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Capacité bénéficiaire : l’inévitable impact de la crise

Sans surprise, la capacité bénéficiaire au titre de l’exercice 2020 a été rognée par les effets de la crise sanitaire. Selon BMCE Capital Research, les revenus agrégés se sont affichés en baisse de 5,2%, impactés par la mauvaise orientation globale des réalisations commerciales des industries. Le RNPG global a, quant à lui, été pénalisé par l’impact des dons au Fonds Covid-19.

L’impact de la crise sanitaire sur les résultats financiers des sociétés cotées était inévitable. Selon les analystes de BMCE Capital Research (BKR), les revenus totaux se sont inscrits en baisse de 5,2% à 230 MMDH, subissant ainsi le contrecoup des réalisations commerciales des industries. Fortement affectés par les restrictions sanitaires liées à la gestion de la pandémie, les revenus des industries cotées se sont, en effet, repliés de 8,9% à 144,3 MMDH, en raison principalement de la mauvaise orientation des réalisations de Total Maroc (-28,3% à 8,8 MMDH), suite essentiellement à la chute des cotations internationales du brut qui ont entraîné une baisse notable de la valeur des stocks et des prix à la pompe, ainsi qu’au recul de la demande (tant sur les carburants et lubrifiants que sur les services). À cela s’ajoute la forte dégradation des revenus des opérateurs immobiliers, notamment Addoha (-65,5% à 1,2 MMDH), dans un contexte de contraction de la demande. Celle-ci a été induite par la baisse du pouvoir d’achat et du décalage des livraisons de 2020 à 2021 suite à l’arrêt des chantiers au moins pendant la période du confinement au T2.

En parallèle, les ventes des cimentières se sont également affichées en repli, consécutivement à la baisse significative de la demande nationale en ciment en 2020 (-10,9% à 12,2 Mt à fin décembre 2020), s’expliquant notamment par le ralentissement des activités BTP et du secteur immobilier sur l’ensemble de l’année. Taqa Morocco a également vu ses performances ralentir (-14,6% à 7,8 MMDH) en raison de la dégradation des frais d’énergie découlant de l’évolution du prix d’achat du charbon sur le marché international et de la réalisation de la révision majeure planifiée de 68 jours de l’Unité 5 au cours du T4 2019, conformément au plan de maintenance. Le chiffre d’affaires du secteur assurance & courtage s’est également rétracté de 3,3% à 18,8 MMDH, intégrant un recul de 13,6% de l’activité Vie lié à la contre-performance de Wafa Assurance sur ce segment et de Saham Assurance en lien avec la baisse de la collecte Épargne, notamment sur les produits patrimoniaux. La branche Vie s’est en revanche affichée en amélioration de 2,6%, compensant partiellement la baisse des revenus du secteur. La performance de la branche a été portée par la progression de Wafa Assurance sur ce créneau, profitant notamment d’une bonne dynamique observée en début d’année et d’une reprise de l’activité sur le T4 2020.

À noter que la baisse du chiffre d’affaires global des sociétés cotées au titre de l’exercice 2020 aurait pu être plus importante sans la bonne orientation des revenus des financières, affirment les analystes de BKR. Le PNB des sociétés financières s’est amélioré de 3,2% à 66,9 MMDH, profitant de la progression de la marge d’intérêt (+5,7% à 44,2 MMDH pour les banques cotées), elle-même liée à la bonne tenue des crédits court terme. Cette hausse a toutefois été atténuée par le recul de 2,2% de la marge sur commissions à 11,8 MMDH, suite à la baisse des flux en agences et des flux monétiques, en lien avec le confinement, ainsi que par le repli du résultat sur opérations de marché. «Pâtissant des effets de la crise sanitaire sur le volet opérationnel ainsi que de l’impact des cotisations souscrites volontairement au Fonds Covid-19, notamment pour les financières (51,8% du total des contributions), la capacité bénéficiaire globale se détériore de 35,5% à 17,4 MMDH», souligne BKR. Retraitée de cet élément, la masse bénéficiaire serait ressortie en baisse moins marquée de 20,1% à 21,6 MMDH.

Selon BKR, ce sont 48 sociétés (71,4% de la capitalisation) qui ont affiché un RNPG en contraction d’une année à l’autre (-12, 9 MMDH). A contrario, 19 sociétés (28,6% de la capitalisation) ont enregistré des résultats en progression, soit une contribution de 3,3 MMDH. Dans le détail, le RNPG des financières a été le plus bousculé par la détérioration du contexte économique global. Il s’est en effet dégradé de 56,7% à 5,5 MMDH pâtissant notamment du poids des dons au Fonds Covid-19 (impact brut de 3,5 MMDH) sur les charges générales d’exploitation. À cela s’ajoute l’aggravation du coût du risque (+2,4x à 17,7 MMDH, soit un taux du coût du risque moyen de 1,8% contre 0,8% en 2019) suite à l’adoption par les banques d’une politique de provisionnement anticipative et prudente. Les industries dont le RNPG a plongé de 16% à 10,8 MMDH ont subi, quant à elles, le mauvais comportement des cimentières et immobilières. De son côté, Marsa Maroc a dû essuyer le double effet de son don de 300 MDH et du résultat net déficitaire dégagé par sa nouvelle filiale Tanger Alliance. La capacité bénéficiaire du secteur assurances & courtage affiche une baisse de 23,3% à 1,2 MMDH, en raison principalement de la contre-performance des marchés financiers ainsi que de la suspension ou la baisse des versements de dividendes en provenance des filiales. En revanche, AtlantaSanad a enregistré une hausse de 26,8% de son bottom-line, profitant notamment de plus-values issues de la création d’un OPCI (près de 230 MDH) ainsi que de l’étalement sur 5 exercices de la cotisation au Fonds spécial Covid-19 pour lequel elle a opté au niveau des comptes consolidés (un don de 100 MDH). En matière de rendement, la masse des dividendes, pour les sociétés ayant communiqué sur leur politique de distribution (près de 74,5% de la capitalisation), a enregistré une baisse de 8,7% à 14,4 MMDH suite principalement au repli des dividendes de Maroc Telecom (-28% à 3,5 MMDH). 

Aïda Lô / Les Inspirations Éco


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