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Listes électorales : Polémique sur les jeunes et les femmes

La liste nationale qui a permis en 2011 à 30 jeunes de moins de 40 ans de siéger à la Chambre basse du Parlement semble aujourd’hui remise en cause. La tendance est vers l’annulation de ce mécanisme, selon une source au sein de la majorité.

Àquelques mois des élections législatives du 7 octobre, le débat sur le quota dédié aux jeunes à la Chambre des représentants est remis au goût du jour. Faut-il maintenir la liste nationale des jeunes instaurée pour la première fois aux élections législatives anticipées de 2011 ? Selon une source au sein de la majorité, la tendance est vers l’annulation de ce mécanisme, considéré comme une rente politique. L’Exécutif serait en train de réfléchir à amender l’article 23 de la loi organique relative à la Chambre des représentants en guise de réponse à la polémique déclenchée récemment autour de la retraite des parlementaires, notamment les jeunes parmi eux.

Si cela se confirme, le gouvernement devra se livrer à un nouveau bras de fer serré avec certaines composantes de l’opposition qui défendent bec et ongles «la discrimination positive envers les jeunes». Abdelkader El Kihel, membre du comité exécutif du parti de l’Istiqlal et député de la liste nationale, estime qu’il serait aberrant de supprimer ce mécanisme qui a permis d’insuffler une nouvelle dynamique à la Chambre des représentants durant cette législature, soulignant que sa formation politique ne lâchera pas du lest et mènera «une bataille» pour maintenir cet acquis. «Il est inconcevable de légiférer en se basant sur une logique conjoncturelle», précise-t-il. L’opposition semble divisée autour de cette question. La présidente du groupe parlementaire du parti Authenticité et modernité à la Chambre des représentants Milouda Hazeb, qui n’a pas la langue dans la poche, n’hésite pas à pointer du doigt le clientélisme ayant prévalu sur le mérite lors de la sélection des profils de la liste nationale. Elle souligne la nécessité de former les jeunes au sein des formations politiques pour qu’ils puissent se porter candidats sur les listes locales.

Rappelons que l’ex-président du groupe du PAM, Abdellatif Ouahbi, abonde dans la même veine. Il a même appelé à plusieurs reprises à supprimer le mécanisme de la liste nationale dédiée aux jeunes car il estime que ces derniers doivent s’imprégner, en premier lieu, de l’action politique afin qu’ils puissent développer leurs compétences avant de passer à l’étape de prise de décision au sein du Parlement. L’expérience actuelle des jeunes parlementaires mérite d’être objectivement évaluée avant de prendre une décision finale autour de ce mécanisme, d’après des députés contactés par les Inspirations ÉCO.

Certains de ces jeunes ont brillé par leurs interventions aussi bien au sein de l’hémicycle que dans les médias alors que d’autres ont été «effacés et quasiment absents et n’ont pas ainsi marqué de leur empreinte l’action parlementaire bien qu’ils croient qu’ils ont la science infuse», pour reprendre l’expression d’un parlementaire de la majorité blanchi sous le harnais qui souhaite garder l’anonymat pour éviter, dit-il, de s’attirer les foudres de ses collègues. De l’avis des observateurs, le bilan de l’expérience des jeunes députés reste globalement mitigé. Le tableau dressé n’est pas totalement alarmant. Quelques jeunes parlementaires s’avèrent, en effet, être de véritables militants qui maîtrisent bien les rouages de l’action politique. Certains se sont même vu confier des responsabilités au sein de l’institution législative. C’est le cas de Rachid Roukbane qui mène le groupe parlementaire du parti du livre et qui est aussi le coordinateur de la majorité au sein de la Chambre des représentants.

Pour sa part, le Pamiste Mehdi Bensaid préside la prestigieuse Commission des affaires étrangères. Mais, ce n’est pas pour autant que le mécanisme de quota qui a une nature «temporaire» devra être maintenu, selon les partisans de la suppression de la liste nationale qui pensent que la balle est dans le camp des partis politiques, pour faire émerger de nouvelles élites en cooptant les profils adéquats. Certains plaident pour la nécessité de capitaliser sur ce qui est positif tout en corrigeant ce qui est négatif. Dans ce cadre, de nouveaux mécanismes peuvent être mis en place pour promouvoir l’action politique des jeunes au sein du Parlement comme la reconsidération du mode de scrutin à travers notamment la limitation des mandats, selon la députée progressiste Nouzha Skalli. Le PPS a d’ailleurs toujours plaidé en faveur d’une liste nationale dédiée aux cadres sans limitation d’âge ou de sexe.

L’épreuve du renforcement de la représentativité féminine
Contrairement à la liste nationale des jeunes, celle dédiée aux femmes semble recueillir l’unanimité sur le plan politique. Actuellement, le débat est axé sur l’éventuelle révision de la loi organique relative à la Chambre des représentants pour permettre à celles qui ont déjà bénéficié de ce mécanisme de pouvoir décrocher encore une fois ce sésame. Cette aspiration de certaines parlementaires est critiquée de part et d’autre en raison de la nécessité du renouvellement des élites même au sein de la gente féminine. Le sujet figure à l’ordre du jour de la Commission thématique de l’égalité et de la parité au sein du Parlement, comme le souligne Nouzha Skalli : «Plusieurs femmes même celles qui ne comptent pas se présenter aux élections sont convaincues qu’il faut réviser l’article 5 de la loi organique relative à la Chambre des représentants car la liste nationale est la seule issue permettant à la gente féminine d’accéder au Parlement». Les femmes des partis politiques commencent déjà à se positionner auprès des instances décisionnelles internes. La bataille n’est pas gagnée d’avance. Le choix des «militantes» fait toujours grincer des dents.

En effet, l’expérience a démontré que la démocratie interne n’était pas souvent respectée au sein de la plupart des formations partisanes. Nombreuses sont celles qui se sont vues écartées à cause du clientélisme et du copinage. Mais, ce n’est pas pour autant que le système de quota devra être annulé selon le mouvement féminin, qui aspire au renforcement de la représentativité politique féminine. Difficile, en effet, de briser le plafond de verre..



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