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Transhumance politique : Liberté ou atteinte à la crédibilité des partis ?

À la veille des élections législatives, le coup d’envoi est donné pour le «mercato politique». Certains partis n’hésitent pas à encourager la transhumance pour attirer les cartes gagnantes et améliorer leurs scores électoraux. Le phénomène porte atteinte à la crédibilité de l’action politique. Mais, pour certains, il s’agit d’une liberté pratiquée par les politiciens dans la limite de ce qui est permis par la loi.

Comme à l’accoutumée à la veille des élections législatives, plusieurs politiciens n’hésitent pas à changer de couleur politique. Pointé du doigt en raison des questions éthiques qu’il soulève, le phénomène est toujours de mise bien qu’il ait été limité par le législateur pour sauvegarder les équilibres politiques et garantir le respect des engagements des candidats vis-à-vis des électeurs.

En vue d’avoir un Parlement crédible, la Constitution de 2011 a interdit la transhumance politique en prévoyant la déchéance du mandat du nomade. Mais, en fin de mandat rien n’empêche les élus de rallier les rangs d’un autre parti politique. Aucune des grandes formations partisanes n’échappe au nomadisme politique. Même le Parti de la justice et du développement a ouvert la porte, depuis 2007, à l’ensemble des citoyens et aux candidats provenant d’autres partis politiques. La commission d’accréditation du PJD qui se penche sur le choix des candidats, avant de soumettre la liste pour approbation au secrétariat général du PJD, a le feu vert pour coopter des personnes qui n’appartiennent pas au parti. «C’est une disposition votée par le parti.

L’essentiel est d’accréditer des noms connus par leurs compétences et honnêteté et qui représentent une véritable valeur ajoutée. Le PJD ne cherche pas à arracher des candidats aux autres partis politiques», souligne, aux Inspirations ÉCO, le député du parti de la lampe, Aziz El Guermat. Des noms circulent déjà, même si rien n’est confirmé, comme celui de l’ittihadi, Hassan Tarik, qui est courtisé par certains militants du PJD. Les partis politiques ne voient aucun inconvénient à attirer les membres d’autres partis politiques. Certains considèrent cette pratique comme un exploit. Récemment, le PAM a même tenu un point de presse en faveur de quelques personnes ayant claqué la porte du parti de la lampe pour regagner celui du tracteur. Une action qui a mis au-devant de la scène la question de la transhumance politique au Maroc. Il faut dire que les instances décisionnelles des partis misent sur les cartes gagnantes quitte à encourager la transhumance politique.

Les formations politiques cherchent, en effet, des candidats qui ont l’habitude non seulement de participer aux élections mais de gagner haut la main. Certains candidats n’ont que l’embarras du choix, tellement ils sont bien cotés sur le marché électoral. Le phénomène ne contribue-t-il pas à ternir l’image déjà écornée de l’action politique chez les citoyens ? Pour le membre du bureau politique du PAM, Abdellatif Ouahbi, ce sont seulement les élites qui portent un œil critique sur la question alors que le citoyen lambda vote plutôt pour la personne. De l’avis des observateurs, les partis politiques sont appelés à combattre la transhumance en favorisant l’accréditation de leurs propres militants afin de donner la crédibilité escomptée à l’opération électorale. Cette question est défendue de part et d’autre. Mais, les discours sont en déphasage avec la réalité surtout à la veille des élections. 


 

Aziz El Guermat
Député du PJD

Les partis politiques ne sont pas des casernes militaires. La transhumance est d’ailleurs pratiquée pendant toute l’année sauf qu’à la veille des élections, on zoome sur la question. Certes, avant les élections, les gens sont à la recherche des postes en raison des ambitions des uns et des autres. Mais, l’opération d’adhésion et de retrait est continue dans le temps.

Abdellatif Ouahbi
Député et membre du bureau politique du PAM

La transhumance politique est une liberté pratiquée par les politiciens. La véritable question est de savoir si le nomadisme politique a un impact sur le candidat ou le parti politique. Il est connu que les électeurs votent plutôt pour la personne au lieu du parti. Si les électeurs votaient pour les formations politiques, la transhumance n’aurait pas existé».

Ahmed El Bouz
Politologue et professeur universitaire

Le législateur a interdit la transhumance politique pour les élus qui ont des mandats électoraux pour respecter les engagements avec les électeurs. Aucun grand parti politique n’est épargné y compris le PJD et l’USFP. Mais,  le phénomène touche certains partis politiques plus que d’autres, notamment les partis dits de notables. Seulement, des fois, la transhumance reflète l’ambition personnelle de certains politiciens qui choisissent le chemin le plus facile mais le nomadisme peut être dû également aux différends dans un parti donné.


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