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Maroc-Nigeria : Le souverain scelle le partenariat sur le gazoduc

Près de 6 mois après l’annonce du méga-projet de gazoduc Maroc-Nigeria, les deux pays concrétisent leurs ambitions par la signature de plusieurs accords et confirment la solidité du nouvel axe Rabat-Abuja. Il s’agit notamment de l’accord signé entre l’ONHYM et la Compagnie pétrolière nigériane. Il fixe les modalités de gouvernance du projet du gazoduc Nigeria-Maroc ainsi que le planning des études de faisabilité et d’ingénierie.

Le roi Mohammed VI a présidé, lundi au Palais royal à Rabat, la cérémonie de signature d’accords relatifs au projet de gazoduc Nigeria-Maroc et à la coopération maroco-nigériane dans le domaine des engrais. La conclusion de ces accords, quelques mois seulement après la visite du souverain au Nigeria (décembre 2016), est une nouvelle preuve de la solidité du nouvel axe Rabat-Abuja.

Ingénierie et faisabilité
Un premier protocole d’accord a porté sur les modalités de gouvernance du projet de gazoduc Nigeria-Maroc, le planning des études de faisabilité et d’ingénierie, ainsi que les droits et obligations des parties à ce partenariat gagnant-gagnant. Il a été signé entre l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et la Compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC). Il prévoit notamment la réalisation d’une étude de faisabilité sur une durée d’une année, sous la supervision d’un «comité de pilotage» géré par les entreprises publiques. Neuf mois supplémentaires seront nécessaires pour l’ingénierie et la conception, à l’issue desquels le projet pourra débuter. Ce gazoduc devrait parcourir près de 4.000 kilomètres et traverser une dizaine de pays pour, à terme, être connecté au marché européen. Il pourrait bénéficier à 300 millions d’habitants. Il permettra notamment d’accélérer les projets d’électrification dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest, servant ainsi de base pour la création d’un marché régional compétitif de l’électricité. Il est également pensé comme un outil d’intégration et un instrument de développement régional qui vient répondre au besoin croissant de l’Europe de diversifier ses sources d’énergie.

Sécurité alimentaire
Un deuxième accord a été signé lundi dernier entre le groupe OCP et l’Association nigériane des producteurs et fournisseurs d’engrais (FEPSAN). Il vise le «renforcement des capacités de production et de distribution d’engrais au Nigeria». Il marque la seconde phase du partenariat lancé en décembre entre Rabat et Abuja dans le domaine agricole. Il prévoit entre autres des transferts de savoir-faire et la prospection de réserves de phosphates dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Nigeria.

Le nouvel accord jette les bases de ce partenariat à long terme qui contribuera à améliorer la productivité agricole et à favoriser la sécurité alimentaire et le développement rural. Il vient s’ajouter à ceux conclus, lors de la dernière visite du souverain au Nigeria entre, d’une part, le groupe OCP et, d’autre part, l’Association des producteurs et fournisseurs d’engrais du Nigeria et le groupe Dangote Industries. Ainsi, le partenariat entre le Groupe OCP et Dangote Industries Limited (voir notre entretien exclusif avec le PDG du groupe nigérian Aliko Dangote dans notre édition du 11 avril 2017) permettra la création d’une plateforme africaine intégrée de production et de distribution des engrais qui desservira la région dans son ensemble et, de là, contribuera au développement et à la modernisation du secteur agricole, à l’accroissement du rendement des terres et à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs africains.

Le partenariat entre les deux pays concernera l’ensemble de la chaîne de valeur agricole, partant de la mise en place de solutions fertilisantes adaptées à la nature des sols et des cultures nigérians, à la disponibilité des engrais sur le marché nigérian et à la mise en place de mesures d’accompagnement auprès des agriculteurs locaux (Mobile School Labs, Agribooster). La coopération à ce niveau participera également à la modernisation du secteur de l’agriculture, à travers notamment le développement d’une plateforme de produits chimiques Basics, l’utilisation d’engrais de qualité adaptés aux sols et aux cultures nigérians. À ce titre, une collaboration entre l’autorité souveraine d’investissement nigériane et le Groupe OCP portera sur la prospection et la valorisation des réserves de phosphates existant dans les États du Nigeria (Sokoto, Ogun, Edo, Imo). Ce dernier bénéficiera ainsi de l’expérience et de l’expertise marocaine pour développer le secteur des phosphates.

Expertise
En somme, les accords signés lundi devant le gouvernement marocain au complet et l’ensemble du corps diplomatique marquent une nouvelle étape dans le rapprochement entre le Maroc et le Nigeria, entamé fin 2016, un mois avant le retour réussi du royaume au sein de l’Union africaine (UA). Les relations entre Rabat et Abuja ont longtemps été marqués par un froid en raison du soutien désormais révolu du Nigeria aux causes séparatistes. Ce rapprochement entre le Maroc et ce dernier devrait également aller dans le sens de l’adhésion prochaine du Maroc à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Nigeria est l’un des grands piliers économiques et commerciaux. D’ailleurs, cette question devrait être examinée dans le cadre du prochain sommet de l’organisation qui aura lieu en juin au Liberia. Rappelons que le Maroc a fait montre d’une grande maîtrise dans la gestion des dossiers de financement de ce type de projets y compris auprès de grands bailleurs de fonds. Il a également une grande expertise dans la réalisation de projets d’infrastructures tant au Maroc que dans plusieurs pays d’Afrique. Le royaume a aussi une grande expérience dans le continent à travers plusieurs investissements privés et publics. Le Maroc met également en avant l’application du principe du win-win pour l’ensemble des pays concernés.


Soutien africain

Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria est sans doute l’un des plus grands coups de maître de la diplomatie économique marocaine de ces dernières années. Le royaume est non seulement parvenu à gagner un nouvel allié – traditionnellement proche de l’Algérie et des mouvements séparatistes – mais aussi à damer le pion à l’Algérie qui ambitionne depuis 2002 de concrétiser un tel projet. En attendant les résultats de l’étude de faisabilité, difficile de déterminer les modalités d’exécution de ce projet, ni même de connaître l’ensemble des parties prenantes. Tout au plus sait-on que le projet de Gazoduc africain atlantique permettra l’acheminement du gaz des pays producteurs, comme le Nigeria, vers l’Europe en faisant bénéficier toute l’Afrique de l’Ouest de cette dynamique. Le Maroc aurait toutefois déjà recueilli l’engagement de plusieurs pays africains dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore la Guinée. D’ailleurs, plusieurs représentants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de membres du corps diplomatique accrédité à Rabat et de plusieurs hautes personnalités africaines ont assisté à la cérémonie de signature des accords tenue lundi dernier. 


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