Alliance industrielle : Bank of Africa et Cooper Pharma scellent deux partenariats clés avec la Chine

Le Maroc et la Chine franchissent un nouveau cap dans leur coopération économique. À Rabat, la signature de deux accords stratégiques, l’un dans la finance, l’autre dans la pharmacie scelle une convergence d’intérêts tournée vers l’Afrique. Entre ambition industrielle, souveraineté sanitaire et partenariats triangulaires, le pays consolide sa position de passerelle incontournable entre la Chine et le continent.
La coopération maroco-chinoise est entrée dans une nouvelle phase stratégique. En présence du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et du gouverneur de la province chinoise de Jiangxi, Ye Jianchun, deux conventions de partenariat majeures ont été signées entre des entreprises des deux pays. À travers ces accords, le Maroc affirme sa volonté d’approfondir les synergies industrielles avec la Chine, tout en consolidant son rôle de plateforme de co-développement en Afrique.
Une alliance bancaire au service de l’Afrique
La première convention, signée entre Bank of Africa (BOA) et Jiangxi Geo-engineering Investment Group, renforce la dimension continentale des ambitions sino-marocaines. À travers cet accord, les deux institutions affichent leur volonté de financer ensemble des projets d’infrastructures et de développement industriel en Afrique, en capitalisant sur l’expertise bancaire de BOA et le savoir-faire technique du groupe chinois.
Cette alliance illustre un changement d’échelle dans les relations économiques sino-marocaines. Le Maroc n’est plus seulement un réceptacle d’investissements, mais devient un catalyseur de partenariats triangulaires à l’échelle du continent.
En s’appuyant sur son réseau bancaire panafricain, BOA pourra jouer un rôle de pivot dans l’orientation des capitaux chinois vers des projets porteurs en Afrique subsaharienne, dans une logique de co-développement.
Une coopération pharmaceutique à fort potentiel
La deuxième convention scellée entre Cooper Pharma, l’un des fleurons de l’industrie pharmaceutique, et le géant chinois Jemincare Pharmaceutical Group, traduit quant à elle une ambition commune : développer des solutions thérapeutiques innovantes et accélérer la montée en gamme du secteur de la santé.
L’accord prévoit non seulement la mise en place de capacités industrielles accrues au Maroc, mais aussi le renforcement des transferts technologiques, pierre angulaire d’une souveraineté sanitaire plus robuste. Ce partenariat s’inscrit dans le sillage des orientations royales en faveur d’une production locale de médicaments et de principes actifs, et marque une étape supplémentaire vers l’autonomie pharmaceutique du Royaume.
En toile de fond, une volonté stratégique d’ériger le Maroc en hub régional de fabrication et de distribution, au service non seulement de son marché intérieur, mais également de l’ensemble du continent.
Un partenariat structurant
Pour Ryad Mezzour, ces accords traduisent une évolution significative des relations économiques bilatérales. «Ils visent à accompagner les investissements chinois en Afrique, tout en renforçant notre souveraineté sanitaire», a-t-il souligné, insistant sur la dimension solidaire et stratégique de ces engagements. La visite de la délégation chinoise, composée de responsables institutionnels et d’opérateurs industriels, témoigne par ailleurs de l’intérêt soutenu que la Chine porte à l’écosystème industriel marocain.
Dans un contexte géopolitique marqué par une reconfiguration des chaînes de valeur mondiales, le Maroc apparaît comme un partenaire stable, bien positionné sur les corridors eurafricains et doté d’un environnement propice à l’investissement industriel. Avec l’élargissement constant du champ de la coopération sino-marocaine – de l’automobile aux infrastructures, en passant aujourd’hui par la pharmacie et la finance –, Rabat et Pékin dessinent les contours d’une alliance stratégique durable, tournée à la fois vers l’innovation locale et le rayonnement continental.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO