Éco-Business

Baisse du cours du baril : quels effets sur les énergies renouvelables ?

Au troisième trimestre 2020, le cours du pétrole (Brent) s’est établi, en moyenne, à 42,7$/baril, affichant une baisse de 31% en variation annuelle. À l’inverse, la part des énergies renouvelables dans la consommation d’électricité atteint des niveaux historiques.

Le contexte actuel de baisse du cours du baril, exacerbé par la crise de la Covid-19, pourrait avoir indirectement des effets positifs pour le secteur des énergies renouvelables (EnR).

Selon une source autorisée chez Masen, «la baisse de la demande mondiale en énergie a eu un impact inverse sur la demande en énergie de source renouvelable. L’électricité verte a été privilégiée aux autres sources d’énergie dans le dispatching du réseau électrique. La puissance EnR appelée a donc augmenté par rapport à la puissance fossile». La tendance s’est notamment confirmée en Europe, où la part des énergies renouvelables dans la consommation d’électricité a atteint des niveaux historiques : jusqu’à 45,5% la semaine du 15 avril, et ce, malgré la baisse de la demande engendrée par le changement des habitudes de consommation pendant la période de confinement. Cette tendance s’est maintenue à un niveau légèrement moindre au-delà de la levée des mesures de confinement. Du point de vue du développement des projets, l’approche intégrée conçue par Masen, qui prévoit une composante d’intégration industrielle locale, prend toute son importance aujourd’hui.

Selon la même source, «la baisse du prix du pétrole est une menace pour le secteur pétrolier en lui-même, et pourrait avoir indirectement des effets positifs pour le secteur des EnR. Dans la mesure où un cours baissier du baril pourrait avant tout impacter le niveau d’investissement pour l’exploration de nouvelles ressources pétrolières et/ou pour les moyens de production. Ce manque à gagner en termes d’exploration pourrait donc impacter l’offre pétrolière, une fois les effets de la crise Covid-19 dépassés ». Sur le marché des matières premières énergétiques, le cours du Brent s’est établi, en moyenne, à 42,7$/baril, au troisième trimestre 2020, affichant une baisse de 31% en variation annuelle. Les craintes d’un reconfinement et d’une nouvelle vague de la pandémie Covid-19, ainsi que les restrictions de voyage dans certains pays, ont limité la demande mondiale énergétique face à une offre encore pléthorique, exacerbée entre autres par la reprise de la production libyenne de pétrole. D’ores et déjà, de nombreuses entreprises dans le secteur pétrolier sont menacées de faillite, et ce, tout le long de la chaîne de valeur (de l’exploration pétrolière jusqu’au raffinage).

Par ailleurs, les pays les plus fragilisés par cette baisse sont les producteurs d’or noir. Bien que la dépendance énergétique du Maroc aux importations d’énergies fossiles se soit légèrement améliorée sur la dernière décennie, notamment grâce au développement de projets EnR, celle-ci demeure encore élevée : 91,7% en 2019 contre 98% en 2008. Selon l’Agence marocaine pour l’énergie durable, la baisse du prix du baril va certes alléger notre facture énergétique, mais si nous voulons agir davantage sur notre dépendance et la décarbonation de nos économies, le recours aux énergies renouvelables reste nécessaire. L’ambition du Maroc pour les énergies renouvelables permettra ainsi de réduire notre dépendance énergétique, de décarboner notre économie et de contribuer à un développement socio-économique pérenne, à travers notamment l’émergence de nouvelles compétences et expertises à l’échelle nationale (techniques, technologiques, industrielles, financières, juridiques).

«Relance grise» vs «relance verte»
Aujourd’hui, le pétrole n’est que faiblement utilisé pour la production d’électricité à travers le monde (moins de 3%). La baisse du cours du baril n’a donc que très peu d’impact sur le secteur des EnR, sachant que les énergies vertes sont principalement utilisées pour la production électrique. Le contexte actuel pourrait toutefois générer des risques pour certains pays qui décideraient de mener une «relance grise» de leur économie, au lieu d’ «une relance verte». Avec des cours de pétrole bas, ces pays pourraient décider de ne pas investir, par exemple, dans la mobilité verte. Le Maroc, qui place la protection de l’environnement et le développement des énergies renouvelables au cœur de son développement socio-économique, parie davantage sur une «relance verte», comme en témoignent les différentes initiatives et chantiers en cours, notamment celui de l’hydrogène vert. Des risques pourraient également exister dans les pays qui démarrent à peine leur transition énergétique à travers le développement de projet EnR, susceptibles de nécessiter des soutiens publics importants en termes de financement mais qui, au vu de la crise sanitaire, pourraient être réalloués à d’autres secteurs. Avec plus de vingt ans d’expertise dans le développement de projets éoliens et solaires, le niveau de compétitivité atteint par les projets EnR marocains permet de faire appel au financement privé. À titre d’illustration, le repowering du projet éolien de Koudia Al Baida, près de Tanger, va s’appuyer sur un financement comprenant BMCE (20%), BCM (20%), Wafabank (20%), Crédit du Maroc (15%) et enfin Société Générale comme chef de file avec 25%. 

Modeste Kouame / Les Inspirations Éco

 


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