Procès de Gdim Izik : Les représentants des victimes se soulèvent
Les défenseurs des droits des victimes dénoncent la subjectivité de certains observateurs étrangers qui instrumentalisent le procès pour défendre les thèses des séparatistes. Les gages d’un procès équitable ne doivent en aucun cas se transformer en «une subversion médiatico-judiciaire contre la souveraineté marocaine au Sahara».
Les pro-séparatistes qui ont tenté de faire attiser le brasier du procès de Gdim Izik gesticulent. Alors qu’ils ont multiplié les coups de lobbying à la veille de l’entame du procès, les faits ont témoigné contre eux lorsque les conditions d’un procès équitable ont été respectées et que, plus encore, des organes internationaux en ont attesté. De la cinquantaine d’observateurs accrédités pour le suivi du déroulement du procès, cinq ont fait preuve d’un manque de neutralité apparent si bien que le collectif pour la défense des victimes de Gdim Izik est monté au créneau. Hier, par voie d’un communiqué au ton ferme, ce collectif est venu rappeler à ces observateurs, et donc aux séparatistes, que leur instrumentalisation politique de ces audiences est désormais chose établie.
Le collectif reproche à ces observateurs d’avoir «ignoré» sciemment les garanties offertes par le Maroc pour un procès équitable. Ce même collectif rappelle, en outre, que «ce nouveau procès n’est possible que par une décision de justice marocaine, celle de la Cour de Cassation qui a renvoyé le dossier devant une juridiction criminelle de droit commun et non plus militaire, ce qui constitue une preuve évidente de son indépendance». Et d’ajouter que «le Maroc a, par ailleurs, volontairement pris le risque, par souci d’équité et d’équilibre, d’un nouveau procès avec d’obligatoires retombées médiatiques négatives, en acceptant de plus la présence d’observateurs internationaux, dont il y a lieu de noter qu’ils ne partagent pas tous l’avis de ceux d’entre les défenseurs qui s’entêtent à crier au loup». C’est que, souligne la même source, «ceux qui contestent les aveux et dénoncent des tortures sont les mêmes qui mettent en doute la mort de 11 personnes, dans des conditions inhumaines, et 70 blessés, au mépris de la dignité humaine et du respect du aux morts».
D’ailleurs, «Est-ce légitime de dénigrer la politique marocaine dans le seul but de tenter de voir acquitter des criminels?», s’interroge le collectif. Pour les avocats, «plus le royaume du Maroc donne des gages de volonté d’un procès plus équitable, plus il est soupçonné et accusé», se révolte le collectif. Ce procès ne doit pas se retourner contre ceux qui l’ont rendu possible, rappellent ces juristes, qui appellent l’opinion publique à dénoncer «cette inversion de la vérité. Il ne peut devenir une subversion médiatico-judiciaire contre la souveraineté marocaine au Sahara».
Preuves à l’appui…
Ce plaidoyer prend d’autant plus de poids qu’il se trouve appuyé par les constats des observateurs qui ont préféré la neutralité à l’asservissement à la cause séparatiste. Preuve en est que le Forum Canario-sahraoui (FOCACA), pour ne citer que lui a fait une sortie tonitruante hier lorsqu’il a assuré que toutes les conditions d’un procès équitable ont été respectées. Dans un communiqué diffusé à ce titre, le FOCASA affirme que les audiences publiques et le respect des droits de tous les accusés dans ce procès «montrent que le Maroc est un État de droit jouissant d’un système judiciaire juste et fiable, qui a été reconnu comme tel par des organisations internationales de renommée prenant part à ce procès». Même si les accusés se sont opposés au visionnage des images filmées des crimes horribles et des comportements barbares pour lesquels ils sont poursuivis, les faits sont là et ne peuvent être occultés, poursuit FOCASA, relevant que ces actes barbares ont scandalisé les observateurs internationaux et les juristes de tous bords. L’attitude joviale «indigne» affichée au tribunal par les accusées, qui tentent de se présenter comme victimes, dénote un mépris total de leur part de la souffrance des familles des vraies victimes des évènements de Gdim Izik, déplore encore l’ONG canarienne.
