Banques cotées : l’écart de valorisation atypique sera vite corrigé
Les analystes d’Attijari Global Research relèvent un niveau de spread assez «atypique» qui s’écarte de la tendance normative observée au cours des 15 dernières années. Au final, l’analyse quantitative révèle un potentiel de reprise de l’indice Banques de 20% sur le moyen terme.
L’évolution des multiples de valorisation dans le secteur bancaire a attiré l’attention des analystes financiers d’Attijari Global Research (AGR). Leur rapport de juillet 2024 met en lumière des tendances significatives sur la période 2010-2024. L’un des faits marquants de cette analyse est l’observation d’un écart de valorisation atypique entre l’indice des banques et l’indice MASI à partir de 2022.
«Pour la première fois, le spread entre le P/E du secteur bancaire et celui du marché des actions s’est creusé de manière significative, atteignant un niveau de 27% en 2024, avec des P/E respectifs de 15x pour les banques cotées contre 19,1x pour le marché des actions», notent les analystes d’AGR dans ce sens.
Cette divergence est d’autant plus notable que, sur la période de 2010 à 2021, l’écart de valorisation entre ces deux indices était minime, avec une moyenne autour de 1%. Une telle situation soulève des questions sur la durabilité de cette tendance à moyen terme, compte tenu de l’historique des ratios de valorisation.
Ratios P/E relatifs : une situation atypique
L’analyse des ratios P/E relatifs révèle des disparités intrigantes. En 2024, le ratio P/E des banques par rapport au MASI est de 0,79, ce qui est nettement inférieur à la moyenne des 15 dernières années (0,97) et se situe en dehors de l’intervalle de confiance de [0,91 – 1,03].
Cette situation est jugée insoutenable sur le moyen terme par les analystes d’AGR, qui prévoient un réajustement haussier du ratio P/E des banques. AGR anticipe un retour de ce ratio à un niveau plus aligné avec l’historique, ciblant initialement un ratio de 0,91.
Cette révision pourrait se traduire par une hausse de la valorisation des banques ou une correction des valeurs non-financières. Suivant cette logique, le scénario privilégié par AGR est celui d’une appréciation de 20% de la valorisation boursière des banques, sous l’hypothèse d’une stabilité relative des autres secteurs.
Performances et perspectives (2023-2025)
Les performances passées et les perspectives pour la période 2023-2025 jouent un rôle clé dans cette analyse. Le secteur bancaire a montré une résilience notable et une capacité à surperformer la croissance bénéficiaire du marché. De 2021 à 2025, le secteur devrait contribuer à hauteur de 75% à la croissance bénéficiaire totale, avec un Beta structurellement inférieur à 1, indiquant une volatilité moindre par rapport au marché global.
En outre, la rentabilité financière (ROE) des banques est également en hausse, passant de 8% en 2021 à une prévision de 11,4% en 2025. Cette amélioration n’a pas encore été pleinement intégrée dans les multiples de valorisation, laissant entrevoir un potentiel de revalorisation significatif.
Recommandations
Face à ces constats, AGR recommande de surpondérer le secteur bancaire dans les portefeuilles d’investissement. Cette recommandation repose sur plusieurs points clés. AGR prévoit un potentiel de reprise de 20% pour le secteur bancaire sur le moyen terme. Cette anticipation repose sur plusieurs facteurs clés.
Premièrement, les banques ont démontré une résilience remarquable face aux fluctuations du marché, ce qui indique une moindre volatilité par rapport au marché global.
Deuxièmement, leur contribution à la croissance bénéficiaire est significative : entre 2021 et 2025, le secteur bancaire devrait représenter 75% de la croissance des bénéfices du marché.
Cette combinaison de stabilité et de forte performance bénéficiaire justifie l’optimisme d’AGR quant à la reprise du secteur bancaire. Le réajustement des ratios de valorisation joue un rôle crucial dans la reprise anticipée de ce secteur. AGR s’attend à ce que le ratio P/E des banques revienne à des niveaux plus conformes à l’historique, ciblant un ratio de 0,91.
Ce retour à la normale permettrait d’atteindre une valorisation plus équilibrée par rapport au marché, renforçant ainsi la stabilité et l’attractivité des investissements bancaires. La croissance et la rentabilité sont des piliers essentiels de la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire. Les banques ont démontré leur capacité à générer des profits robustes, avec une projection de rentabilité financière (ROE) atteignant 11,4% en 2025.
Cette amélioration continue du ROE, passant de 8% en 2021 à 11,4% en 2025, renforce l’argument en faveur d’une surpondération des bancaires dans les portefeuilles d’investissement. Les recommandations d’AGR pour surpondérer le secteur bancaire sont fondées sur des analyses détaillées et des projections optimistes de croissance et de rentabilité.
Il serait judicieux pour les investisseurs de rester vigilants et d’intégrer ces recommandations dans une stratégie d’investissement diversifiée et prudente. Le secteur bancaire présente des opportunités attractives, mais également des défis et des risques qui nécessitent une évaluation continue et une adaptation aux conditions changeantes du marché.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO