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À quand la suppression des droits douaniers ?

Cette suppression favoriserait le développement des échanges commerciaux entre la CEDEAO et le Maroc qui ont enregistré un certain dynamisme ces dernières années. Les articles d’habillement, les engrais, les équipements pour la distribution d’électricité, les produits agroalimentaires, les véhicules automobiles pourraient sensiblement améliorer leurs parts de marché au niveau de cette zone.

L’analyse des relations commerciales entre le Maroc et la CEDEAO a permis de souligner le dynamisme de leurs échanges bilatéraux au cours de ces dernières années. Néanmoins ce dynamisme s’avère en deçà du potentiel mobilisable au vu du caractère plutôt complémentaire que concurrentiel des profils de spécialisation de part et d’autre», souligne une étude de la Direction des études et prévisions financières (DEPF) portant sur les échanges du Maroc avec la CEDEAO (opportunités par pays et par produit). Ainsi selon l’étude, la suppression des droits de douanes devrait être bénéfique à toutes les parties. Cette situation pourrait faire en sorte qu’une multitude de produits contribuent à augmenter la part de marché détenue par le Maroc au sein de la CEDEAO. C’est le cas entre autres des articles d’habillement, des engrais, des équipements pour distribution d’électricité, des produits agroalimentaires, des véhicules automobiles… S’agissant des produits du textile et de l’habillement, ces derniers sont une spécialisation maîtrisée du Maroc. Ils enregistrent également une dynamique importante des importations de la CEDEAO. Toutefois le Maroc ne détient qu’une faible part de marché sur ce segment (pas plus de 0,3%). Ce marché est dominé par la Chine et l’Inde. L’étude estime également que le segment des chaussures est porteur et ceci au regard de la dynamique de ses importations (5% en moyenne sur les cinq dernières années). Néanmoins aujourd’hui le Maroc n’a pas plus de 0,9% de parts de marché. «En cas d’adhésion du Maroc à la CEDEAO, la suppression des droits à l’importation, fixés actuellement à 20% pour les articles d’habillement et 15% pour les chaussures, serait de nature à renforcer l’accès des produits marocains en favorisant leur compétitivité prix, notamment dans un contexte marqué par le surenchérissement tendanciel des produits chinois lié principalement à la hausse des coûts des facteurs (notamment les salaires) conjuguée à son recentrage progressif sur son marché intérieur», souligne la DEPF. Pour ce qui est des engrais (0,7% des importations de la CEDEAO en 2016), le Maroc est le premier fournisseur de la région avec une part de 32%, suivi par la Russie (11,6%). Quant aux tarifs douaniers, ces derniers sont de l’ordre de 21 lignes, ce qui en soit ne présente pas un obstacle pour les explorations des engrais marocains et de ce fait le pays peut mieux faire en s’adaptant mieux à la demande de la CEDEAO. Avec 6,2% de parts de marché «Équipement pour distribution de l’électricité», le Maroc a de la marge pour améliorer sa position «notamment dans un contexte de spécialisation accrue du Maroc et de suppression des droits de douane prévue à l’issue d’une éventuelle adhésion à la CEDEAO», note la DEPF. Il faut savoir que 15 lignes tarifaires sont appliquées à ce produit dont les taux varient entre 5% et 20% avec une moyenne de 12,3%.

Agroalimentaire : Faible présence marocaine
Le potentiel de développement des produits marocains au sein de la CEDEAO s’étend aussi aux produits agroalimentaires «Légumes, frais, réfrigérés, conservés, séchés». Toutefois la part du Maroc sur ce marché reste faible (3,6%). Ce dernier est dominé à hauteur de 55% des produits en provenances des Pays-Bas (suivis de la Chine (13%). «La suppression des droits de douane prévue en cas d’adhésion du Maroc à la CEDEAO contribuerait à l’amélioration de la présence marocaine sur ce marché. Les tarifs douaniers appliqués actuellement se situent entre 5% et 35% avec une moyenne de 17,2%», précise la DEPF. Sur ce point, il faut savoir que 79 lignes tarifaires sont appliquées à ces produits avec un taux supérieur à 20% qui est appliqué à 50% de ces lignes. «Le Maroc gagnerait également à valoriser sa production agricole à travers notamment sa stratégie de développement de l’industrie agroalimentaire tout en s’adaptant à la demande des pays de la CEDEAO», conseille la DEPF. S’agissant des poissons frais et conservés, ces derniers représentent 1,1% des importations totales de la CEDEAO, la part du Maroc dans ce marché n’est que de 4%. Ce marché est dominé par les exportations en provenance des Pays-Bas (19%) et de la Mauritanie (14%). Concernant les tarifs douaniers relatifs à ces produits en provenance du Maroc, ces derniers varient entre 5% et 20% avec une moyenne de 12,8%. Cela dit, il faut rappeler que le Maroc est classé deuxième (38%) derrière la Chine (39%) en matière de «préparations ou conserves de poissons». Concernant les importations d’automobiles de la CEDEAO, la part du Maroc n’y représente que 0,2% mais avec une éventuelle suppression des droits de douane (10,2% en moyenne), le Maroc peut améliorer sa position sur ce marché. «Les autres produits pour lesquels le Maroc ne présente pas une forte spécialisation mais qui connaissent une forte dynamique des importations de la CEDEAO (avec un TCAM entre 11% et 24%) sont entre autres les lampes, les tubes cathodiques, diodes, circuits intégrés, les appareils sanitaires, plomberie, chauffage», révèle l’étude de la DEPF. Aujourd’hui des tarifs entre 9,7% et 15,7% sont appliqués à ce genre de produits en provenance du Maroc. Ce dernier pourrait par ailleurs être un marché à fort potentiel pour certains produits en provenance de la CEDEAO. C’est le cas entre autres du pétrole et gaz, cacao, café, graines et fruit oléagineux, coton, bois, minéraux…Sur ce point, l’étude révèle que le Maroc est sixième dans la zone en termes de complémentarité avec les autres membres. Il a un indice de 0,22 en moyenne et un maximum de 0,26 avec le Ghana.


4.349 produits échangés

Enfin, l’étude fait savoir que les échanges entre le Maroc et la CEDEAO portent sur 4.349 produits. «Pour 80,7% d’entre eux, le Maroc et la CEDEAO en sont des importateurs nets, ce qui exclut d’emblée les possibilités de concurrence pour la majeure partie des produits. D’un autre côté, 11,6% des produits sont des spécialisations du Maroc pour lesquelles la CEDEAO est un importateur net, ce qui offre des opportunités de complémentarité non négligeables entre les deux parties», précise la DEPF. La situation est la même pour 5,2% des produits dont la CEDEAO est spécialisée et qui peuvent être «une opportunité de complémentarité pour la communauté» car le Maroc en est un importateur net. Ainsi les possibilités de concurrence ne portent que sur près de 2,5% des produits.


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