Alfa Romeo : une marque tournée vers l’avenir
Retour à la profitabilité, électrification de la gamme, lancement d’un modèle par an, dont le SUV Tonale qui est prévu cette année… Alfa Romeo prépare un retour aux avant-postes sur le marché mondial de l’automobile premium et sportive, comme nous en parle son patron, Jean-Philippe Imparato.
Nommé à la tête d’Alfa Romeo il y a un an, Jean-Philippe Imparato a bien eu le temps de travailler avec ses équipes pour esquisser l’avenir de la marque que lui a confié Carlos Tavares, patron du groupe Stellantis. Celui qui a été directeur général de Peugeot pendant près de 5 ans et qui a contribué à son essor est pourtant un Alfiste dans l’âme. Et pour cause. Lorsqu’il était enfant, son père avait une Giulia, puis plus tard une GTV6. Du coup, lorsqu’on lui a demandé de prendre en main la marque au «biscione», point d’hésitation. «J’ai immédiatement dit oui», nous a confié Imparato lors d’une récente table ronde tenue au format digital avec quelques médias de la région MEA (Middle East & Africa), parmi lesquels Les Inspirations ECO, qui a été le seul support marocain convié. Pour Imparato, cette sortie médiatique a surtout été l’occasion de nous donner un aperçu de ce qui se profile pour Alfa Romeo durant les prochaines années. On retiendra au passage que la marque se porte bien, qu’elle profite de toutes les synergies du groupe et qu’elle a toutes les vannes ouvertes pour son développement. «Alfa profitera des meilleures plateformes du groupe Stellantis», a déclaré Imparato dans ce sens. Puis d’ajouter : «Carlos Tavares nous a donné 10 ans de visibilité pour Alfa».
L’ADN Alfa sera préservé
Avant d’évoquer les futures nouveautés de la marque, Imparato annonce d’emblée la couleur sur la future stratégie de la marque. «Tout va changer !», dit-il, tout en modérant ses propos en évoquant le grand virage 100% électrique de la marque, prévu à l’horizon 2027. Il revient d’abord sur les fondamentaux esthétique d’une Alfa : le volant, les roues, les phares et la calandre piquant vers le bas tel un bec d’aigle. Cet ADN sera préservé à l’avenir, tout en veillant à ce qu’une Alfa reste : «italienne, sportive, premium, centrée sur le conducteur et tournée vers une plus large cible». Le sport est une partie intégrante d’Alfa Romeo qui reste engagée au Championnat du monde de Formule 1, même si ses résultats de la dernière saison n’étaient pas des plus reluisants. Du coup, lorsqu’on aborde la question des technologies embarquées, et notamment celle de la conduite autonome, Imparato ne mâche pas ses mots : «Les futures Alfa seront très sophistiquées, mais pas au point de permettre au conducteur de regarder un film au volant, car telle n’est pas l’ADN de la marque».
Tonale, premier véhicule électrifié d’Alfa
Cet ADN doit être préservé au risque de choquer ou décevoir les Alfistes. Avec le non-renouvellement de modèles sportif comme la 4C ou le cabriolet Spider, mais aussi le vieillissement de la Giulietta, la marque a perdu pas mal de clients ces dernières années et elle en est consciente. L’un des premiers futurs modèles en charge de les reconquérir sera le SUV Tonale, dont il n’existe que des clichés du concept-car, présenté en 2019 (photo). Le petit frère du Stelvio sera la première Alfa électrifiée et aura tous les ingrédients qu’attendent la clientèle de la marque. «Le Tonale aura un énorme impact sur les ventes, mais tel n’est pas son seul objectif», explique Imparato. Et d’ajouter que «ce SUV se doit de préserver l’ADN d’Alfa et notamment cette notion de «driver centric» pour offrir une expérience de conduite digne de haut vol». Quant aux échéances de production et de lancement, le même homme a indiqué que le Tonale débutera sur les lignes de montage en mars 2022 pour un lancement mondial prévu en juin de la même année, mais d’abord et logiquement en Italie.
Alfa, une marque très aimée
En attendant, Alfa Romeo jouit toujours d’une forte notoriété et d’un capital sympathie très élevé à travers le monde. C’est ce qu’a rappelé Imparato en partageant sa surprise quant à savoir qu’il existe plus de 200 clubs Alfa Romeo dans le monde, dont 50 aux États-Unis ! «200 clubs d’Alfistes, est-ce que vous vous rendez compte ?!». Sauf que ces millions d’Alfistes, qui manifestent leur passion pour le «biscione», veulent de nouveaux modèles et plutôt sportifs. À cette question, Imparato est sans équivoque. «On ne peux pas mettre 200 millions d’euros d’investissement pour développer un Spider si on n’a pas la base et les reins solides», financièrement s’entend. «Nous devons d’abord bien revenir dans le business», dit-il. Pourtant, Alfa a déjà retrouvé sa profitabilité. «Depuis le début de l’année (NDLR : 2021), nous avons d’abord sécurisé la rentabilité d’Alfa Romeo», avait déclaré Imparato lors de son passage sur la chaîne BFM Business, en septembre dernier. S’agissant du plan de produits, Jean-Philippe Imparato a rappelé l’ambition d’Alfa qui est de faire un grand lancement par an et par région, ce qui sera une révolution pour la marque. Le tout pour aboutir à un line-up de 5 modèles, beaux, sportifs, «électrifiés et sympas». «Sympas», car sur une Alfa, y compris électrifiée, le conducteur devra ressentir des sensations qui le feront vibrer, mais aussi une sonorité du moteur. Ce sera un challenge pour les ingénieurs de la marque, tout comme l’électrification elle-même des futurs modèles, l’intégration de la 5G, de la connectivité embarquée, en plus des contraintes normatives imposées par les législations (sécurité, normes anti-pollution…). Tout cela fait et fera que le coût des voitures va flamber, si ce n’est doubler. Sur tout cela, et notamment les coûts liés à au développement des futures Alfa, Imparato est confiant sur l’avenir. Il a d’ailleurs clos cette table ronde en déclarant notamment: «Carlos (Ndlr : Tavares) aime Alfa Romeo et il nous suivra !».
Jalil Bennani / Les Inspirations ÉCO Auto