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Sergio Pimenta : «Nos investissements au Maroc ne sont pas à la hauteur de nos ambitions»

Sergio Pimenta, vice-président Afrique et Moyen-Orient de la Société financière internationale

Fraîchement installé à la tête du pôle sensible Afrique et Moyen-Orient, Sergio Pimenta, vice-président de la Société financière internationale, arrive au Maroc après des visites express en Tunisie et en Algérie.

Les Inspiration ÉCO : Après avoir visité la Tunisie et l’Algérie, et maintenant le Maroc, quelle évaluation faites-vous de la situation économique au Maghreb ?
Sergio Pimenta :  Ces trois pays du Maghreb ont des atouts communs. D’abord une position géographique stratégique pour attirer les investisseurs, en plus de ressources naturelles assez importantes. La population y est également très jeune, donc dynamique et ouverte sur le monde, mais qui crée énormément de défis en matière d’emploi et d’insertion dans la société, les pays arabes ont, à titre d’indicateur, besoin de créer environ 50 millions de nouveaux emplois, d’ici 2030.

Il s’agit de votre première visite dans la région depuis votre nomination à ce poste le 1er janvier 2018, la SFI compte-t-elle y changer son approche ?
Nous comptons effectivement dynamiser nos investissements, notamment au Maroc. Au cours de l’exercice 2017, les financements à long terme d’IFC dans les pays en développement ont atteint 19,3 milliards de dollars, mais la part du royaume n’est pas à encore à la hauteur de nos ambitions. L’objet de cette visite est justement de rencontrer les membres du gouvernement afin de réfléchir aux améliorations du cadre réglementaire pour promouvoir l’investissement. Certes, le Maroc a fait beaucoup d’efforts en matière de facilitation des procédures administratives et de renforcement de l’arsenal juridique, mais plusieurs efforts sont encore à faire afin de créer le climat optimal pour la création d’entreprises et d’emplois.

La SFI étant la filiale de la Banque mondiale destinée au financement du secteur privé, comment interagissez-vous avez le secteur productif marocain ?
Nous intervenons principalement via le secteur financier et bancaire. La société facilite et appuie des occasions d’affaires, plus précisément dans les trois secteurs d’activités suivants : services d’investissement (prêts, équité, financement du commerce, financement structuré, syndication), services consultatifs (conseils, résolution de problèmes et formation) et gestion des biens (mobilisation et gestion de fonds d’immobilisation de pays tiers aux fins d’investissement dans les marchés en développement). Mais nous sommes néanmoins dans un contact direct avec le tissu productif, nous avons notamment investi dans le secteur avicole avec une prise de participation et le lancement concomitant d’un très grand projet d’investissement.

Justement, vous vous êtes désengagés de cet opérateur tout comme du tour de table de la Banque centrale populaire, pourquoi ?
Nous ne sommes pas un investisseur classique, mais une institution d’aide au développement, nos prises de participation se font dans le cadre d’une opération globale, liée à la concrétisation d’objectifs socio-économiques et non la recherche de la plus-value. Depuis plusieurs années, le Maroc tente de développer le secteur des énergies renouvelables, mais le secteur privé demeure encore réticent…Il est vrai que le secteur des énergies renouvelables se prête à l’investissement privé. Raison pour laquelle nous avons investi massivement dans la première émission d’obligations vertes de la Banque centrale populaire (BCP) pour promouvoir des projets durables et respectueux de l’environnement au Maroc. Il s’agit de la première émission d’obligations vertes en devise étrangère pour le royaume, mais aussi pour IFC et Proparco de la première souscription à des obligations vertes dans la région. L’objectif principal de cette opération est de créer un mécanisme de financement durable pour que les banques prennent en charge les investissements à long terme sur des actifs verts, en canalisant l’argent institutionnel privé vers la finance climatique via les marchés financiers. Une orientation vers le continent africain est également à l’ordre du jour dans le milieu des affaires… Et nous comptons accompagner cette dynamique ! Il s’agit même de notre «cœur de métier», à savoir le financement des opérateurs des pays en développement. Nous avons développé une expertise, que ce soit dans le conseil ou la gestion des capitaux, qui pourra être extrêmement bénéfique pour les opérateurs marocains dans le continent.


Bio express

Franco-Portugais diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale des ponts et chaussées, Sergio Pimenta travaille à la direction du Trésor du ministère des Finances à Paris ainsi qu’au département international de la Banque nationale de Paris avant de rejoindre le Groupe de la Banque mondiale en 1996, via le Young Professional Program. Il occupe plusieurs postes au sein du groupe, comme Directeur régional en charge de l’Asie de l’Est et du Pacifique, basé à Hong Kong, et plusieurs autres postes de direction dans les secteurs de l’industrie, de l’agroalimentaire et des services en Asie Pacifique et en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, basé à Hong Kong, Istanbul et Washington, DC. Il est nommé vice-président Afrique et Moyen-Orient de la SFI en janvier 2018, où il dirigera une équipe de 600 personnes et un portefeuille d’environ 20 milliards de dollars d’investissement.


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