Projet de loi de Finances 2017 : Boussaïd maintient le cap
Les grandes orientations du projet de loi de Finances 2017 viennent d’être dévoilées par le ministre de l’Économie et des finances. Dans l’ensemble, pas de grands bouleversements à prévoir pour l’heure en attendant le passage de témoin avec le prochain gouvernement. L’adoption du prochain budget intervient en effet dans un contexte électoral qui impactera nécessairement sur le processus.
Il ne faut pas s’attendre à un traitement de choc dans le cadre de l’élaboration du projet de loi de Finances (PLF) pour l’exercice prochain. C’est en tout cas ce que laissent transparaître les grandes orientations déclinées, en fin de semaine dernière, par le ministre de l’Économie et des finances. Après avoir exposé la situation de l’exécution de la loi de Finances en cours lors du dernier Conseil du gouvernement, Mohamed Boussaïd, a répété l’exercice devant les membres de la Commission des finances des deux chambres du Parlement.
C’était une occasion pour le grand argentier d’ébaucher les grandes lignes du budget 2017 dont le processus d’élaboration est déjà bien avancé. La traditionnelle lettre de cadrage du chef de gouvernement a déjà été envoyée aux différents départements ministériels et dans quelques semaines, ceux-ci seront tenus de soumettre leurs programmations au ministère du Budget. Selon les premiers détails donnés par le ministre Boussaïd, les principales priorités du PLF 2017 seront axées autour de l’accélération industrielle afin de poursuivre la mise en œuvre de la transformation structurelle de l’économie nationale, le renforcement de la compétitivité du tissu productif, la promotion des investissements privés ainsi que la valorisation du capital humain et la réduction des disparités sociales et territoriales.
En somme donc, les grandes orientations du PLF 2016 vont être reconduites alors que les opérateurs attendent de véritables mesures visant à accélérer la dynamique de croissance du PIB, qui va encore marquer un coup cette année avec des prévisions de 2% selon les scénarios les plus optimistes, c’est-à-dire ceux du gouvernement. Il va sans dire qu’il va falloir attendre la publication du PLF dans le détail pour appréhender le véritable impact de certaines mesures comme celles relatives à la réforme fiscale ou au taux d’investissement public et se faire une idée de ce que 2017 nous réserve.
Orientations générales
Le ministre Mohamed Boussaïd est d’ailleurs attendu ce mercredi pour aborder de nouveau avec les parlementaires le budget 2017 dans le cadre du renforcement de la participation parlementaire dans l’élaboration de la loi de Finances. C’est une nouveauté qui a été intégrée dans la dernière loi organique des Finances (LOF) mais il ne faut pas s’attendre à de grands débats au-delà des aspects politiques. Les explications que donne le ministre tombent dans l’ensemble dans la catégorie des généralités qui ont été ressassées ces derniers temps, et dont les résultats se font encore attendre, même si, selon plusieurs analyses du HCP comme du FMI ou de la BAD, l’économie nationale est sur la bonne voie.
Ainsi, pour ce qui est de l’accélération de la transformation structurelle de l’économie, elle se fera par le biais du renforcement du Plan d’accélération industrielle (PAI) et des exportations. De ce fait, les mesures du PLF 2017 s’attèleront à consolider davantage la dynamique des métiers mondiaux du Maroc (MMM) ainsi que d’autres secteurs d’exportation, à l’image du textile et des industries manufacturières, avec une attention particulière portée aux secteurs agricole et de la pêche maritime. La transformation de l’économie passe en effet par le secteur agricole avec l’intensification des efforts déployés dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), qui seront au besoin ajustés et valorisés.
L’objectif, selon Boussaïd, sera de diversifier la valeur ajoutée agricole et réduire sa dépendance aux conditions climatiques. Le secteur des services sera également visé par les nouvelles mesures annoncées afin de le réorienter vers des activités à haute valeur ajoutée capables de créer davantage d’opportunités d’emplois. «Pour ce faire, il faudra exploiter les opportunités offertes par les accords de libre-échange signés avec différents partenaires internationaux et tirer profit des excellentes relations avec les pays du Conseil de coopération du Golfe et les pays d’Afrique subsaharienne», a expliqué le ministre.
Poursuite des réformes
Le ministre de l’Économie et des finances a également annoncé que le PLF 2017 comportera de nouvelles mesures destinées à poursuivre le vaste chantier de l’amélioration du climat des affaires avec la mise en œuvre du Plan de réforme de l’investissement dont les grands axes ont été récemment validés en Conseil des ministres et présentés au roi : la lutte contre l’évasion fiscale et l’importation de produits contrefaits. Sur un tout autre registre, Boussaïd a évoqué la poursuite des efforts de l’État afin de renforcer le développement des grandes infrastructures, de soutenir les secteurs de l’immobilier et de la logistique dans le but de renforcer la compétitivité de l’économie nationale et attirer les investissements privés. Last but not least, le ministre Boussaïd n’a pas manqué de rappeler les engagements du gouvernement à poursuivre la mise en œuvre de la réforme des retraites, de la Caisse de compensation ainsi que du régime fiscal.
D’autres réformes aussi sont attendues, notamment celle de la fonction publique et du régime des changes, conformément à l’accord que vient de valider le FMI au profit du Maroc dans le cadre du renouvellement de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Dans l’ensemble donc, il s’agit d’un PLF avec des ambitions maintenues et qui constituera l’héritage du gouvernement actuel, en fin du mandat, à la prochaine équipe à qui reviendra la responsabilité de le mettre en œuvre, avec des possibilités de retouches, en cas de besoin…