Éco-Business

Adil Bennani : “La baisse du marché dénote d’un climat d’attentisme”

Adil Bennani
Président de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam)

Comme nous l’annoncions dans notre édition du 6 mars déjà, les ventes de véhicules neufs se sont inscrites dans un mouvement baissier depuis le début de l’année. Une tendance qui s’est confirmée en mars avec un recul de 7,5% du marché. Adil Bennani, président de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc, revient sur les raisons de ce recul et évoque l’avenir.

Comment percevez-vous cette tendance baissière dans laquelle s’est installé le marché ?
Nous sommes actuellement dans un marché qui connaît une régression au niveau de toutes ses composantes par rapport à l’année dernière. Que ce soit sur le véhicule pour particulier que sur l’utilitaire. Nous constatons que la décroissance est bien plus importante sur le VUL. Ce qui dénote d’un climat d’attentisme ambiant.

Pourquoi cette baisse ?
Ce recul est expliqué par plusieurs facteurs. Je précise d’abord que nous ne sommes toujours pas sortis de la crise mondiale des semi-conducteurs. Nous sommes donc toujours en souffrance par rapport à l’approvisionnement et à la Supply Chain. Cela varie, toutefois, en fonction d’une gamme de produits à l’autre, d’un constructeur à l’autre et d’un mois à l’autre.

À cela s’est ajoutée la guerre en Ukraine dont les effets seront doubles. Il y a, d’un côté, les pays producteurs qui vont voir leur production baisser, et, de l’autre, les grands constructeurs qui vont voir leurs exportations vers la Russie et l’Ukraine s’arrêter. Ce qui va certainement permettre de libérer des créneaux de production pour d’autres pays. Nous devrions avoir plus de visibilité dans trois ou quatre mois.

À côté, nous ressentons un léger fléchissement de la demande. Il y a, comme je dirais, moins d’engouement dans les showrooms compte tenu du contexte actuel caractérisé par la crise en Ukraine, les problèmes géopolitiques, la hausse des prix… Les gens ont, dans ces conditions, tendance à douter et par conséquent sont dans l’attentisme.

Ce qui peut avoir un impact important sur la demande et encore plus sur la demande de véhicules utilitaires et de camions.

Justement parlez-nous en davantage.
Dans le transport, les augmentations de carburant font qu’il va y avoir un grand ménage dans le secteur qui risque de faire mal.

Dans ce contexte est-il toujours opportun de faire des prévisions?
Aujourd’hui, il est difficile de se prononcer. Il y a tellement d’inconnues que nous ne savons plus calculer. Les choses devraient, cependant, rester sur le trend actuel. Je ne pense fondamentalement pas qu’on puisse retrouver les niveaux de production d’avant 2020. Mais cette crise Ukraine, si jamais elle s’installe dans la durée, peut avoir des conséquences néfastes sur l’inflation, la stabilité géopolitique et bien entendu sur la consommation de biens de toute nature et l’automobile ne fait pas exception.

Sur un autre registre, peut-on aisément dire que la marche est forcée vers l’électrique ?
Tout à fait, la marche vers l’électrique est enclenchée depuis un moment. De toute manière, soit on s’inscrit dans cette dynamique, soit on va être mis sur la touche. Il est très important et urgent que les pouvoirs publics se penchent, avec nous (ndlr: l’Aivam), sur la question de l’infrastructure de recharge. Il s’agit là du minimum syndical pour que l’on puisse commercialiser plus sereinement cette technologie qui est déjà disponible pour le Maroc.

Le second volet à enclencher est l’encouragement, puisque cette technologie reste onéreuse. Son développement, à travers le monde, est passé par la mise en place d’incentives étatiques pour en développer la commercialisation. Je donne l’exemple de la Norvège, un marché qui, en terme de ventes de véhicules neufs, est semblable au marché marocain (ndlr : entre 150.000 et 160.000 unités annuelles). 85% des immatriculations dans ce pays scandinave sont en électriques.

Mais il y a derrière une véritable politique publique pour s’inscrire dans cette dynamique. Au niveau de l’Aivam, nous avons fait des propositions. Celles-ci sont actionnables immédiatement. J’espère qu’elles sauront trouver au sein du ministère de l’Énergie l’écho qu’elles méritent.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO


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