Campagne agricole : La situation des barrages sème le doute
À moins 30% de capacité, la plupart des barrages agricoles posent un problème d’efficacité pour venir à bout du stress hydrique. Pourtant, tout n’est pas joué et les agriculteurs restent malgré tout optimistes et espèrent une bonne campagne agricole.
Au lendemain de la présentation du projet de loi de finances 2018 en Conseil de gouvernement, mardi à Rabat, les premières pluies sont tombées comme un signe encourageant. Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs scrutent avec inquiétude le ciel, attendant ces pluies bienfaitrices pour les cultures et le moral. Les prévisions du PLF tablent sur une campagne de plus de 70 millions de quintaux, ce qui correspond à une bonne année agricole. Malgré le retard des pluies, les professionnels pensent que rien n’est encore joué. Preuve en était l’année précédente, malgré un retard monstre, le ciel a rattrapé son retard pour finir avec une excellente récolte céréalière atteignant presque les 100 millions de quintaux, soit une hausse de 203% par rapport à celle de 2016. Contacté par Les Inspirations ÉCO, Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), espère que ces précipitations soient généralisées pour permettre le travail du sol surtout pour l’agriculture céréalière qui occupe 75% de la superficie utile. «Comme l’année dernière, il y a beaucoup de chance de faire une bonne récolte. Les semences sont disponibles à des prix compétitifs tout autant que les engrais», enchaîne le responsable. Les agriculteurs sont donc optimistes. Toutefois, cet espoir butte aujourd’hui sur un phénomène qui devient de plus en plus alarmant : la baisse inquiétante dans les réserves des barrages agricoles dans le Doukala, Tadla, le Haouz, Moulouya et dans le Souss. À moins de 30% de remplissage, on flirte avec le niveau rouge. Et encore, l’on ne parle que des réserves utilisables et non de la tranche dite morte où l’envasement a atteint son plus haut niveau.
Dans ce contexte, l’alimentation en eau potable devient un problème et une priorité. Sur une échelle des priorités, après l’eau potable, vient la sauvegarde des vergers et de l’arboriculture, suivie du cheptel pour aboutir à l’impératif d’une nouvelle gestion des zones irriguées et de réduction des cultures consommatrices d’eau. Ce constat que les professionnels font sur le terrain, l’Exécutif en est aujourd’hui conscient. Selon Saadeddine El Othmani, chef de gouvernement, une commission ad hoc a été mise en place pour se pencher sur ce nouveau problème de manque en eau potable.
Pour Ahmed Ouayach, il faut que le gouvernement adopte une approche participative pour trouver les bonnes solutions à ce nouveau défi. Et ce, en associant les populations locales qui sont les plus à même de connaître leurs vrais besoins. Une meilleure gestion de l’eau s’impose aujourd’hui plus que jamais. L’on propose à ce niveau de construire des petits barrages plus pratiques pour capter le maximum d’eau. Ils sont aussi plus faciles à mobiliser au plus près des zones nécessiteuses. Loin des sentiers battus, le gouvernement doit aujourd’hui avoir le courage de s’investir dans un plan B adapté aux changements climatiques avec des mesures de veille. En effet, le Maroc se trouve dans le pourtour méditerranéen qui est, selon les experts, plus exposés aux effets du réchauffement. C’est le cas de l’Italie, de l’Andalousie et du sud de la France. Peut-être aussi, que les prochaines prévisions des projets de loi de finances doivent inclure ce nouveau paramètre climatique.
Le Plan national de l’eau sera actualisé
Sur orientations royales, le chef de gouvernement a présidé hier à Rabat la commission chargée d’étudier le problème de pénurie en eau potable. D’entrée de jeu, Saadeddine El Othmani a souligné que plusieurs régions du pays souffrent aujourd’hui d’un déficit en eau potable. Dans le même contexte, il a évoqué les rapports mondiaux qui parlent d’un grand déficit en eau à l’horizon 2040 dans plusieurs pays. «Il faut aujourd’hui trouver des solutions à caractère stratégique pour éviter toute crise de l’eau à l’avenir», enchaîne El Othmani. Aujourd’hui, il y a une base à partir de laquelle une politique idoine peut être menée à savoir le Plan national de l’eau 2030. Ce plan qui vise la sécurité hydrique du pays sera actualisé pour couvrir la période jusqu’en 2050.