Éco-Business

Airbus Helicopters en prospection commerciale au Maroc

Depuis son déclenchement, la Covid-19 n’a épargné ni les constructeurs aéronautiques, ni les compagnies aériennes. En 2020, le marché de l’hélicoptère a enregistré un rétrécissement de 50% de l’ensemble des commandes dans le monde. A l’heure de la relance des économies, les constructeurs déploient leurs stratégie commerciale. Avec plus de 1 milliard d’euros de commande réalisé par an au Maroc, Airbus met en avant son partenariat unique avec le Maroc et son soutien à l’écosystème aéronautique local.

Le constructeur aéronautique Airbus part à l’assaut des marchés de la région. Au Maroc, depuis une vingtaine de jours, le groupe teste les performances de son tout dernier hélicoptère H160, en temps chaud et dans le sable. A présent, il fait d’une pierre deux coups en organisant une tournée de présentation de son bijou aux opérateurs et clients potentiels de la région, dont les Forces armées royales. La presse marocaine a à cet effet été invitée à Marrakech pour une présentation des performances et technologies dont est équipé l’appareil. «Ce n’est pas tous les jours qu’Airbus fabrique un nouvel hélicoptère. Nous avons donc mis l’accent sur un cap technologique que nous essayons de franchir avec ce H160, pour anticiper les besoins du futur. Au Maroc, nous trouvons des conditions n’existant pas dans d’autres pays du monde, avec des particules de sable très fines par exemple. C’est vraiment intéressant pour nous d’amener cet hélicoptère ici pour le tester», explique Emmanuel Huberdeau, external communication manager chez Airbus Helicopters.

Pour ce faire, le constructeur a fait jouer le partenariat qui le lie à Heliconia, un opérateur d’hélicoptère basé à Marrakech. De par ses caractéristiques, l’appareil peut accompagner les clients dans des missions civiles complexes (services médicaux d’urgence, recherche et sauvetage, transport d’affaires et de personnalités, transport offshore, travail aérien, maintien de l’ordre). Dans le cadre du travail aérien, par exemple, l’hélicoptère va être utilisé comme une grue, notamment dans des opérations de déploiement de l’électricité, comme ce fut le cas pour des opérations de l’ONEE en partenariat avec Heliconia.

Ce type d’appareil est aussi prisé pour le transport de techniciens de maintenance sur des plateformes pétrolières ou offshores, mais aussi pour les missions militaires (reconnaissance, attaque, naval, opérations spéciales, évacuations sanitaires, transport / manœuvre). En termes de stratégie commerciale, Airbus met en avant son partenariat unique avec le Maroc et son soutien à l’écosystème aéronautique local.

«80% du chiffre d’affaires cumulé de l’industrie aéronautique marocaine est réalisé avec Airbus. En termes de commande, cela représente pour Airbus plus de 1 milliard d’euros par an. Pour les fournisseurs marocains, cela représente environ 10.000 emplois dont 1.000 chez Stelia, filiale d’Airbus qui va bientôt probablement être renommé Airbus», fait valoir Joseph Baptiste, responsable marketing du H160.

Depuis 70 ans, Airbus est un donneur d’ordres de choix pour les entreprises marocaines. Sur les dix dernières années, la base fournisseur marocaine est en constante évolution avec, à la clé, la création d’emplois à haute valeur ajoutée. Mettre en avant le made in Morocco dans ce concentré de technologies, Airbus compte bien déployer cet atout. «Bon nombre des équipements utilisés sur sur nos appareils, même le H160, sont fabriqués au Maroc», souligne le responsable marketing. Mais, rien ne filtre sur la part des équipements made in Morocco dans cet appareil ou du taux d’intégration. Idem pour le montant à débourser pour l’acquisition du H160. «Nous ne communiquons pas sur le prix parce qu’il y a trop de variables. Cet appareil remplace, dans notre gamme, les hélicoptères appelés Dauphin. Le H160 est aligné sur les mêmes prix», indique le responsable. Le dirigeant précise cependant que Safran, l’un des fournisseurs du constructeur, « fabrique 56 références dont des commandes de vol – vérins et les harnais électriques du H160. Latelec fabrique 60 références dont les boîtes électriques et connections», précise Joseph Baptiste. D’autres opérateurs comme Soplami, basé à Casablanca, et Daher (Casablanca et Tanger) fabriquent des pièces, références et équipements critiques pour Airbus. Daher fabrique le système de climatisation, les pièces élémentaires et les carénages en composites du constructeur. Les pièces thermoformées et assemblages sont traités par Soplami.

