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Une première, l’état des discriminations au Maroc

Le Conseil civil de lutte contre toutes les formes de discrimination (CLCFD) publie son premier rapport annuel. Ce collectif dresse un état des lieux des discriminations subies par différentes catégories de la population au Maroc.

Ce jeune collectif est né en décembre 2016. Il se compose de 13 ONG marocaines et vient de publier son rapport le 4 mai. Ce document, élaboré de «façon participative», lève le voile sur «les comportements et les pratiques directement discriminatoires qui touchent de nombreuses personnes vivant au Maroc». À travers ce travail, le CLCFD vise trois objectifs. Primo, «visibiliser des discriminations pas ou peu connues et/ou étudiées», deuzio, «développer un référentiel commun sur les discriminations» et tertio, proposer «un monitoring des politiques publiques». La principale conclusion de ce collectif: «L’accès aux droits fondamentaux est clairement entravé par les discriminations systémiques qui peuvent être de natures multiples et/ou composées fragilisant davantage des catégories de personnes discriminées sur la base de différents critères». Parmi les catégories étudiés, on peut citer les travailleurs domestiques, les migrants, les homosexuels, les usagers de drogues, les enfants en situation de rue, les mères célibataires et les personnes en situation de handicap.

Travail domestique: «De multiples privations»
Le rapport rappelle que les travailleurs/travailleuses domestiques subissent une triple privation. La première est d’ordre juridique, caractérisée par le manque d’accès aux droits fondamentaux pour les personnes travaillant dans le secteur domestique: pas de contrat de travail ni de protection sociale. Ces personnes subissent ensuite «une dévalorisation marchande de ce travail peu rémunéré pour sa pénibilité et pour les risques sanitaires qui l’entourent». Enfin, une dévalorisation sociale, symbolisée par «la non-reconnaissance de leur rôle des travailleurs/travailleuses domestiques, à laquelle s’ajoutent des stéréotypes péjoratifs, dénigrants voir même humiliants auxquels ils font face». Dans le cas des travailleuses domestiques d’origine subsaharienne, s’ajoute la discrimination basée sur la couleur de la peau.

Migrants: «Sans-papiers, sans droits»
Le rapport rappelle la réalité des personnes migrantes dans le Nord-Est du Maroc, précisément à Nador où l’accès aux droits n’est pas toujours effectif. Le rapport revient sur les difficultés d’accès au logement, aux soins de santé et à l’emploi dans cette région du Maroc pour les migrants subsahariens. «La difficulté d’accès au logement est largement due à une discrimination basée sur la situation administrative des personnes», note le rapport. 43% des personnes interrogées dans le cadre de l’étude ont déclaré éprouver des difficultés à se faire soigner. Ces difficultés sont dues à plusieurs facteurs, notamment le manque de moyens financiers des personnes et l’absence de structures d’accompagnement.

Discriminations basées sur l’orientation sexuelle: «Oppressions à l’école et à l’hôpital»
Les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression du genre est le produit «d’un système politique, socio-économique et culturel hégémonique», estime ce rapport. «Une frange importante de la société vit une oppression tant au niveau affectif qu’au niveau des autres sphères de la société (médias, école, travail, justice, etc.). Une catégorie non reconnue dans ses besoins, voire réprimée. Nous souhaitons non pas attirer une quelconque pitié ou un regard victimaire, mais mettre à nu des réalités longtemps invisibilisées», précise le rapport.

Usagers de drogues: «Refus de soins»
«Les usagers de drogues souffrent d’une image sociale négative et sont souvent victimes de l’hostilité de la population et des autorités. En l’absence de véritable stratégie de prise en charge et d’insertion sociale des usagers de drogues, le devenir de ces personnes reste inconnu», alerte le rapport. Ces personnes souffrent de l’absence de soutien et de la prise en charge psychologique, qui limitent souvent la réponse au traitement. «Les hôpitaux refusent souvent d’accueillir des patients usagers de drogues à cause de leur hygiène déficiente ou de leur contamination par des maladies infectieuses. Les centres de santé de base exigent, eux, une attestation d’orientation délivrée par un médecin, mais les médecins refusent dans la plupart des cas de remettre ce certificat aux patients», observe le rapport. L’accès aux soins est aussi limité en milieu carcéral.

Personnes en situation de handicap: «Une stratégie sur le papier»
Cette étude a révélé des formes de discriminations dont sont victimes les personnes en situation de handicap. Ces discriminations relèvent de trois niveaux: du discours, de l’accès à l’éducation et à la santé et de l’accessibilité dans les services publics. Ce rapport conclut que «l’existence d’une politique publique ne se traduit pas toujours par une amélioration de la qualité de la vie de ces personnes». Il appelle à mettre en place «une politique nationale pour la lutte contre les discriminations à l’adresse de ces personnes».  


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