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Visite royale en Afrique de l’Est : L’Éthiopie ou le rêve agricole africain enfin réalisé

Grâce au mégaprojet de production d’engrais d’un montant de 3,7 milliards de dollars, le royaume réalise un vieux rêve africain d’une agriculture autosuffisante. Plusieurs conventions de facilitation des échanges commerciaux entre les deux pays ont été signées.

Au lendemain du premier Sommet africain de l’action en marge de la COP 22 qui, faut-il le signaler, est à l’initiative du Maroc, le souverain, joignant la parole à l’action, a repris son périple en Afrique de l’Est qu’il avait commencé au Rwanda et en Tanzanie. Le timing de la visite royale en Éthiopie puis à Madagascar, tout comme la symbolique d’un engagement fort pour une région de l’Afrique jusqu’ici absente des radars de la diplomatie économique marocaine, sont la preuve d’une inflexion majeure en faveur du rayonnement du royaume dans son environnement africain.

L’Éthiopie abrite le siège de l’Union africaine que le Maroc compte réintégrer lors de son prochain sommet de janvier 2017 à Addis-Abeba après 32 ans de séparation, en guise de protestation à l’admission de la RASD au sein de cette institution. «En décidant de réintégrer l’Union africaine, le Maroc ne fait que revenir chez lui et parmi les siens», avait souligné le ministre d’État éthiopien aux Affaires étrangères, Taye Atske-Selassie. La pertinence de la visite royale en Éthiopie a aussi eu une forte dimension économique. En atteste la signature d’une convention de 3,7 milliards de dollars d’ici 2025 (2,4 milliards lors de la première phase et 1,3 milliard lors de la seconde) pour la construction d’une plateforme intégrée de production d’engrais en Éthiopie.

Dans sa première phase, ce mégaprojet produira 2,5 millions de tonnes/an d’engrais d’ici 2022 pour atteindre une capacité totale de 3,8 millions de tonnes/an d’engrais en 2025. La plateforme se compose de 2 unités d’ammoniac, 1 unité de production d’engrais, 2 unités de production d’urée et 1 unité de blending et d’emballage. Le projet s’étend jusqu’à Djibouti, où une plateforme de stockage dédiée sera aménagée. Considéré comme le grenier de l’Afrique pour ses multiples ressources naturelles, l’Éthiopie a pourtant du mal à développer une agriculture autosuffisante, encore moins tournée vers l’exportation.

Ce projet est stratégique dans la mesure où il donnera à l’Éthiopie, pays où le secteur agricole représente 42% du PIB, les moyens d’y parvenir en réduisant sa dépendance envers l’importation d’engrais. Il est plus important encore que celui signé en 2014 avec le Gabon pour 2,3 milliards de dollars. À l’image de sa politique volontariste dans le domaine des énergies renouvelables, le royaume est en train d’installer, grâce à la diplomatie économique royale, son leadership africain dans un domaine non moins important: celui de l’agriculture.

Pour Mostafa Terrab, PDG du groupe OCP, ce projet vise à exploiter pleinement la complémentarité entre les ressources naturelles respectives des deux pays, en tirant pleinement parti de la potasse et du gaz éthiopiens, tandis que le groupe OCP livrera les besoins en acide phosphorique. Fructueuse fut donc cette étape éthiopienne qui a connu la signature de sept conventions et accords bilatéraux public/public, couvrant des domaines aussi divers que les services aériens, la coopération en matière fiscale, la protection des investissements, l’agriculture et les énergies renouvelables. L’arrivée, samedi soir, du souverain à l’île emblématique de Madagascar, suscite chez les Marocains et les Malgaches autant d’émotions que de rappels d’histoire. L’exil forcé en 1954 par le protectorat français dans cette grande île de l’océan indien de roi Mohammed V et de la famille royale a ancré à jamais Madagascar dans l’histoire marocaine. Depuis, les relations avec ce pays sont restées au même niveau d’excellence. Toutefois, l’éloignement n’a pas permis d’y joindre une composante économique forte. La visite royale dans la cinquième plus grande île au monde, qui couvre une superficie de 587.000 km², prend appui sur l’histoire qui lie les deux pays et cette volonté désormais concrète de hisser le niveau des relations bilatérales. 


Conventions privé-privé
Outre les sept conventions public-public signées entre le Maroc et l’Éthiopie, plusieurs autres conventions liant les secteurs privés des deux pays ont pris le relais. Il s’agit notamment d’un accord pour l’établissement d’un conseil bilatéral d’affaires entre la CGEM et la Chambre éthiopienne du commerce et des associations sectorielles (ECCSA) ainsi qu’un mémorandum d’entente entre Anouar Invest Group, BMCE Bank of Africa et la Commission éthiopienne pour l’investissement. Un autre important mémorandum d’entente a été scellé entre la Commission éthiopienne pour l’investissement, Holmarcom et BMCE Bank of Africa. La BCP a signé, pour sa part, un accord de partenariat avec la Commercial Bank of Ethiopia, première banque d’Éthiopie. Ce n’est pas tout. Une autre convention a porté sur un mémorandum d’entente entre la Commission éthiopienne pour l’investissement et Tanger Med SA (TMSA).


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