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420 MDH pour 50.000 fonctionnaires

Après des années de blocage, l’indemnité pour les zones éloignées et difficiles d’accès devra bientôt être mise sur les rails, au profit de 50.000 fonctionnaires. Cette mesure -à elle seule- n’est pas suffisante pour faciliter la mobilité et lutter contre les disparités territoriales en matière de répartition du personnel de l’État.

L’indemnité pour le travail dans les zones éloignées et difficiles d’accès, devra bientôt être effective après plus de neuf ans de tergiversations. Décidée en 2009 par le gouvernement d’Abbas El Fassi, cette mesure est restée en suspens en raison de différends entre l’Éxécutif et les partenaires sociaux sur le ciblage territorial. Aujourd’hui, le gouvernement compte mettre fin au statu-quo en lançant l’application de cette indemnité pour les catégories déjà tranchées. Il s’agira, dans un premier temps, de quelque 50.000 fonctionnaires travaillant dans les départements de l’Enseignement (premier employeur public) et la Santé. Ces deux secteurs comptent respectivement 54 et 8% de l’effectif du total des fonctionnaires civils; soit plus de 353.000 salariés sur un total de 570.165. Le taux de déconcentration dans ces deux départements est très élevé. La concrétisation de cette mesure nécessite un budget annuel de 420 MDH.

Le montant de l’indemnité fixée à 700 DH par mois, n’a pas été revu à la hausse par l’actuel Exécutif. Une somme jugée dérisoire par les partenaires sociaux qui appellent à mettre en place tout un package incitatif au profit des fonctionnaires, pour les inciter à aller travailler dans les zones éloignées et difficiles d’accès et pouvoir, ainsi, combler les insuffisances en ressources humaines dans plusieurs régions; notamment dans le secteur de la Santé. En dépit de l’existence de structures de soins, plusieurs zones manquent cruellement de cadres qualifiés, alors que les incitations matérielles pourraient contribuer à régler, en partie, cette problématique. Outre la question du salaire, le lieu de résidence des fonctionnaires dans certaines localités pose un sérieux problème. Aussi, est-il nécessaire d’assurer les conditions nécessaires pour faciliter le travail dans ces régions. Le ciblage territorial est très attendu pour généraliser l’indemnisation à tous les fonctionnaires; notamment ceux des collectivités territoriales. Tous ces points doivent être inscrits dans la réforme escomptée du statut de la fonction publique, qui a montré ses limites.

Ce document devra, d’ailleurs, revoir tout le système de rémunération pour garantir aux fonctionnaires, le droit à une rémunération basée sur l’équité. Outre le niveau de qualification, la nature des responsabilités, la complexité de l’emploi et l’effort réellement fourni par le fonctionnaire, il est nécessaire de prendre en considération aussi les conditions de travail et le lieu d’affectation. La discussion autour de cette réforme a été déjà entamée lors de ce round du dialogue social qui reste encore ouvert. Ce dossier est inscrit en tête des priorités de la commission chargée du secteur public, dont le destin est fortement lié à celui de la commission de l’amélioration des revenus. Quelques syndicalistes espèrent poursuivre le dialogue sur la réforme du statut général de la fonction publique qui va permettre de résoudre nombre de problématiques, dont celle de la mobilité qui n’a pas fonctionné en dépit de l’optimisme ayant accompagné son lancement. L’échec de la concrétisation de la mobilité nécessite une évaluation pour déterminer les véritables freins à cette réforme redoutée par les fonctionnaires. Le gouvernement peine en effet à appliquer le décret y afférent pour plusieurs raisons, dont le bras de fer syndical ainsi que l’absence d’un système de rémunération motivant qui favorisent la concrétisation de cette mesure. Il est à préciser que le statut général de la Fonction publique stipule que les fonctionnaires, appartenant aux corps et cadres communs des administrations, peuvent être réaffectés d’une administration à une autre, d’une collectivité territoriale à une autre ou d’une administration publique à une collectivité territoriale, voire d’une collectivité territoriale à une administration publique.

Néanmoins, la loi -à elle seule- n’est pas suffisante pour assurer une répartition territoriale équilibrée des fonctionnaires. De grandes disparités régionales marquent la répartition des fonctionnaires de l’État. 60% du personnel civil est concentré dans quatre régions: Rabat-Salé-Kénitra (21%), Casablanca-Settat (15,6%), Fès-Meknès (12,2%) et Marrakech-Safi (11,1%). Moins de 9% des fonctionnaires de l’État travaillent dans la région de Tanger-Tètouan-Al Hoceïma, nouveau pôle économique du Maroc. La région de l’Oriental compte seulement 6,8% de fonctionnaires, celle de Draâ-Tafilalet en dispose de 5%. Les trois régions du Sud ne comptent que 4,2% de l’effectif global: Laâyoune-Saguiat Al Hamra (2,1%), Guelmim-Oued Noun (1,5%) et Dakhla-Oued Eddahab (0,6%).


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