitue un moyen de sortir de l’économie informelle.

«Les entreprises désireuses de croître se voient ainsi contraintes d’adopter une gouvernance solide», souligne-t-elle.

Par ailleurs, les statistiques dévoilés, durant la Caravane 2023, concernant le poids des régions, indiquent que la région de Rabat-Salé-Kénitra compte 53 entreprises, et un chiffre d’affaires cumulé de 131,2 MMDH, constituant ainsi 13,9% du CA global. Dans la région de Souss-Massa, on recense 25 entreprises qui génèrent un chiffre d’affaires cumulé de 19,6 MMDH, représentant ainsi 2,1% du chiffre d’affaires global. Marrakech-Safi, quant à elle, compte 15 entreprises qui totalisent un chiffre d’affaires de 7,6 MMDH, équivalant à 0,8% du CA global.

Dans la région de Fès-Meknès, 22 entreprises opèrent et génèrent un chiffre d’affaires cumulé de 10,8 MMDH, ce qui représente 1,1% du chiffre d’affaires global. La région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma compte 26 entreprises qui génèrent un chiffre d’affaires total de 71,9 MMDH, équivalant à 7,6% du CA global. Enfin, le Grand Casablanca se positionne comme le moteur économique du pays avec 349 entreprises qui cumulent un chiffre d’affaires colossal de 694,7 MMDH, représentant une part prépondérante de 73,8% du chiffre d’affaires global.

L’ONEE l’emporte
Dans la région de Rabat, l’ONEE domine le classement avec un chiffre d’affaires de 40,9 MMDH, suivi par Maroc Telecom qui affiche un chiffre d’affaires de 35,7 MMDH. En troisième position, on trouve Label’Vie avec un chiffre d’affaires de 13,9 MMDH. Les entreprises suivantes sont ONCF avec 4,5 MMDH, Holding Al Omrane (4,3 MMDH), le Groupe Crédit Agricole du Maroc (3,6 MMDH), Autoroutes du Maroc (3,3 MMDH), M.C.M.A (2,2 MMDH), Jet Contractors (1,3 MMDH) et MAMDA (1,2 MMDH). Sur le podium national, l’OCP se hisse à la première place avec un chiffre d’affaires impressionnant de 114,5 MMDH, suivi du groupe Renault Maroc avec pas moins de 50,3 MMDH de CA, et, enfin, l’ONEE qui occupe la troisième place.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO