Maroc-Suède : «Les médias suédois ignorent les détails de la question du Sahara»

Dans une interview accordée à Arabnyheter.info, Amal Belcaid, chargé des affaires à l’ambassade du Maroc à Stockholm, revient sur les contre-vérités des médias suédois.
Le chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc à Stockholm, Amal Belcaïd a estimé que l’opinion publique suédoise dispose d’une image éloignée de la réalité, concernant la question du Sahara, et que les médias suédois reflètent les thèses qui datent de l’époque de la guerre froide. Le diplomate marocain a ajouté, dans un entretien accordé au site «ArabNyheter», que les séparatistes n’ont pas les fondements d’un État que sont le territoire, une population et un gouvernement. Les camps de Tindouf sont devenus un terreau fertile des groupuscules terroristes et des réseaux de trafic de drogue de traite des personnes, et il est inimaginable qu’un État comme la Suède défendrait la thèse de création d’un État dans le Sud du Maroc. Stockholm devra honorer ses engagements en tant qu’acteur important au sein de l’UE.
Toute action de la Suède en tant qu’État est toujours claire. Amal Belcaïd fait référence à des courants bien déterminés au sein des partis politiques et des ONG qui poussent vers des prises de position qui ne favorisent nullement la paix et la sécurité dans la région. Le Maroc dispose de relations avancées avec l’UE et a donné des preuves de ses bonne foi et efficacité face à la menace terroriste, comme en atteste la coopération avec la France et la Belgique. Il est temps que les responsables suédois prennent en considération le volet sécuritaire dans l’équation des relations mutuelles. Deuxièmement, le Maroc est considéré comme un espace sûr et stable pour les investissements étrangers. C’est un pays qui a aussi l’ambition de construire le grand Maghreb et qui sera une force non négligeable au niveau régional et qui se propose comme un pont vers entre les pays du Sud et l’Europe.
Le projet d’autonomie
Concernant la place des provinces du Sud au sein du système politique marocain, Belcaid a expliqué que «le Maroc a proposé le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, ce qui est en soi un grand pas et découle d’une philosophie de pouvoir qui est très développée. C’est une solution démocratique qui permet à tous les groupes sociaux qui ont des spécificités d’ordre culturel, institutionnel et économique d’obtenir une autonomie vis-à-vis de l’autorité centrale. Le projet d’autonomie permet également à l’État de conserver sa souveraineté, ce qui représente une solution de compromis. C’est dans ce cadre que le Maroc a présenté le plan d’autonomie, qui est un mode de gouvernance connu au sein de l’Europe avec plusieurs zones qui suivent ce modèle. Le soutien des séparatistes sera la traduction de la politique des «deux poids deux mesures», dans la mesure où l’indépendance est acceptée en Afrique du Nord et refusée en Europe! Il faut savoir aussi que l’idée de l’indépendance pourrait éventuellement séduire le peuple des Samis qui vit au nord de la Suède, sans que cela signifie que cette idée soit fondée.
Des courants
Le diplomate marocain a insisté sur le fait que le soutien des séparatistes reste une idée qui divise plusieurs courants politiques, alors que le gouvernement suédois a exprimé clairement qu’il n’a aucune intention de reconnaître un État au Sahara. Cette position est dictée par ses engagements internationaux, et nous savons tous que le parti social démocrate qui forme la majorité gouvernementale est à l’origine de l’appel à reconnaître les séparatistes. Il y a eu des agissements au sein du Parlement suédois qui demandaient au gouvernement de franchir ce pas, sans que l’Exécutif suive vu les contraintes liées à l’appartenance à l’UE. La communauté européenne considère en effet que le Sahara est une zone de conflit et que, historiquement, elle a toujours été marocaine. De plus, la prétendue RASD n’est reconnue que par 33 pays, dont la majorité sont non démocratiques, et aucun d’eux n’est ni membre de l’UE, ni un membre permanent au sein du conseil de sécurité. Il n’existe pas de terre nommée «Sahara Occidental», du moment que tous les États d’Afrique du Nord disposent d’une zone saharienne au Sud, sans que cela ne pousse à les nommer «Sahara central» et enfin «Sahara oriental», sachant que l’ensemble de ces zones sont peuplées par des groupes qui ont leur spécificités locales et culturelles.
En tant que pays à forte tradition historique, où se positionne le Maroc?
Dans ce contexte, ajoute le diplomate marocain, «nous vivons une nouvelle ère dans laquelle le Maroc est ouvert sur son environnement régional et international , vu que l’État au Maroc existe depuis 12 siècles. Cet héritage politique et institutionnel est enraciné dans le cœur et la mémoire des Marocains; c’est pourquoi il faudra prendre en considération la spécificité de la société marocaine, dans la mesure où le Maroc a mis en place un État central avant nombre de pays européens». Pour lui, la symbiose de la monarchie et du peuple a toujours été un rempart infranchissable contre les tentatives de déstabilisation du pays et, «en tout sincérité, nous n’avons rien à cacher et nous espérons renforcer nos relations avec le royaume du Suède qui a plus de 250 ans». Il cite notamment les énergies renouvelables comme domaine où le Maroc a besoin de l’expertise suédoise.
Embargo médiatique
Belcaid a profité de l’occasion pour dévoiler l’embargo médiatique dont souffre l’Ambassade du Maroc par les médias suédois, ce qui donne l’impression que ces médias n’accordent aucune importance aux réactions du Maroc et à ses propositions. Toujours est-il que des journalistes suédois intègres sont sur le terrain, mais ils ne forment qu’une minorité. La majorité des analyses font dans la propagande anti-Maroc, et les Marocains résidant en Suède, au nombre de 15.000, éprouvent une certaine amertume chaque fois qu’ils lisent les journaux suédois ne rapportant que l’avis d’une seule partie.