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Cap Hospitality : les critères et les apports du programme

Pour renforcer la compétitivité de l’hôtellerie marocaine, et surtout à l’approche des grands évènements internationaux que sont la CAN 2025 et le Mondial 2030 de football, le programme Cap Hospitality prévoit, entre autres mesures, la rénovation de 25.000 chambres. Ce projet, dirigé par le SMIT et soutenu par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, offre aux hôteliers un appui inédit, incluant un financement avantageux et des critères de durabilité que les experts du Cercle des ÉCO ont détaillés.

L’initiative Cap Hospitality vise à rénover 25.000 chambres à travers le pays. Cet objectif, rappelle Imad Barrakad, directeur général de la SMIT, représente un tiers de la capacité d’aujourd’hui. Un certain nombre de critères permettent d’orienter le programme en ce sens. D’autres chambres ont cependant aussi besoin de rénovation.

«Une liste a été mise en place, au sein d’un processus entièrement digitalisé, fiable et transparent. L’hôtelier ou l’entreprise touristique peut regarder si son projet figure dans la liste, ou pas. Après son inscription, s’il s’agit de la mise à niveau et de l’amélioration de la qualité de service, par exemple, l’hôtelier est libre de choisir les critères qu’il veut. Mais le travail d’ingénierie réalisé par nos équipes va permettre de l’orienter vers un élément très important : la durabilité et le développement durable de son établissement, en passant par l’utilisation d’énergie renouvelable ou l’efficacité énergétique pour une meilleure consommation». Sans obligation, la suggestion est recommandée au cours de l’inscription. Le programme est donc ouvert à plus de 25.000 chambres. La caravane d’information était une forme de «pull», mais il y a aussi un travail de «push» qui se met en place. Les hôteliers qui n’auraient pas le niveau qualitatif requis vont être appelés. Il leur sera demandé de rénover leur établissement, y compris ceux qui sont fermés. Par exemple, sur les destinations Ouarzazate et Agadir, il est prévu un effort de mise en relation des investisseurs avec les vendeurs. Ils sont accompagnés jusqu’à ce qu’ils déposent leurs dossiers.

«Ainsi, grâce à l’aide des banques, d’Attijariwafa bank, de nouvelles unités hôtelières ont vu le jour, alors qu’elles pouvaient être en déclin ou quasiment fermées. Ces 25.000 chambres sont donc un objectif à atteindre, mais il y a au-dessus un seuil à ne pas dépasser, et les hôteliers doivent s’inscrire très vite, car c’est la règle du premier arrivé, premier servi qui est appliquée», avertit le directeur général du SMIT. Ce produit a déjà attiré beaucoup de demandes durant le premier mois.

Critères techniques et financiers
Salma Bellamine, quant à elle, précise certains des critères d’éligibilité : «Le programme s’adresse aux hôteliers qui n’ont pas fait de rénovation lourde depuis les cinq dernières années. Les petits travaux ne comptent pas. Le premier critère est donc l’ancienneté de la dernière rénovation.

«Celui de la durabilité est important à la fois pour les autorités et pour l’hôtelier lui-même. Celui-ci va pouvoir, grâce à ce programme, non seulement réduire sa facture d’eau et d’électricité, mais aussi être coté sur les plateformes, etc. Le client lui-même recherche cette durabilité et la qualité de l’infrastructure, cela permet également à l’établissement de gagner en visibilité», précise-t-elle.

Autre critère d’admission, l’établissement doit avoir la capacité de démontrer la soutenabilité du crédit demandé.

«Au-delà des critères techniques, pour un programme de rénovation ou éventuellement d’une extension ou de l’acquisition d’un actif à rénover, il faut bien sûr que cet établissement ait la capacité de rembourser son crédit. Toutefois l’État, à travers le ministère du Tourisme et le Fonds Mohammed VI, a décidé de donner un sacré coup de main à cet établissement hôtelier puisque seul le principal est à rembourser. C’est un appui inédit sur le marché. Jamais il n’y a eu un programme dans lequel l’intégralité des intérêts était remboursée par l’État. On parle d’une aide trimestrielle qui correspond au montant des intérêts pendant une période de 12 ans», s’exclame la directrice exécutive du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

Un produit bancaire transparent
Pour ce qui est de l’accès au programme, la première inscription, digitalisée, se fait au niveau du site de la SMIT. Parmi les critères à remplir, le fait d’être à jour sur le plan fiscal et des cotisations sociales. Vient ensuite le moment où la banque étudie le dossier que lui soumet l’hôtelier.

