Éco-BusinessTable ronde

Cap Hospitality : une opportunité pour moderniser le secteur touristique

Le secteur touristique se remet à peine de la crise covid, qu’il doit passer à la vitesse supérieure pour anticiper les deux évènements footballistiques majeurs qui se préparent : la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du monde 2030. À ces fins, l’État propose une nouveauté totale pour le pays : des crédits à l’investissement dont il rembourse les intérêts. Mais après ?

Le Royaume a accueilli 14,5 millions de touristes en 2023.Une progression remarquable de +34% par rapport à 2022. Ce sont 25,6 millions de nuitées qui ont été réalisées dans les établissements d’hébergement touristiques classés (EHTC).

Pour la seule période estivale de 2024, le ministère de tutelle annonce une hausse de 21%. En 2023, les recettes de voyage en devise avaient enregistré leur record absolu de 105 milliards de dirhams. Le secteur du tourisme génère donc environ 7% du PIB, ce qui n’est pas rien.

Or, les prévisions continuent de s’inscrire à la hausse, puisque le pays se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique 2025 et plusieurs matchs de la Coupe du monde 2030 de football. De tels évènements sont à même de mettre sous tension les infrastructures, et notamment les capacités d’hébergement.

L’État s’engage à rembourser les intérêts
Sous la forme d’un partenariat public-privé particulièrement innovant, le ministère du Tourisme, via la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), déploie une initiative sans précédent dans le pays. L’État s’engage à rembourser les intérêts des emprunts souscrits dans le cadre du programme Cap Hospitality. À qui ce programme s’adresse-t-il ? Avec quelles finalités ? À quelles conditions ? Quelles en sont les perspectives ? Autant de questions auxquelles cette table ronde du Cercle des ÉCO, qui s’est tenue le 7 novembre, a apporté les réponses les plus claires possible. Elle réunissait trois acteurs de premier plan de cette initiative conjointe : Hind Driouech, directrice exécutive en charge du Marché de l’Entreprise d’Attijariwafa bank, Imad Barrakad, directeur général de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), et Salma Bellamine, directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement. La rencontre était modérée par Meriem Allam, directrice de la publication du journal Les Inspirations ÉCO.

25.000 chambres à rénover
«Le programme Cap Hospitality a été conçu pour booster et encourager les établissements hôteliers à se mettre à jour», explique Selma Bellamine. Ce crédit peut atteindre un montant de 100 millions de dirhams. Il s’agit d’aider les hôteliers, répondant à un certain nombre de critères, à rénover (ou étendre, ou acquérir…) leurs unités d’hébergement.

L’objectif fixé est de mettre aux standards internationaux pas moins de 25.000 chambres, détaille Imad Barrakad, le directeur général de la SMIT. Certains opérateurs du secteur se portent bien, et n’auront pas besoin de cette aide, réservée à ceux qui n’ont pas entrepris de gros travaux depuis au moins cinq ans. Une caravane a sillonné le pays pour se rapprocher des entrepreneurs, qui ont répondu en grand nombre. Ce qui devait être au départ une mission d’information et de sensibilisation s’est révélé un lieu d’échanges, qui a permis aux acteurs d’affiner la proposition et la communication en fonction des remontées de terrain.

Un processus digitalisé et transparent
L’offre est cependant limitée dans le temps. Les premiers arrivés seront les premiers servis. Il convient donc de se dépêcher. Hind Driouech explique qu’Attijariwafa bank a mis en place un «fast track», pour la partie bancaire qui vient après l’acceptation du dossier par la SMIT. Des conseillers sont tenus à disposition, tant à la SMIT que dans les banques. Le processus d’adhésion auprès de la SMIT est totalement digitalisé et transparent.

Parmi les critères de sélection, celui de la durabilité compte énormément, même s’il n’est pas obligatoire. Les opérateurs y gagneront de toute façon, puisque la clientèle est demandeuse d’un tourisme responsable, et les plateformes internationales aussi.

Tous les hôteliers sont concernés, quelle que soit leur taille ou celle de leur projet, à la condition qu’ils puissent investir au moins trois millions de dirhams, «ce qui est très acceptable dans la mesure où l’on parle de rénovations importantes» estime Hind Driouech. Ils doivent aussi être en capacité d’apporter la preuve de leur solvabilité.

Un large éventail de mesures
«Cap Hospitality s’inscrit dans le cadre d’un arsenal de mesures», précise Imad Barrakad. Il existe d’autres programmes destinés aux diverses professions du secteur. «Dans les demandes et les inscriptions à ce jour, quasiment toutes les régions sont représentées, ainsi que toutes les formes d’hébergement touristique, de la maison d’hôte jusqu’à l’hôtel de luxe…» Cet heureux départ augure d’un succès que tout le pays souhaite ardemment.

«Il y a aujourd’hui tout un écosystème qui accompagne l’industrie du tourisme au Maroc. L’objectif est clair et l’État tend la main aux établissements hôteliers», résume Salma Bellamine, directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

L’offre est limitée dans le temps, mais d’autres mesures existent déjà qui sont là pour durer. Toutefois, lorsque la fenêtre se refermera, le ministère entend laisser à nouveau le marché s’autoréguler. Hind Driouech conclut en rappelant qu’Attijariwafa bank est là depuis longtemps pour soutenir les opérateurs touristiques, et que l’État a toute sa place dans la démarche.

Salma Bellamine
Directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l’investissement

«Le programme Cap Hospitality a été conçu pour booster et encourager les établissements hôteliers à se mettre à jour (…) Il y a aujourd’hui tout un écosystème qui accompagne l’industrie du tourisme au Maroc. L’objectif est clair et l’État tend la main aux établissements hôteliers.»

Hind Driouech
Directrice exécutive en charge du Marché de l’Entreprise d’Attijariwafa bank

«Tous les hôteliers sont concernés, quelle que soit leur taille ou celle de leur projet, à la condition qu’ils puissent investir au moins trois millions de dirhams, ce qui est très acceptable dans la mesure où l’on parle de rénovations importantes.»

Imad Barrakad
Directeur général de la Société marocaine d’ingénierie touristique

«Dans les demandes et les inscriptions à ce jour, quasiment toutes les régions sont représentées, ainsi que toutes les formes d’hébergement touristique, de la maison d’hôte jusqu’à l’hôtel de luxe…»

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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