Banque mondiale-Maroc : Le nouveau cadre de partenariat pour janvier 2019

La nouvelle feuille de route de la Banque mondiale au Maroc sera validée d’ici trois mois. «Les Inspirations ÉCO» présente les grandes axes de la stratégie du premier bailleur de fonds multilatéral du royaume.
Les priorités du prochain Cadre de partenariat stratégique (CPS) entre le Maroc et la Banque mondiale (BM) pour la période 2019-2024 se précisent. «Les grandes orientations sont déjà fixées», affirme Ferid Belhaj, vice-président (VP) de la Banque mondiale pour la région MENA, en clôture de sa visite au Maroc les 27 et 28 août derniers. L’objectif de l’institution financière est «d’élever le niveau d’ambition avec le Maroc et faire que le secteur privé joue un rôle décisif dans le développement du pays», souligne le VP.
Trois axes et plus de financements
Trois grands axes se profilent : Relancer la croissance et la création d’emplois, favoriser le développement du capital humain et permettre un développement territorial résilient et durable. Pour le moment, les objectifs financiers sous formes de prêts ou de dons de la BM pour ce nouveau CPS n’ont pas été communiqués mais déjà Belhaj promet «des investissements conséquents à la hauteur de nos ambitions pour le Maroc avec une plus grande implication de la Société financière internationale (SFI)». Le précédent CPS a couvert la période 2014-2017. L’année en cours est consacrée à une évaluation et un travail de consultation avec les partenaires locaux de la BM. «Des consultations ont eu lieu en février et mai dernier. Nous avons désormais une bonne validation des priorités à venir», déclare Marie Francoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. La prochaine étape sera la validation du CPS par le Conseil d’administration de l’institution en janvier prochain. «Le CPS doit pouvoir être flexible car nous risquons d’être sur deux cycles électoraux. Nous allons d’ailleurs définir les priorités pour les deux prochaines années», ajoute Marie-Nelly. La récente visite a permis aux équipes de la BM de sonder l’avis de décideurs publics et privés.
«Il fait bon investir au Maroc»
Le VP de la Banque mondiale pour la région MENA a démarré son passage au Maroc par une rencontre avec le tout nouveau ministre des Finances. «C’est peut-être un signal que la première activité officielle du ministre des Finances soit avec une délégation de la Banque mondiale», relate Belhaj. Ce dernier se réjouit que «cette rencontre nous ait permis de tracer le cadre global de notre partenariat». Le haut responsable de la Banque mondiale a été également reçu par Omar Kabbaj, conseiller royal. «Une rencontre où nous avons abordé les grandes priorités du Maroc, la dimension sociale de la croissance et le développement régional du royaume», confie Belhaj. Le 28 août, le VP de la Banque mondiale a rencontré Casablanca, la nouvelle équipe de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ainsi que des représentants du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM).«À l’issue de cette réunion de travail, les deux institutions (CGEM et BM) ont convenu de créer un groupe de travail mixte afin d’identifier les actions prioritaires à enclencher et travailler à leur concrétisation dans le cadre d’une plateforme public-privé», indique un communiqué de la confédération patronale. Cette visite a été clôturée par une rencontre avec les fondateurs de startups marocaines. Le 28 août à la Factory, incubateur de jeunes pousses technologiques à Casablanca, le VP de l’institution financière internationale échangeait avec des jeunes entrepreneurs sur leurs expériences et les obstacles à l’investissement. Belhaj découvre ainsi une économie qu’il a appris à connaître, il y a plusieurs années. Ce juriste tunisien a occupé entre 2002 et 2007 le responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Maroc. «En prenant le recul nécessaire, le Maroc est un pays qui va vers l’avant, peut-être pas aussi vite qu’il devrait le faire mais c’est un pays qui adresse des réponses aux grands défis mondiaux, notamment les défis technologiques, environnementaux ou des énergies renouvelables. Ailleurs dans la région MENA, non seulement ces défis ne sont pas adressés mais il y a une régression. Enfin, le Maroc projette l’image et la réalité où il fait bon d’investir».
Ferid Belhaj
Vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA
Nous sommes en train de finaliser le nouveau cadre de coopération avec le Maroc qui se déclinera sur cinq ou six ans. Cette stratégie est importante car le Maroc se pose un certain nombre de questions sur son modèle de développement».
Marie Francoise Marie-Nelly
Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte
Nous avons senti ces dernières années une tendance baissière de la croissance. Pour cette raison, nous avons décidé de faire de la relance de la croissance un des axes prioritaires de la future stratégie au Maroc. Il faut aller plus loin dans ces réformes, en faire des réformes concrètes et créatrices d’emplois».
Salaheddine Mezouar
Président de la CGEM
Le Maroc dispose du potentiel pour réaliser une croissance régulière supérieure à 6%. Il y a des leviers à actionner en urgence pour améliorer l’environnement des affaires, développer l’employabilité du capital humain et libérer l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Pour cela, un partenariat public-privé fort est nécessaire».