Campagne agricole 2017-2018 : L’Exécutif place ses garde-fous
Face aux prévisions d’une croissance agricole moyenne, le département de l’Agriculture annonce la mise en place de mesures incitatives à l’occasion du lancement de la nouvelle campagne agricole.
La nouvelle campagne agricole s’annonce rude. Avec des prévisions d’une croissance molle pour le secteur primaire, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime entame cette nouvelle campagne avec prudence. Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Aziz Akhannouch, a procédé lundi dernier au lancement de la campagne agricole 2017-2018. À cette occasion, le ministère a annoncé la mise en place de mesures incitatives pour la réussite de l’actuelle campagne agricole.
Irrigation, clé de voûte
Concernant l’eau d’irrigation, le ministère de l’Agriculture poursuivra la mise en œuvre du Programme national pour l’économie d’eau l’irrigation (PNEEI) à travers la programmation de l’équipement des exploitations en système de goutte à goutte sur 50.000 hectares supplémentaires, pour atteindre 420.000 hectares, soit 76% du programme. À noter que le ministère prévoit une superficie de 594.000 hectares pour l’irrigation au niveau des grands périmètres. Ce programme est conjugué à l’effort d’achèvement des travaux de modernisation du réseau d’irrigation pour la reconversion collective en irrigation localisée sur une superficie de 60.000 hectares, soit 55% du programme global. Le département de Aziz Akhannouch compte également planifier et suivre l’allocation des quotas d’eau d’irrigation (3,22 milliards de m3) pour assurer le démarrage des plantations de céréales et des cultures sucrières et assurer les besoins en eau pour l’arboriculture fruitière.
Approvisionnement
Dans un autre registre, le ministère compte également répondre à la problématique des stocks de semences. Ces derniers sont estimés à 1,7 million de quintaux de semences sélectionnées. L’Exécutif prévoit des prix incitatifs pour l’achat de semences sélectionnées grâce à un système de subventionnement. La subvention de stockage sera maintenue (5 DH le quintal par mois pendant 9 mois sans dépasser 220.000 quintaux). Le programme de multiplication portera sur 70.000 hectares pour garantir la disponibilité de 2 millions de quintaux de semences sélectionnées de céréales lors la prochaine campagne agricole. Pour ce qui est des engrais, le marché sera approvisionné de plus de 500.000 tonnes. La cartographie des sols liée à la rationalisation de l’utilisation des engrais sera complétée pour couvrir le 1,6 million d’hectares restant. Pour le système des incitations agricoles (FDA), le ministère prévoit une révision à la lumière des résultats des contrats-programmes. Il s’agira d’une révision des taux et plafonds de certaines subventions et l’introduction de nouvelles aides. L’impact de récoltes moyennes s’étend jusqu’aux industriels du secteur. Pour y répondre, il sera procédé à la poursuite de la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du contrat-programme relatif au développement de l’agro-industrie concernant les aides de l’État et la signature des accords spécifiques relatifs aux filières des industries alimentaires. «En plus de ces mesures, les efforts de protection phytosanitaire et de protection de la santé animale seront poursuivis et les agriculteurs continueront à être encadrés pour les différentes filières de production. Un programme de formation de conseillers agricoles privés sera également déployé», précise le département de l’Agriculture dans un communiqué publié à cette occasion.
Projets
En marge du lancement de la campagne agricole, le ministre de l’Agriculture de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts a procédé à la visite de projets agricoles dans la région Fès-Meknès. Le premier projet concerne la reconversion de 600 hectares de céréales en oliviers au niveau de Oued Jdida. Le second projet situé au niveau de Aïn Taoujdate, et concerne le lancement de l’opération de semis pour la multiplication de semences de blé tendre sur une superficie de 30 hectares.
«L’espoir d’une bonne campagne s’amenuise»
Ahmed Ouayach
Président de la Confédération marocaine de l’Agriculture et du développement durable (COMADER)
La campagne démarre dans des conditions extrêmement difficiles mais qui demeurent similaires à celles vécues l’année dernière. Cela ne nous avait toutefois pas empêché de réaliser une bonne année agricole grâce notamment à la bonne utilisation de l’irrigation. La différence aujourd’hui est que la situation des barrages est inquiétante. Aujourd’hui, toutes les mesures classiques du Plan Maroc Vert (PMV) ont été reconduites. Nous ne parlons pas vraiment de nouvelles décisions. Les engrais et les semences sont disponibles, et les mesures autour de l’économie d’eau sont également au rendez-vous. L’objectif est de reconvertir le périmètre d’irrigation en passant du traditionnel au localisé, de moderniser et d’étendre le réseau. Le ministère de l’Agriculture a décidé de mettre le paquet sur l’économie d’eau. Car il faut être réaliste: si l’eau nous fait défaut, les autres mesures n’auront pas de vrais effets. Nous gardons notre optimisme. Personne n’a la compétence ni la science pour affirmer avec exactitude si l’année sera bonne. Il suffira de 48 heures de pluies pour changer la situation. Malheureusement, nous sortons de plus en plus du scénario de l’année dernière. L’espoir s’amenuise. Chaque jour qui passe complique encore plus la situation.