Bassin de Sebou: un Plan d’aménagement dans le pipe à l’horizon 2050
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, le Maroc devrait entrer dans une situation de stress hydrique d’ici 2040. Pour faire face à cette situation, l’Agence du bassin hydraulique du Sebou (ABHS) est actuellement en cours d’actualisation de son plan d’aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE). Outre des projets du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, le PDAIRE compte réaliser 10 nouveaux barrages à «forte contenance» dans le bassin de Sebou entre 2020 et 2050. D’une capacité additionnelle de stockage de près de 2.300 millions m3, ces 10 ouvrages hydrauliques visent à améliorer la gestion des crues et renforcer la mobilisation des ressources en eau de surface du bassin.
Concernant l’agencement des projets qui seront réalisés d’ici 2027, le bassin de Sebou va connaître la réalisation de 32 barrages dont 4 sont classés dans la catégorie des barrages à «forte contenance». Nécessitant une enveloppe de 6,7 MMDH, les 4 barrages vont permettre l’amélioration des ressources en eaux de la région à hauteur de 1.287 MM m3. D’ici la fin du programme (2027), la capacité de stockage du bassin du Sebou va passer de 5.549 M m3 à plus de 8 MM m3. Dans le détail, on trouve que les 4 grands barrages vont être répartis à Sefrou (un barrage à Ribat El Khayr) avec 12M m3 et trois à Taounate, dont un premier à Sidi Abou avec 130M m3, un deuxième à Aliat Barrage Al Ouahda 1 d’une capacité de 1.000 Mm3 et le troisième à Aliat Barrage Al Ouahda 2 avec une capacité de 145 Mm3. La capacité de ces quatre grands projets représente 24% de l’ensemble des projets qui vont être réalisés au niveau national. Pour les 28 autres barrages (taille moyenne), ils seront répartis comme entre Ifrane (1 barrage), Meknès (1), Sefrou (2), Taza (2), El Hajeb (1), Taounate (2) et 19 à Boulemane.
Pour assurer le bon déroulement de ces projets, une commission régionale présidée par le wali de la Région Fès-Meknès est créé pour le suivi de l’exécution dudit programme au niveau de la région. Pour sa part, le Conseil de la Région Fès-Meknès consacre une enveloppe globale de 538 MDH pour la réalisation de 40 nouveaux projets en relation avec l’amélioration de l’accès à l’eau potable entre 2020 et 2022. Il est à noter que le bassin du Sebou compte actuellement onze barrages avec une capacité globale de stockage qui dépasse 5.800 millions de m3 (Mm3) et un barrage en cours de réalisation d’une capacité de 700 Mm3, précise la même source.
Une régression continue des ressources hydriques du bassin
Une analyse de la variation piézométrique moyenne menée par l’agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) montre que durant les 20 dernières années, les réserves du bassin du Sebou connaissent une régression de 3,6 m3 par an. Considéré comme le bassin le plus important de la région, Sebou s’étend sur une superficie d’environ 40.000 km², ce qui représente seulement 6% de l’aire du territoire national mais dont la population représente environ 20% de l’ensemble national. Le potentiel en eau du bassin s’élève à 5 milliards de m3 pour les eaux superficielles (ce qui représente 30% du potentiel national) et plus de 1 milliard de m3 pour les eaux souterraines (soit 25% du potentiel national). C’est le premier bassin hydraulique du Maroc en termes de disponibilité de ressources en eau. Par ailleurs, pour remédier au déficit de la plaine du Saïs qui connaît une activité agricole importante, un transfert d’eau à partir du barrage du M’dez de 125 Mm3 est en cours de réalisation pour remplacer une partie des prélèvements d’eau agricole et aider la nappe à retrouver son équilibre. Engageant une enveloppe de 1,5 milliard de DH, la retenue de ce barrage sera d’une capacité de 700 millions m3. Situé sur l’oued Sebou, à 58 km au sud-est de la ville de Sefrou, cet édifice va constituer une infrastructure hydrique de grande envergure qui permettra de capter, dans le cadre de la sauvegarde de la plaine de Saïss, les ressources hydriques des zones excédentaires pour faire bénéficier d’autres zones à potentiel de développement ou qui connaissent un déficit pluviométrique. Sans oublier que la province de Sefrou dispose d’un emplacement géographique favorable puisqu’elle profite du cours d’eau d‘Oued Sebou, du barrage d’Allal Fassi et des sources d’Ain Regurague, Louata et Timdrine.
Un plan pour les 30 prochaines années
Conformément à la loi 36/15 relative à l’eau, le plan directeur d’aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE) est établi pour chaque bassin ou ensemble de bassins hydrauliques en prenant en considération les orientations stratégiques et prescriptions du plan national de l’eau. Ce plan constitue un outil important pour la planification et la gestion des ressources en eau dans le bassin du Sebou. Il est établi pour une durée d’au moins 30 ans par l’agence en concertation avec les administrations et établissements publics intervenant dans le secteur de l’eau. Le PDAIRE comprend une synthèse de l’état des lieux, notamment l’évaluation des ressources en eau sur les plans quantitatif et qualitatif et l’état de l’aménagement et de l’utilisation des ressources en eau. Il comporte également une évaluation de l’évolution de la demande en eau par secteur et par types d’usages, outre l’affectation des eaux mobilisables aux différents usages potentiels. Le PDAIRE trace les objectifs à atteindre en matière de qualité des eaux ainsi que les délais et les mesures appropriés pour les réaliser. Il propose des schémas de mobilisation et de gestion des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles et des milieux aquatiques respectant les principes de la gestion intégrée des ressources en eau et regroupant les mesures techniques, économiques et environnementales à prendre.