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Médias. Que lisent les millennials marocains ?

Unicef Maroc, en partenariat avec le Comité Parité et diversité 2M, a présenté jeudi une étude sur le thème «Enfants, jeunes et médias au Maroc». L’étude a permis de dresser le profil type d’un millennial marocain. Détails.

Le paysage médiatique national a connu une profonde mutation depuis le début des années 2000. Largement dominé par la presse audiovisuelle et écrite, il subit depuis quelques temps une profonde mutation marquée par la montée en puissance du numérique. Cette transformation numérique change les médias, de même que le rapport des millennials à la société. L’étude «Enfant, jeunes et médias au Maroc», réalisée par Unicef Maroc en partenariat avec le Comité Parité et diversité 2M, vient présenter une analyse globale de la situation des enfants dans les médias au sein du pays. Elle dresse aussi les habitudes de consommation des médias par les jeunes. En se basant sur une approche pluridisciplinaire, «l’objectif final est de présenter un tableau complet de la présence médiatique de la thématique de l’enfance dans les médias du royaume et de l’usage qu’en font les enfants et les jeunes», expliquent les auteurs de l’étude. Pour cette raison, trois recherches distinctes -mais complémentaires- ont été menées pour produire l’étude. L’enquête quantitative de ladite étude a été réalisée par questionnaire, structurée et auto-administrée en ligne. Inclusif, l’échantillon est composé de 600 jeunes âgées de 15 à 34 ans, associant aussi des enfants en situation difficile. La cible est constituée de l’ensemble des personnes, alphabétisées ou non, hommes et femmes, âgées entre 15 et 34 ans, résidant en milieu rural, périurbain ou urbain, toutes CSP confondues, consommateurs de médias. La réalisation de l’étude a permis de brosser un tableau général de la situation de l’enfance dans les médias au Maroc. La revue documentaire des différents textes internationaux et nationaux relatifs à la protection de l’enfance dans les médias ainsi que l’analyse approfondie du contexte médiatique marocain ont permis de dresser une première série de constats en lien avec la thématique de l’enfance dans les médias. Ces conclusions ont pu être vérifiées auprès d’un public qualitatif composé de professionnels des médias et des droits de l’enfant. Ces deux approches ont été complétées par une analyse du contenu médiatique produit par les médias marocains durant une année.

Profil du millennial marocain
À travers son étude, Unicef Maroc a ainsi pu dresser le portrait du millennial marocain. La télévision (83%) et la presse digitale (82%), loin devant, ont les faveurs des jeunes au Maroc. La presse écrite continue de résister à la transition vers le numérique. De manière surprenante, la radio ne fait pas l’unanimité: seuls 46% affirment écouter la radio. L’analyse de l’Unicef montre que le millennial type au Maroc (homme ou femme) consacre 30 minutes par jour à regarder la télévision, surtout en soirée (après 19h), chez lui. Notre millennial préfère de loin les productions médiatiques étrangères, occidentales ou arabes, (51%) par rapport aux productions audiovisuelles nationales (24%). Un choix justifié notamment par la qualité de ces contenus (artistique et technique). Le millennial au Maroc n’a pas un contact régulier avec la radio. Lorsqu’il l’écoute, il le fait généralement le matin, via son mobile. Il/elle a aussi un contact moyen avec la presse écrite papier. Ils sont 58% à déclarer la lire et 36% à lui consacrer moins d’une heure par jour. Le millennial marocain se connecte en majorité à Internet depuis son mobile. Le temps consacré à Internet dans la journée est important: 66% des jeunes se connectent pour une durée de plus d’une heure. La soirée est le moment d’accès privilégié (après 19h). Par ailleurs, le premier usage que font les jeunes d’Internet est la connexion aux réseaux sociaux (29%). Globalement «les activités d’échange», chat et messagerie, totalisent 47% des pratiques. Les «activités d’informations» (recherche d’infos, aller sur des sites et publier sur un blog) arrivent en deuxième position avec 34% des réponses. Le jeune utilise de manière intensive les réseaux sociaux. 28% des jeunes utilisent ces outils pour une durée prolongée, entre 1 et 2 heures/jour. Sans surprise, Facebook et WhatsApp arrivent en tête des réseaux sociaux les plus utilisés. Instagram et Snapchat continuent de progresser fortement chez ces jeunes. Le millennial lit la presse digitale. 72% des jeunes déclarent lire régulièrement ce média. 54% de cette population consacre moins d’une heure par jour à cette pratique médiatique.

Analyse environnementale
L’analyse documentaire du contexte normatif marocain renseigne sur la conformité de la législation marocaine avec les conventions internationales que le pays a ratifiées. Le secteur audiovisuel a été plus prolifique en matière de production de normes précises, sous la houlette de la HACA. Le secteur de la presse écrite, quant à lui, ne dispose pas encore de normes précises en matière de protection de l’enfance. «La profession compte sur le Code déontologique de la profession et la Charte de Munich ainsi que le futur Conseil supérieur de la presse pour auto-réguler ses pratiques médiatiques», explique l’étude. Par ailleurs, l’étude annonce que l’encouragement d’expériences d’observation des pratiques médiatiques liées à l’enfance sont à même de renforcer le respect des droits de l’enfant dans les médias. Ces exercices renforcent la reddition des comptes des médias vis-à-vis de la société et permettent de créer des moments d’interaction entre les médias et les différentes parties de la société sur ces questions, tout en proposant des ajustements/améliorations des médias. Par ailleurs, le secteur du digital échappe à toute forme de régulation, spécialement sur les réseaux où le pays est tributaire des décisions des grands acteurs internationaux du secteur digital en termes de protection de l’enfance. Pour leur part, les professionnels des médias et des représentants de la société civile mettent l’accent sur l’insuffisance des contenus médiatiques proposés au jeune public.
L’observation des contenus médiatiques montre, de manière générale, la prédominance des contenus liés aux événements, aux agendas institutionnels et actualités «chaudes» au détriment d’informations visant la sensibilisation des enfants et des parents. Une faible implication des enfants spécialement dans la presse écrite est aussi notée. Les grilles des programmes de la télévision indiquent un faible volume de productions destinées aux enfants et un déséquilibre entre les missions de divertissement et d’éducation, avec la prédominance des programmes de bandes dessinées étrangers par rapport aux émissions éducatives. Dans un autre registre, l’analyse des indicateurs du marché des TIC et du niveau de pénétration des réseaux sociaux permet d’émettre plusieurs observations, notamment la quasi-généralisation de l’équipement en mobiles dans le rural et l’urbain et la prédominance de l’Internet mobile dans les régions marocaines. Ainsi, l’utilisation des réseaux sociaux et le chat sont les principales activités des mobinautes marocains. De ce fait, l’accès quotidien aux réseaux sociaux s’avère être plus important pour les jeunes de 15 à 29 ans. 



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