Éco-Business

Afrique. Comment réconcilier « commercialement » l’Est et l’Ouest

Le Forum Afrique développement pose l’épineuse question du rapprochement économique entre les deux blocs économiques, pour mieux garantir la résilience du continent.

Intégrer l’Afrique économiquement est une nécessité pour la protéger des prédations. C’est en somme le postulat de départ de la 6e édition du Forum Afrique Développement, lancé ce jeudi 14 mars à Casablanca. Organisée par le Groupe Attijari Wafa Bank, sous l’impulsion de son actionnaire majoritaire, le fonds d’investissement Al Mada (ex-SNI), la conférence porte notamment sur la convergence entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest. «’Quand l’Est rencontre l’Ouest’ est une thématique exemplaire car elle vise à favoriser une coopération intra régionale plus forte. C’est tout le sens, pour la sixième année consécutive, de notre soutien au Forum international Afrique développement», explique Hassan Ouriagli, PDG du fonds d’investissement Al Mada.

Témoignage frappant

Le Sierra Leone est un cas d’école en la matière, puisque le pays, faisant partie du bloc anglo-saxon, tout en se trouvant géographiquement en Afrique de l’Ouest, est aux confluents de ces deux «mondes africains». Intervenu en ouverture de l’évènement, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a tenu à préciser que «l’Afrique regorge d’énormes potentialités avec une population d’environ un milliard de personnes et des ressources naturelles des plus diversifiées du monde».
«En revanche, a nuancé Maada Bio, le continent a des besoins colossaux en matière d’infrastructures, ce qui rend le marché d’investissements lourds foisonnant, notamment dans des secteurs comme l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, le tourisme…

En conséquence, les perspectives de profit et de retour d’investissement sont très élevées sur le continent. Mais pour accomplir tous ces potentiels «nous devons faire face à de nombreux défis tout en restant tournés vers le futur pour mobiliser les opportunités et les saisir au profit des pays du continent», a ajouté Maada Bio, pointant notamment «l’importance de veiller à la stabilité politique, faire face aux changements climatiques et améliorer le climat d’investissement tout en aplatissant les barrières en vue d’encourager le développement du commerce intra africain dans la perspective de réaliser l’intégration». Il a cité, dans ce sens, l’exemple de son pays qui est en phase d’instaurer un conseil de l’investissement présidé par le chef d’État et qui devra servir de guichet unique visant à faciliter l’activité des investisseurs.

De lourds enjeux

L’expérience de la République de la Sierra Leone rappelle que le secteur privé est incontournable dans ce type de processus. Une donnée qui fait l’unanimité chez les intervenants. En effet, le rôle du secteur privé est incontournable dans la mobilisation des investissements privés dans les biens échangeables, ce qui sera essentiel pour la croissance soutenue de la productivité, l’augmentation des exportations, et le perfectionnement du savoir-faire dans le domaine des exportations, aboutissant ainsi à une meilleure création d’emplois, en termes de quantité et de qualité. L’intégration régionale permettra aussi au secteur privé africain d’innover, de prospérer, et de transférer plus rapidement les connaissances, tout en contribuant à l’amélioration de sa compétitivité à l’échelle mondiale.

Mais les acteurs politiques n’y sont pas non plus insensibles. L’intégration régionale est une priorité essentielle de la stratégie de développement de l’Afrique, où le libre-échange entre les membres constitue l’une des pierres angulaires de l’Agenda 2063, récemment adopté par l’Union africaine. Le commerce intra-régional devrait générer des gains de productivité considérables pour le continent.

Dans le contexte africain, de tels gains permettront d’améliorer la sécurité alimentaire globale en acheminant, à moindres coûts, les produits alimentaires et agricoles des zones excédentaires vers les zones déficitaires. De nouveaux débouchés existent également pour le commerce transfrontalier des industries manufacturières de base, tels que les produits en métal et en plastique dont l’importation est coûteuse sur le marché mondial. En outre, dans une période marquée par une production d’énergie vulnérable aux conditions climatiques, l’intégration régionale des marchés de l’énergie est susceptible de réduire considérablement les coûts, diminuer les émissions, et améliorer l’accès aux ressources énergétiques.

Néanmoins, pour que l’Afrique puisse mettre en place des lois et des règlements en faveur du libre-échange entre les pays du continent, les principaux blocs commerciaux comme la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et d’autres groupements devront conjuguer leurs efforts et collaborer de manière constructive pour passer au crible et revoir les barrières tarifaires et non tarifaires qui grèvent actuellement les échanges commerciaux, ainsi que pour établir de nouveaux règlements susceptibles de promouvoir le commerce intra-africain.


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