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Les jeunes boudent la politique

Ils sont moins de 1% à adhérer à un parti politique ou un syndicat. Ils jettent leur dévolu sur le monde associatif. Un rapport du CESE apporte un éclairage pas très reluisant sur la situation des jeunes Marocains.

Le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur la jeunesse arrive à point nommé au moment où le gouvernement a clairement exprimé une nécessaire mobilisation pour répondre aux attentes de cette frange de la société. Intitulé «Une nouvelle initiative nationale intégrée pour la jeunesse marocaine», cet effort de réflexion et de proposition se veut une plateforme pour animer le débat. Et le CESE n’y va pas de main morte pour faire un constat plutôt préoccupant : représentant près du tiers de la population, les jeunes de 15 à 34 ans sont restés pour la plupart en marge de la croissance économique qu’a connue le pays au cours des dix dernières années, sans bénéficier équitablement des progrès économiques induits par cette dynamique de croissance.

Dans ce même ordre d’idée, le rapport pointe du doigt l’éducation et surtout l’orientation qui ne permet pas encore aux jeunes d’avoir des débouchés valables et viables. L’accès à des soins de qualité figure aussi parmi les attentes de ces jeunes. Une situation aggravée par l’addiction aux drogues et le tabagisme qui impactent négativement la santé psychologique et mentale des jeunes. Quant à l’employabilité des jeunes, elle se heurte à l’inadéquation entre la formation et les besoins d’un marché du travail en constante évolution. Fait marquant et pas moins regrettable, le taux de chômage chez les jeunes au Maroc augmente avec le nombre d’années d’étude. C’est ce qui explique le nombre de plus en plus important de ces bardés de diplômes qui cèdent aux sirènes de la migration.

En effet, le taux de chômage moyen des jeunes est de 20% malgré une croissance positive durant les dix dernières années. L’inclusion économique de la croissance n’est pas encore au rendez-vous.  Quant aux jeunes de faible niveau d’instruction, l’accès difficile à l’emploi, l’emploi précaire notamment dans l’informel et la faible participation dans la vie civique et sociale, les excluent de la dynamique sociétale et économique mais il y a encore un fait plus inquiétant : seulement 1% des jeunes adhèrent à un parti politique ou à un syndicat. Selon le rapport, cette désertion des formes traditionnelles de participation politique, matérialisée par un très faible taux d’adhésion aux syndicats et aux partis politiques, traduit une véritable crise de confiance entre les jeunes et les institutions politiques. Par contre, ils sont de plus en plus nombreux à jeter leur dévolu sur les associations. Ce manque d’espace laissé aux jeunes pour faire entendre leur voix et peser sur les décisions politiques est encore plus préoccupant pour les femmes, les jeunes issus du rural et ceux des milieux socio-économiques défavorisés. Quand bien même les stratégies sectorielles misent sur la jeunesse en tant que levier de développement, leurs actions restent sporadiques et manquent de synergie et donc d’impact. Si l’on se réfère au rapport du CESE, il en ressort l’absence de cadre stratégique commun pour les politiques dédiées à cette frange de la population.

De ce fait, les efforts publics restent confrontés à des défis importants en termes de cohésion et d’efficacité en l’absence d’une vision globale qui puisse les guider et orienter l’intervention et les efforts des acteurs concernés. Pour remédier à cette situation qui provoque un sentiment d’exclusion chez les jeunes, un travail de benchmark est nécessaire. Le rapport du CESE met en avant des success stories en Amérique latine. En Argentine, par exemple, l’inclusion digitale des jeunes a poussé le gouvernement à distribuer près de 2 millions de netbooks destinés aux élèves et enseignants du cycle secondaire public. En Bolivie, un programme d’autonomisation économique des jeunes femmes vivant dans l’extrême pauvreté afin de les aider à construire et consolider un patrimoine propre a donné ses fruits. En ayant accès aux biens productifs et à un revenu, ces jeunes femmes ont pu avoir accès à tous les droits que leur octroie leur statut de citoyennes. Le programme «Université pour tous» expérimenté au Brésil a permis à des jeunes en situation de pauvreté ou de précarité d’améliorer leur situation grâce aux études.   


Libérer les énergies

La messe est dite. Le CESE, à travers son rapport, estime qu’il est temps de proposer une nouvelle approche sous forme d’une initiative intégrée en faveur des jeunes. Il s’agit d’un canevas complet susceptible d’apporter des réponses aux attentes légitimes des jeunes d’une vie digne, de justice sociale, d’équité et de participation active à la dynamique de développement où chacun aurait la possibilité de libérer ses énergies et de réaliser son plein potentiel dans le cadre de l’égalité des chances. Il s’agit aussi d’améliorer leur niveau de bien-être. Le rapport insiste sur ces facteurs pour une jeunesse forte de son histoire et de ses valeurs, qui trace sa propre voie et avance en confiance, dans un monde ouvert et global.


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