«Nous avons franchi une étape cruciale»
Yanja El Khattat, président de la région Dakhla-Oued Eddahab
Le 18 juillet, les membres du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab ont validé le Programme de développement régional (PDR) 2016-2021. Selon Yanja El Khattat, une étape cruciale a été franchie avec l’adoption du PDR qui constituera une feuille de route pour le développement de la Région. Reste toutefois, selon le président de la Région Dakhla-Oued Eddahab, de surmonter les difficultés du financement.
Les Inspirations ÉCO: Que représente la promulgation du PDR par le Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab ?
Yanja El Khattat : L’adoption du PDR est un nouveau départ pour le Conseil régional et constitue une feuille de route qui insufflera une forte dynamique au développement de toute la région. Cette étape cruciale suit le lancement du Programme de développement intégré (PDI) lancé par le roi Mohammed VI.
La question des ressources financières a suscité un vif débat au sein du Conseil régional. Les 27 MMDH accordés à la Région sont-ils suffisants pour mener tous les projets prévus dans le PDR ?
D’abord, il faut rappeler qu’il y a un partenariat liant la Région à l’État, en vertu duquel ce dernier s’est engagé à soutenir financièrement Dakhla-Oued Eddahab entre 2016 et 2017. Grâce à ce soutien financier, la région bénéficiera des subventions prévues par les articles 186, 187 et 188 de la loi organique n°111.14 relative aux régions. En outre, et afin de trouver les financements adaptés à l’ampleur des projets prévus par le PDR, nous opterons pour les fonds que les établissements de crédit, comme le Fond d’équipement communal (FEC) mettent à la disposition de la région. Nous avons aussi adopté une approche participative pour conclure des partenariats avec tous les intervenants (ministères, institutions publiques et secteur privé) afin de mener à bien tous les projets et les chantiers du PDR.
Quels sont les obstacles susceptibles de freiner l’exécution du PDR ?
Les déséquilibres territoriaux figurent parmi les principaux obstacles qui peuvent nous empêcher de mener à bien le PDR. En effet, la plus grande partie de la population et des activités économiques de la région sont concentrées dans la ville de Dakhla. Aussi, la superficie de la région et le manque d’infrastructures, malgré les avancées considérables réalisées, compliquent notre mission. Mais nous avons aujourd’hui une vision claire de ce que devra être l’aménagement du territoire et le développement de la Région. En ce qui concerne les problèmes liés au financement, notre stratégie, qui consiste à diversifier nos moyens financiers, nous permet de les surmonter.
Quelle est votre solution pour désenclaver la région et avez-vous mis en place une stratégie de transport afin d’y arriver ?
Nous avons scellé un partenariat avec RAM et plusieurs autres partenaires afin de renforcer la liaison aérienne entre les villes de Dakhla, Casablanca, Agadir et Laâyoune. Dakhla est actuellement reliée à Casablanca à raison de sept vols hebdomadaires, avec une moyenne d’un vol par jour. Pas plus tard que la semaine dernière, un huitième vol a été ajouté et, en septembre prochain, deux vols supplémentaires renforceront la desserte entre les deux villes. Même avec les quatre vols hebdomadaires qui sont programmés entre Laâyoune et Dakhla, nous avons senti, au cours de certaines périodes de l’année, une montée de la pression vu la dynamique que connaît la région grâce à son essor touristique et l’arrivée des investisseurs. Sur le plan international, le Conseil régional a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Binter Canarias afin d’assurer la liaison entre les Îles Canaries et Dakhla. Cet accord entre dans le cadre de l’ouverture de la région sur son environnement régional et mondial. Nous comptons dupliquer cette expérience et continuer sur la même voie en signant des conventions de partenariat avec d’autres acteurs mondiaux de l’aérien.
La Région est très proche de la frontière mauritanienne. Comment comptez-vous exploiter cet atout pour dynamiser les échanges entre les deux pays, surtout dans certains secteurs comme la pêche ou le commerce ?
La Région Dakhla-Oued Eddahab, limitée au Sud et à l’Est par la Mauritanie, est la porte du royaume vers l’Afrique subsaharienne. Le poste-frontière Guergarate, qui lie les deux pays, connaît une grande affluence quotidiennement. Plusieurs secteurs représentent une réelle opportunité pour le développement des relations commerciales entre le Maroc et la Mauritanie. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, la pêche maritime, le commerce, l’agriculture, l’éducation ou encore le tourisme. Notre ambition consiste à faire de la région une plateforme d’échanges commerciaux et de dialogue avec l’Afrique subsaharienne. Cette ambition est conforme aux orientations royales, qui envisagent de faire de cette région un hub économique et une porte du Maroc vers l’Afrique subsaharienne.