Ressources : L’énergie fossile a encore de beaux jours devant elle
C’est un des principaux résultats de la dernière étude publiée par l’OME. Toujours selon les projections, la demande d’énergie augmentera de plus de 50% d’ici 2040. L’étude prévoit toutefois des émissions de CO2 de + 45%.
Le rêve d’arriver à une «écologisation» complète du secteur de l’énergie dans le bassin méditerranéen devra encore attendre. C’est du moins ce qui ressort de l’étude publiée par l’Observatoire méditerranéen de l’énergie (OME) sous le thème «Mediterranean Energy Perspective» (MEP) au titre de 2015. Si les énergies renouvelables prennent une part de plus en plus importante dans le mix énergétique de la région, les besoins en énergie eux croissent bien plus rapidement. Ce fait n’a pas échappé à l’étude qui rappelle d’emblée une croissance démographique attendue de plus de 100 millions d’individus au sud et de plus de 5 millions d’habitants au nord, d’ici 2040, respectivement dans les pays de la rive sud et dans ceux de la rive septentrionale. Croissance qui selon un scénario conservateur (CS) entraînera une demande d’énergie de l’ordre de 1.480 Mtep, soit une augmentation de ladite demande de plus de 50%.
Il convient cependant de préciser que selon un scénario proactif (PS), la demande en question devrait se limiter à 1.208 Mtep soit 20% de moins par rapport au scénario précédent. Des réalités qui supposent un recours inévitable aux sources d’énergie fossile qui, selon le CS, constitueront 76% du mix énergétique, suivies des renouvelables (14%) et du nucléaire (10%). Le PS prévoit quant à lui une part de 67% pour les énergies fossiles, 22% pour les énergies renouvelables et 11% pour le nucléaire. Quel que soit le scénario, les projections prévoient une augmentation de la production de pétrole méditerranéen d’environ 1 mb/j entre 2013 et 2040 et de gaz de plus 70% à l’horizon 2040.
À ce sujet, le rapport révèle que la région dispose de 4,2% des réserves mondiales de pétrole et 4,5% de gaz naturel. S’agissant du pétrole, la Libye détient à elle seule 68% soit 2/3 des réserves au niveau régional, suivie de l’Algérie (17%) et de l’Égypte (6,3%). Pour ce qui est du gaz naturel, c’est l’Algérie qui se taille la part du lion avec 50,4% des réserves, suivie de l’Égypte (24,4%), de la Libye (16,8%) et d’Israël (3,2%). Quant à la demande, elle devrait en ce qui concerne le pétrole être plus forte au nord de la Méditerranée qu’au sud. Un trend qui viendra contraster avec le fait que plus de gaz est déjà consommé au sud qu’au nord.
Autre perspective contrastée, l’observatoire prévoit d’une part la nécessité pour la région d’importer plus de pétrole pour satisfaire sa demande et d’autre part la possibilité pour 5 pays, notamment l’Algérie, Israël, l’Égypte, la Libye et Chypre d’exporter 60 Gm3 dans le cas d’un CS et le double de ce montant dans le cas du PS. Si ces prévisions augurent d’une croissance pour le secteur, l’étude révèle cependant une augmentation des émissions de CO2 de plus de 45% selon le CS en 2040. Un niveau qui est 86% plus élevé que celui de 1990 et que l’observatoire juge par ailleurs «non soutenable». Cela dit, outre ces deux ressources, le rapport revient sur d’autres composantes du mix énergétique de la région qui offrent des options de diversification, notamment le charbon (11%), le nucléaire et surtout les énergies renouvelables. À ce propos, le rapport souligne que si les deux premières constituent des ressources énergétiques essentielles pour bon nombre de pays du nord, ce sont surtout les énergies renouvelables qui offrent les meilleures perspectives de croissance pour les pays des deux rives et ceci quel que soit le scénario.
À titre d’exemple, pour les pays du Nord, l’observatoire prévoit une augmentation de la production d’énergie de 80 à 190 Mtep à partir du biogaz et des déchets, de moins de 40 à plus de 100 Mtep de source géothermique et de moins de 40 à 90 Mtep à l’horizon 2040. Au sud, les perspectives sont tout aussi positives avec des productions respectives qui devraient passer de 22 à 80 Mtep, d’environ 15 à près de 60 Mtep et d’environ 10 à plus de 42 Mtep. Ce qui annonce, entre autre, un avenir électrique «ensoleillé» pour la région. Le rapport prévoit à ce propos une demande d’électricité dans le sud 3 fois supérieure à la demande actuelle avec une part des énergies renouvelables dans la génération électrique d’environ 34% (53% au nord et 17% au sud) en 2040. Une prévision qui pourrait dépasser les 50% dans le PS (66% au nord et 33% au sud).
Toujours à ce sujet, ledit rapport note la place de leader occupée par le Maroc dans ce secteur avec près de 15% de parts des énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité. Un chiffre qui selon ledit rapport devrait approcher les 30% dans le cas d’un CS, voire les 40% dans le cas d’un PS à l’horizon 2040. Au total, l’étude estime que la région aura besoin d’une capacité de 440 GW supplémentaire dans le cas d’un CS et de 270 GW dans le PS. Une performance dans l’atteinte de laquelle les énergies renouvelables devront jouer un rôle leader, ce qui appelle selon l’observatoire la prise d’importantes mesures d’efficacité énergétique.