Biomasse. Comment capitaliser sur le potentiel de cette énergie propre

Une étude rendue publique montre les capacités théorique et technique de la biomasse en tant que source d’énergie viable. Rebbah veut une meilleure gestion des déchets ménagers dans le cadre d’une approche globale pouvant intégrer les PPP.
Dans le cadre de la stratégie nationale des énergies renouvelable et dans un souci d’utiliser toutes les sources disponibles pour alléger le budget, la biomasse intéresse de plus en plus les pouvoirs publics. Hier à Rabat, une étude pour la mise en place d’une stratégie nationale de valorisation énergétique de la biomasse a été présentée. Commandée par le ministère de l’Énergie, des mines et du développement durable, elle a été menée par le cabinet d’études Team Maroc en partenariat avec l’institut allemand IFAS. Son objectif, diagnostiquer l’état actuel de l’utilisation de la biomasse comme carburant et source d’énergie et proposer des scénarii pour capitaliser sur la biomasse dont le pays regorge.
Dessiner un business model
Dans son intervention, Aziz Rebbah a expliqué qu’il y a une multitude de technologies pour maximiser le gain énergétique tiré de la biomasse. Toutefois, le ministre de l’Énergie a expliqué que les aspects d’ordre institutionnel ou ceux liés au business model représentent un défi. Dans ce sens, il a mis en avant l’importance d’une gestion globale des déchets afin d’optimiser le coût et le management. Il n’a pas écarté dans ce sens l’idée d’une agence de gestion des déchets ménagers et autres dans le cadre d’un PPP. Le ministre a également attiré l’attention sur l’aspect social en rapport avec le tri des déchets. Il a ainsi émis le souhait de voir préserver l’activité des trieurs au niveau des décharges menacées de disparaître si le tri à la source est adopté. Rebbah a enfin évoqué le coût du kwh issu de la biomasse, lequel a été estimé par l’étude à environ 1 DH. À ce propos, il a proposé que la tonne de biomasse ne dépasse pas les 200 DH au lieu des 300 ou 400 mis en avant par l’étude. Dans le même sens, il a évoqué la nécessité d’une subvention étatique pour faire décoller le recours à la biomasse comme source d’énergie propre et respectueuse de l’environnement. L’étude arrive dans un contexte où la biomasse est sous-exploitée malgré l’existence de projets pilotes dans plusieurs régions mais elle intervient aussi dans un environnement propice marqué par un chantier législatif presque achevé de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables ainsi qu’une volonté politique d’améliorer la bancabilité des projets et de simplifier les procédures.
Des gisements dans les régions
Plus en détail, les différents gisements de la biomasse, forêts, déchets ménagers, eaux usées sont susceptibles d’être transformés pour produire de l’énergie. Ainsi, confie l’étude, si une stratégie de la biomasse est mise en œuvre dès à présent l’on peut arriver à 17 millions de watts-heure par an en 2030 contre seulement 5 Mwh par an si rien n’est fait mais le potentiel est plus grand encore bien qu’il dépende de plusieurs facteurs d’ordre logistiques et techniques. Ainsi dans l’agriculture, résidus de l’arboriculture, la canne à sucre, l’élevage, la capacité théorique est de 30 millions de Wh/an alors que le potentiel technique exploitable est de 2,8 Mwh/an. La région de Meknès arrive en tête avec un potentiel technique de 600.000 Mwh par an, suivie de Marrakech (300.000 Mwh) et de Souss-Massa (350.000 Mwh). Pour ce qui est de la biomasse d’origine avicole, elle est la plus exploitable vu l’aspect moderne des élevages avec un potentiel technique de 1 Mwh/an. Pour ce qui est de la foresterie, le potentiel technique est de 1,7 mwh par an surtout dans les régions de Beni-Mellal et de Fès-Meknès. Quant au secteur des déchets, les déchets ménagers organiques arrivent en tête avec un potentiel de 1,8 Mwh/an, suivi des abattoirs et de l’agroalimentaire, 650.000 Mwh, des déchets verts, 500.000 Mwh. Ce sont des capacités facilement gérables en milieu urbain. Par ailleurs, bien que la contribution de la biomasse reste inférieure aux autres sources d’énergies renouvelables, elle reste une source d’énergie stockable qui peut assurer une puissance de pointe avec une plus grande valeur ajoutée régionale, conclut l’étude. q