Recrutement des compétences : Les reco’ de l’ANAPEC
Comment accompagner les investisseurs et les employeurs dans leur besoin en recrutement ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des responsables et des experts nationaux et internationaux lors d’une conférence, organisée par l’ANAPEC en partenariat avec l’AMSEP, dont les travaux ont été ouverts hier à Rabat.
Le Maroc a déployé de grands efforts pour améliorer l’employabilité des jeunes. Néanmoins, le chemin reste encore long pour faire diminuer le taux du chômage. Outre la nécessité de booster le taux de croissance, la formation est un élément-clé pour améliorer l’insertion des jeunes. Or, jusque-là, la formation ne répond que partiellement aux besoins des entreprises. Dans une déclaration aux Inspirations ÉCO, le ministre de l’Emploi et des Affaires sociales , Abdesselam Seddiki, estime que toutes les dépenses engagées pour améliorer l’employabilité visent à corriger les déficiences de la formation tant académique et universitaire que professionnelle.
C’est, d’ailleurs, dans ce cadre que s’inscrit le programme de formation de 25.000 licenciés et 10.000 enseignants. Jusque-là, quelque 7.500 lauréats ont été formés au cours de trois années aux métiers de l’enseignement. Le gouvernement a décidé de poursuivre ce programme pour la quatrième année pour atteindre l’objectif escompté de 10.000 étudiants formés. On ne dispose pas encore des donnés ayant trait à l’insertion des bénéficiaires.
Toutefois, Abdesselam Seddiki rassure : «tout laisse penser qu’aucun problème ne se posera en la matière». Apparemment, le ministère de l’Education nationale sera, à partir de la prochaine rentrée scolaire, plus rigoureux au niveau de l’interdiction aux écoles privées de faire appel aux enseignants du public. De cette manière, les lauréats ayant bénéficié de la formation dans le cadre du programme étatique auront plus de chance d’être recrutés dans des établissements d’enseignement privé. Par ailleurs, la formation des licenciés chômeurs pour les autres secteurs a démarré cette année.
Quelque 8.000 étudiants ont été retenus sur un total de 83.000 candidats ayant postulé. Ils sont formés dans les universités et les centres de formation professionnelle. Une grande partie de leur formation devrait se dérouler au sein des entreprises. Cette initiative vise à répondre aux besoins des employeurs en matière de compétences. Le gouvernement est appelé à prendre d’autres initiatives pour booster l’emploi et améliorer la qualité des ressources humaines. La réussite d’une entreprise repose, en effet, en grande partie, sur la compétence de ses employés.
À ce titre, la qualité de recrutement est on ne peut plus stratégique pour les entreprises. C’est dans ce cadre que s’inscrit la tenue par l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences en partenariat avec l’Association mondiale des services d’emploi public d’ une conférence Internationale sous le thème : «Accompagnement des investisseurs et des employeurs dans leur besoin en recrutement».
L’ objectif de cette rencontre dont les travaux se poursuivent aujourd’hui à Rabat est de permettre aux services publics d’emploi de partager leurs expériences et d’identifier les bonnes pratiques permettant d’apporter un meilleur accompagnement aux investisseurs et aux entreprises pour réussir leurs recrutements, compte tenu des contraintes inhérentes à chacun d’eux et leur faculté à s’adapter à leur environnement.
Anas Doukkali
Directeur général de l’ANAPEC
«Les entreprises ne font pas de charité»
Les Inspirations ÉCO : Quelles sont vos attentes par rapport à cette conférence internationale autour de l’accompagnement des employeurs dans leur besoin en recrutement ?
Anas Doukkali : Nous aspirons à bénéficier des expériences réussies, identifier les bonnes pratiques en matière d’accompagnement des entreprises à travers des outils mis en place dans le cadre du processus de recrutement et examiner aussi toutes les mesures incitatives à l’emploi qui sont au bénéficie tant des chercheurs d’emploi que des entreprises comme les exonérations fiscales et sociales et même les aides salariales. L’amélioration de l’employabilité est très importante. Dans ce cadre, les programmes de l’ANAPEC qui sont flexibles, courts et précis sont très prisés par les entreprises, notamment le programme de la formation à la carte et le programme d’appui aux secteurs émergents (automobile, aéronautique, offshoring et électronique). Ce sont des dispositifs importants pour tout pays en vue d’améliorer sa compétitivité et attirer les investissements. L’emploi est, en premier lieu, question de croissance.
Dans quelle mesure la formation répond-elle actuellement aux besoins des employeurs ?
Le Maroc a de bonnes compétences qui ont besoin d’adaptation. C’est l’aspect comportemental qu’il faut améliorer notamment au niveau de la communication, du développement personnel, du travail de groupe, des rapports avec la hiérarchie… Nous sommes en train de mettre en place des programmes dans ce sens en partenariat avec des ONG. Outre les capacités professionnelles, il faut développer d’autres compétences qui ne figurent pas dans le système scolaire.
Quid de la formation professionnelle ?
Elle est très flexible et s’adapte au marché de l’emploi. Les programmes de l’OFPPT s’adaptent aux besoins des différents secteurs. En parallèle, l’Etat aide les secteurs à mettre en place des programmes de formation et des instituts de formation dans le cadre du partenariat public/privé.
Pensez-vous que les entreprises font des efforts pour l’insertion des diplômés notamment sur le volet des stages auxquels l’accès est très difficile pour les jeunes ?
Vous avez raison. Nous avons besoin davantage d’efforts sur le volet des stages. La première expérience est très importante. On demande aux entreprises d’être moins exigeante au début, mais, les entreprises ne font pas de charité. Elles sont là pour créer des richesses et ont besoin de compétences prêtes. Il faut leur donner des encouragements pour qu’ils puissent accompagner ces jeunes qui n’ont pas d’expérience. Dans ce cadre, le contrat-insertion s’avère d’une grande aide.