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Ramed : L’ANAM veut tout remettre à plat

Une expertise est dans le pipe et devrait toucher à tous les aspects de gestion, d’accueil et de financement d’un régime qui pose problème depuis sa généralisation en 2012. Le hic, qui représente un vrai baromètre de réussite, a trait au taux de renouvellement de l’éligibilité au régime qui reste faible (31%).

Lorsque le régime d’assistance médicale pour les démunis (RAMED) a été lancé en 2008 dans le cadre d’une opération pilote dans la région de Tadla-Azilal, on ne l’avait pas trop pris au sérieux. Ensuite, en mars 2012, le régime a été généralisé sur l’ensemble des régions du pays avec des perspectives prometteuses pour son ancrage dans le système de couverture médicale du pays. En termes de chiffres, les acquis ont dépassé même les objectifs initialement tracés, avec un taux de réalisation de 127%. L’on recense plus de dix millions de personnes immatriculées (soit 4 millions de foyers) alors que l’on visait au départ 8,5 millions de personnes selon une étude actuarielle réalisée en 2006 et mise à jour en 2013, pour devenir 7,9 millions de personnes.

À ce jour, 4,9 millions de cartes RAMED ont été délivrées, mais comme toute success story, il y a des hics. Le premier, qui représente un vrai baromètre de réussite, a trait au taux de renouvellement de l’éligibilité au régime qui reste relativement faible (31%). Cinq ans après la généralisation, plusieurs aspects qui constituent des facteurs d’affaiblissement méritent réflexion et surtout une halte pour mieux les saisir. Il s’agit, sans être exhaustif, de la problématique du ciblage qui se pose avec d’autant plus d’acuité au Maroc que l’on ne dispose pas de carte de la précarité actualisée. Il fallait attendre un tout récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) datant de janvier dernier pour savoir que 79% des pauvres résident en milieu rural dont 64% sont en situation de vulnérabilité.

De même 24% de la population rurale trouve des difficultés dans l’accès aux soins et 75% des décès maternels surviennent en milieu rural. Idem pour le processus d’éligibilité qui reste lourd et qui, rappelons-le, a fait l’objet de critiques voire de mécontentement de la part des populations concernées. La qualité de service aux bénéficiaires cristallise aussi un déficit endémique du système de santé au Maroc, traduisant un blocage multidimentionnel. Le financement du régime aussi doit subir un électrochoc pour sortir d’une gestion à vue car malgré le gros soutien apporté par le Fonds de cohésion social, le financement constitue un gros grain de sable dans la machine. Vient enfin la gouvernance du régime à laquelle il faut s’attaquer concomitamment aux autres réformes nécessaires. Il en va du rythme même d’implémentation de la mise à niveau attendue. Dans sa feuille de route 2014-2018, l’ANAM a donné un coup de fouet au régime en exhortant les parties prenantes à faire plus d’efforts.

L’Agence s’est alors attaquée au financement et à la mise à niveau des hôpitaux, de l’extension de la couverture médicale et de l’amélioration de la gouvernance avec des résultats plus ou moins probants. D’une quarantaine de pages, cette feuille de route ne faisait aucune concession quant aux maux de la généralisation qui devient de plus en plus lourde à gérer. À plus forte raison le déséquilibre financier entre les ressources qui augmentent d’environ 7% par an et la consommation des soins qui elle croît de 12% inquiétait l’entité de gestion. C’est la raison pour laquelle, l’Agence nationale de l’assurance maladie s’apprête aujourd’hui à lancer une expertise pour trouver les meilleures solutions à ces problématiques qui ont émergé depuis la généralisation et qui persistent aujourd’hui encore. Selon nos informations, l’ANAM veut mieux cerner le régime, connaître les attentes des populations cibles et surtout disposer d’une base à partir de laquelle elle puisse donner un nouveau souffle au Ramed. Ce sera aussi un énième appel aux intervenants, ministères (Santé, Intérieur et Agriculture) ainsi qu’aux structures sanitaires d’accueil à réagir aux urgences. L’expertise en question vise à faire remonter l’information au niveau de la pratique quotidienne pour mettre en place l’approche la plus conforme aux besoins et la plus optimale, prenant en compte les contraintes financières et logistiques du système de santé marocain dans son ensemble.


L’effet masse du Ramed

La généralisation du Ramed a permis d’améliorer considérablement les chiffres de la couverture médicale de base au Maroc. La population immatriculée a contribué ainsi à l’augmentation du taux de couverture médicale passant de 16% en 2005 à près de 54% aujourd’hui.

Cette évolution est poursuivie avec la mise en œuvre récemment du régime d’assurance maladie obligatoire des étudiants et surtout par les démarches législatives pour mettre en place l’AMO des travailleurs indépendants et professions libérales. C’est une dynamique positive qui a remis le social au centre des préoccupations bien que la qualité des prestations continue de poser problème. Incontestablement, la généralisation du Ramed se heurte à la qualité de l’accueil au niveau des hôpitaux ainsi qu’aux procédures administratives. Le vrai défi serait de tenter une mise à niveau des structures sanitaires de bases combinée à une formation du personnel aux spécificités de la couverture médicale de base. 


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