Conquérir de nouveaux  marchés
Après l’Europe, où le H160 détient la certification EASA, Airbus Helicopters cible le marché mondial. Pour que l’appareil puisse intervenir dans les opérations aux quatre coins du monde, il va falloir décrocher le maximum de certifications. Pour l’heure, l’appareil n’a pas encore le droit de voler aux Etats-Unis. Selon le responsable marketing, la certification AFAA est en cours. Celle japonaise vient d’être décrochée.

Rétrécissement de 50%  de l’ensemble des commandes en 2020
Depuis son déclenchement, la Covid-19 n’a épargné ni les constructeurs, ni les compagnies aériennes. En 2020, le marché de l’hélicoptère a enregistré un rétrécissement de 50% de l’ensemble des commandes dans le monde. Mis sur le marché depuis 2015, le carnet de commande du H160 affiche actuellement 40 unités commandées en plus de 6 appareils déjà exploités ou livrés depuis la mise sur le marché (dont 3 prototypes). Le constructeur annonce une augmentation de la cadence de ses capacités industrielles. «L’une des conséquences de la Covid-19 est que les opérateurs civils ont moins commandé. D’habitude, le chiffre d’affaires d’Airbus Helicopters se ventile pour du 50/50 entre les appareils militaires et civils. En 2020, on était sur du 60/40 entre militaire et civil. Le marché militaire continue à être moins impacté. En termes de chiffre d’affaires, on s’en est bien tiré chez Airbus Helicopters. Globalement, les deux branches «defense space» et «hélicoptère» ont été un peu moins impactées par la crise que nos collègues des avions commerciaux. Les deux chances qu’on a aussi, c’est qu’une grande part de notre chiffre d’affaires vient des prestations support et du service et globalement il y a du boulot, puisque la flotte ne diminue pas», explique Baptiste. L’activité reprend doucement, mais il va falloir quelques années pour qu’elle revienne à son niveau d’avant Covid-19.

Un plan de coopération ambitieux pour soutenir  ses intérêts
Pour soutenir ses intérêts et ceux de ses partenaires dans la région, Airbus crée des capacités MRO (Maintenance, Repair, and Operations) en vue d’assurer le maintien en condition opérationnelle les hélicoptères qui volent au Maroc et dans la région. «Nous avons Heliconia, qui est notre centre de service au Maroc, l’équivalent d’une station service. Ils ont les agréments pour pouvoir maintenir les hélicoptères. Mais nous n’avons aucune participation dans leur tour de table. Stelia assure le soutien des hélicoptères de la gendarmerie», explique le responsable marketing. Le constructeur intègre le Maroc à ses nouveaux programmes, notamment dans la fabrication des pièces de ses appareils. Pour aller plus loin, le constructeur œuvre à développer et promouvoir son écosystème, ou encore former les nouvelles générations. «Le Maroc pour nous est une source pour le futur, appelée à grandir avec nos nouveaux programmes. Notre directeur Afrique Moyen orient vient de remettre des diplômes à des étudiants de l’école de l’air pour lesquels Airbus a parrainé la formation. Aujourd’hui, il y a aussi des programmes en cours avec des universités», explique-t-il.

Modeste Kouamé, DNES à Marrakech / Les Inspirations Éco


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