L’ONG espagnole, basée aux îles Canaries, a rappelé par ailleurs que ce procès concerne le meurtre de 11 personnes, des membres des forces de l’ordre marocaines, dont l’assassinat a causé «un préjudice irréparable et a provoqué des séquelles psychologiques à leurs familles, qui sont elles aussi des victimes des crimes commis». De son côté, dans un article d’opinion publié dans le média français «opinion-internationale.com», Maître Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris et Observateur international, , qui a assisté à l’audience de lundi, a estimé que «les Français pourraient être étonnés de la liberté qui est ainsi accordée aux avocats d’interrompre le président et le ministère public, de les interpeller sur des points de procédure, et sur la capacité qu’ils ont à planifier les différentes étapes du procès», a-t-il fait remarquer ajoutant que d’autres observateurs étrangers de tradition française comme des Belges ou Anglo-saxone comme des Anglais et des Américains «ont partagé mon étonnement». Et d’ajouter qu’au moment où les parties civiles, touchées gravement tant par la disparition d’êtres chers que par les conditions particulièrement atroces dans lesquelles ils ont été abattus et souillés, expriment une très ferme volonté de réhabilitation et de mémoire, «la défense, engagée dans une pensée politique, refuse cette logique judiciaire et utilise le procès comme une caisse de résonance». Une opinion qui abonde dans le même sillage que celle de Me Abdellatif Ouammou, avocat représentant la partie civile dans l’affaire Gdim Izik.
Ce juriste a en effet indiqué, mardi, à l’issue de la 9e audience de ce procès qu’il «n’y a pas moyens de s’échapper de cette affaire en essayant de se justifier par de faibles arguments», ajoutant que le tribunal est en cours de rassembler tous les éléments afin d’aboutir à une décision équitable. Il a également fait savoir que les témoins, les procès-verbaux (PV), les vidéos des événements, les expertises médicales, les différents PV judiciaires et l’enquête préliminaire et détaillée, constituent des preuves «qui nous engagent à une lecture attentive et profonde des événements pour parvenir à la vérité».
Brahim Rachidi
Avocat à Casablanca
Depuis lundi dernier, le tribunal continue l’interrogatoire des accusés. Les audiences se déroulent normalement, de même que toutes les conditions d’un procès équitable sont réunies avec un plein respect des droits des accusés et des victimes. Certains incidents sont remarqués, mais ils proviennent du fait que certains accusés ont pris la décision délibérée de ne pas répondre aux questions de la partie civile et évidemment ceci remet en cause le principe d’un procès contradictoire qui est essentiel. La 2e remarque à faire est que certains accusés prennent le prétoire comme une tribune pour véhiculer les thèses séparatistes du Polisario, sans oublier que certains observateurs, qui sont une minorité, émettent des communiqués ou des comptes rendus qui manquent d’objectivité. Ils sont à peu près 5 ou 6 observateurs, parmi eux 3 avocats, qui ne retracent pas la réalité du déroulement du procès sur les 50 qui assistent aux audiences. Heureusement, la majorité des observateurs et des juristes rendent compte des conditions normales du procès et du respect de la présomption d’innocence durant toutes les étapes».
Flash back
Pour contextualiser, rappelons que la Chambre criminelle près l’annexe de la Cour d’appel à Salé a repris, mardi, l’interrogatoire des accusés dans les événements du camp de Gdim Izik, qui ont dû répondre aux questions de l’avocat de la partie civile, l’avocat des accusés et du parquet général. Les événements de Gdim Izik, survenus en octobre et novembre 2010 avaient fait 11 morts et 70 blessés parmi les forces de l’ordre et quatre parmi les civils, ainsi que d’énormes dégâts matériels au niveau des établissements publics et des biens privés d’autrui. Le tribunal militaire de Rabat avait prononcé, le 17 février 2013, des peines allant de 20 ans de prison ferme, à la perpétuité contre les personnes impliquées dans cette affaire. Les accusés dans cette affaire ont été poursuivis pour constitution de bandes criminelles et violences sur les forces de l’ordre ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité. Jugés une première fois par le tribunal militaire, les 25 prévenus ont obtenu l’annulation de la décision par la Cour de cassation (27 juillet 2016), qui les a renvoyés devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Rabat, devant laquelle ils sont actuellement jugés.