Bourse : les marchés reprennent des couleurs
Élan retrouvé pour le marché des capitaux, porté par la reprise des indicateurs boursiers et une meilleure fluidité des échanges. Cette dynamique, appuyée par l’introduction du marché à terme, témoigne, selon l’AMMC, d’un écosystème en quête de maturité.
Le marché des capitaux semble retrouver son souffle, en partie grâce à des mesures monétaires ciblées et une reprise solide des volumes échangés, portée par des performances boursières notables et une confiance réaffirmée des investisseurs. C’est en substance ce que révèle l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) dans sa dernière livraison. Les politiques monétaires, pilotées par Bank Al-Maghrib, ont joué un rôle stratégique dans cette dynamique.
En réaction à une inflation en repli, mais encore vigilante, la banque centrale a maintenu un équilibre subtil entre la rigueur et l’assouplissement. Les ajustements des taux directeurs ont permis de soutenir la liquidité tout en gardant sous contrôle les risques macroéconomiques. Ces mesures ont été saluées par les investisseurs qui voient dans cette stabilité monétaire un cadre favorable à la reprise des activités économiques.
Dynamique retrouvée
En bourse, les indicateurs affichent des performances solides. Le MASI, principal indice de la Bourse de Casablanca, a enregistré une progression de 18,85% sur les neuf premiers mois de 2024, tandis que le MASI 20 affiche une hausse de 17,40% sur la même période.
Cette embellie ne se limite pas à une croissance linéaire : les volumes échangés, en hausse de 106,6 % par rapport à 2023, traduisent une intensification des transactions et une meilleure fluidité sur le marché central et de blocs. La capitalisation boursière, évaluée à près de 742 milliards de dirhams à fin septembre 2024, reflète cette dynamique retrouvée, tout en soulignant un regain d’intérêt pour les actifs locaux.
Mais au-delà des chiffres, c’est la confiance des investisseurs qui constitue le baromètre véritable de cette reprise. Les souscriptions nettes des OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières) ont atteint 37 milliards de dirhams, illustrant un appétit renouvelé pour des placements diversifiés et structurés. Cette confiance s’exprime également à travers une réduction notable de la volatilité sur les principaux indices, créant un environnement propice pour les stratégies à moyen et long termes.
Changement de physionomie
Cependant, toutes les activités ne profitent pas de cette éclaircie. Les tendances sectorielles mettent en évidence des performances contrastées. Si le secteur bancaire confirme son rôle de locomotive avec des résultats robustes, les industries extractives, notamment minières, peinent à tirer profit de la hausse des cours internationaux.
Par ailleurs, les secteurs liés à la consommation, comme l’agroalimentaire, affichent une résilience qui traduit la capacité du marché à s’adapter aux mutations structurelles de l’économie. L’un des faits les plus marquants demeure le changement de physionomie du marché. En 2024, les personnes physiques marocaines ont vu leur part de marché grimper de manière significative, passant de 11 % au T2 2023 à 27 % au T2 2024.
Cette progression s’opère au détriment des personnes morales marocaines, dont la part a chuté de 46% à 31% sur la même période. Les OPCVM, quant à eux, renforcent leur poids de manière plus modérée, passant de 29% à 32%. Ces ajustements traduisent une diversification des profils et une participation croissante des investisseurs individuels, signe d’une maturité du marché boursier. Le marché des capitaux traverse une phase de transition avec le lancement imminent du marché à terme qui devrait consolider les fondations de l’architecture financière nationale.
Le marché à terme marocain trace sa voie
Trois ans après l’adoption de la loi n°42-12, le marché à terme marocain devient une réalité. L’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a franchi une étape décisive avec le lancement officiel, le 12 novembre 2024, d’un cadre opérationnel visant à structurer ce segment essentiel pour l’économie.
Au cœur de cette transformation, la création d’une chambre de compensation, pierre angulaire de l’architecture institutionnelle, assure désormais la sécurité des transactions. À cela s’ajoute un cadre réglementaire finalisé, fruit d’un partenariat entre l’AMMC, Bank Al-Maghrib et le ministère des Finances.
Ce marché promet d’enrichir l’éventail des instruments financiers en proposant des solutions innovantes pour couvrir les risques liés aux fluctuations des prix, tant pour les entreprises que pour les investisseurs institutionnels. Mais au-delà des avancées techniques, la mission reste ambitieuse avec l’objectif de renforcer la liquidité des marchés et dynamiser les infrastructures financières du pays.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO