Maroc-Turquie : 11 ans d’un partenariat laborieux
L’accord de libre-échange avec la Turquie a bouclé ses 11 années en janvier dernier. Le Maroc s’en sort avec une balance commerciale extrêmement déséquilibrée ainsi qu’une multiplication des affaires de défense commerciale.
Avec la Turquie, les échanges commerciaux n’ont pas toujours été de bonne facture pour le Maroc. Après 11 années de libre-échange, le Maroc connaît toujours un commerce instable et une balance commerciale largement déficitaire avec le pays d’Atatürk. Marchés publics, BTP, agroalimentaire, textile… La concurrence turque n’en finit pas de causer du souci aux opérateurs marocains, et des différends juridiques opposent de plus en plus les deux pays. Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie, le déficit de la balance commerciale n’a eu de cesse de se creuser. Après la fin du démantèlement tarifaire, la concurrence turque devrait prendre encore plus d’élan sur le marché marocain. Les premiers chiffres de l’échange bilatéral entre le Maroc et la Turquie pour l’année 2016 sont peu rassurants. À fin juin 2016, les importations s’étaient déjà inscrites à 9,5 MMDH, tandis que l’export se situait à seulement 3 MMDH. Tout porte à croire que cette dynamique commerciale s’est poursuivie durant le deuxième semestre de l’année.
Sur la balance…
Les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles auprès de l’Office des changes, mais les projections opérées sur l’année en cours présagent d’un export turc frôlant les 20 MMDH à fin décembre, ce qui correspond à une progression d’environ 25% par rapport à l’année dernière. L’export marocain, pour sa part, ne devrait pas dépasser les 6 MMDH, s’inscrivant au même niveau que celui des années précédentes. Le Maroc importe de la Turquie des demi-produits et de la matière première, profitant notamment des règles d’origine Paneuromed pour réexporter ces produits, une fois traités, vers l’Union européenne. Il importe également des voitures industrielles, des tracteurs et des réfrigérateurs domestiques. Le royaume exporte principalement, vers la Turquie, de l’acide phosphorique. La Turquie est le 4e pays importateur mondial de ce type de produit à partir du Maroc.
Les importations turques concernent également la pâte à papier et les phosphates. Des voix commencent à s’élever auprès des professionnels afin de stopper la déferlante. C’est le cas notamment de l’industrie textile qui a entamé une étude pour réunir les preuves de l’existence de pratiques anticoncurrentielles. Les acteurs de l’agroalimentaire connaissent également des difficultés sur le marché national à cause de la multiplication des produits turcs, amplifiée par l’implantation de grandes chaînes de distribution sur le marché marocain. Des requêtes antidumping sont en cours de traitement par l’administration marocaine, à l’instar du dossier des réfrigérateurs turcs, objet d’une enquête depuis mars dernier. Une procédure de surveillance a d’ailleurs été activée par le département chargé de la défense commerciale.