La banque échange alors avec la SMIT et le processus devient transparent pour le client, qui s’adresse à la banque comme pour n’importe quel autre crédit. C’est elle qui se charge des échanges avec tous les organismes impliqués. L’amont, avant l’octroi, puis le remboursement sont gérés en totale transparence, entre le client, la banque et l’État qui se charge de rembourser les intérêts, ce qui apparaît directement sur le compte.

«Attijariwafa bank s’est spécifiquement mobilisée. Ainsi, elle a formé l’ensemble de ses commerciaux dans les agences et les centres d’affaires, afin de conseiller les opérateurs touristiques dans une démarche “one to one”. Une cellule d’experts accompagne ces opérateurs dans le montage de leurs dossiers, car le client sait ce qu’il veut faire, mais il faut lui indiquer quel est le meilleur montage», explique Hind Driouech.

Des réponses adaptées
La banque étudie le dossier dans sa globalité, et propose éventuellement d’autres instruments financiers. Il n’y a pas que le crédit d’investissement, il y a aussi des crédits de fonctionnement, des crédits en complément, du leasing, tout dépend du besoin. Il peut être possible de rechercher d’autres partenariats, notamment avec Maroc PME, si l’hôtelier est éligible. Ainsi, la banque l’informe et l’accompagne pour qu’il puisse bénéficier de ces aides complémentaires. Enfin, puisque la règle est que le premier venu est le premier servi, Attijariwafa bank a créé un «fast track» au niveau bancaire, de manière à ce que le client puisse réaliser les rénovations qu’il faut et être prêt pour l’avenir.

«Les petites structures, les petites auberges, les petits établissements hôteliers sont traités exactement comme les grands groupes», tient à préciser Salma Bellamine.

«Au niveau des banques, c’est la même étude qui est faite. Le seul élément qu’il faut garder en tête est que le programme de rénovation minimum est de trois millions de dirhams, ce qui est franchement très acceptable, dans la mesure où l’on parle de rénovations importantes. À partir du moment où le projet est en mesure de supporter le crédit qui est demandé, il n’y a aucune restriction pour en bénéficier».

Le chiffre d’affaires n’est pas un critère. De son côté, la SMIT a créé sa cellule d’accompagnement des entrepreneurs qui n’ont pas nécessairement les ressources d’un grand groupe pour mettre au point un business plan, par exemple.

Imad Barrakad
Directeur général de la Société marocaine de l’ingénierie touristique

«Une liste a été mise en place, au sein d’un processus entièrement digitalisé, fiable et transparent. L’hôtelier ou l’entreprise touristique peut regarder si son projet figure dans la liste, ou pas. Après son inscription, s’il s’agit de la mise à niveau et de l’amélioration de la qualité de service, par exemple, l’hôtelier est libre de choisir les critères qu’il veut. Mais le travail d’ingénierie réalisé par nos équipes va permettre de l’orienter vers un élément très important : la durabilité et le développement durable de son établissement, en passant par l’utilisation d’énergie renouvelable ou l’efficacité énergétique pour une meilleure consommation (…)

Grâce à l’aide des banques, de nouvelles unités hôtelières ont vu le jour, alors qu’elles pouvaient être en déclin ou quasiment fermées. Ces 25.000 chambres sont donc un objectif à atteindre, mais il y a au-dessus un seuil à ne pas dépasser, et les hôteliers doivent s’inscrire très vite, car c’est la règle du premier arrivé, premier servi qui est appliquée.»

Hind Driouech
Directrice exécutive en charge du Marché de l’Entreprise d’Attijariwafa bank

«Attijariwafa bank s’est spécifiquement mobilisée. Ainsi, elle a formé l’ensemble de ses commerciaux dans les agences et les centres d’affaires, afin de conseiller les opérateurs touristiques dans une démarche “one to one”. Une cellule d’experts accompagne ces opérateurs dans le montage de leurs dossiers, car le client sait ce qu’il veut faire, mais il faut lui indiquer quel est le meilleur montage.»

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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