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Les dessous d’un deal

La Société nationale de radio et de télévision (SNRT) renouvelle son contrat avec la Fédération royale marocaine de football (FRMF) pour être le diffuseur exclusif du foot national. Coulisses d’une négociation.

Les deux parties ont fait le strict minimum, en matière de communication, concernant ce nouveau contrat pour l’acquisition des droits de télévision exclusif au profit de la SNRT en contrepartie d’un montant de 420 MDH. Le 21 juillet, la FRMF a publié sur ses réseaux sociaux la nouvelle, en primeur. Elle sera confirmée par son président, Fouzi Lakjaâ, le 24 juillet. Depuis, rien ne filtre sur les détails de ce contrat entre la FRMF et le principal bailleur de fonds du football national. Le chèque annuel de la SNRT dépasse les versements reçus des autres entreprises publiques et sponsors du football national (BAM, CDG et OCP). Ce trio contribue annuellement avec un versement de 75 MDH pour chaque institution publique au budget de la fédération.

Le contrat et ses bonus
En l’absence de concurrence étrangère pour l’acquisition des droits TV du football national, les négociations entre les deux institutions étaient surtout «un moment pour améliorer l’existant», commente une source autorisée à la SNRT. Pour Zaki Lahbabi, DG de Transatlas Sport Management (TSM) et spécialiste du marketing sportif au Maroc, «le montant du contrat est un bon deal. C’est un soutien au football national», avance-t-il. Les négociations ont démarré une année avant l’échéance du précédent contrat. Grâce à ce partenariat qualifié «d’historique», la SNRT s’offre des bonus, hors contrat. «Nous avions couvert le CHAN. Ce sont 120 personnes qui ont été mobilisées par la société publique durant trois semaines pour assurer la retransmission de la compétition sur tout le continent», explique ce haut responsable au sein du pôle public audiovisuel. En contrepartie, ce partenariat permet aussi des suppléments intéressants à la SNRT: «Le 12 août, nous allons retransmettre le match de la Supercoupe d’Espagne qui se jouera à Tanger sur Arridiaya. C’est la FRMF qui a négocié pour nous ces droits, sans avoir à payer de droits TV», continue notre source.

Mission de service public
Sur le plan financier, le montant du contrat a été revu à la hausse par un «petit» 5 MDH. «La FMRF a demandé plus, mais nous ne pouvions pas dépasser le montant actuel. Le coût de production d’un week-end de football est énorme. D’autant plus que, chaque année, nous sommes obligés d’investir pour améliorer la qualité de notre production», argumente ce haut responsable. La SNRT n’arrive pas encore à rentabiliser sa mise annuelle de 105 MDH d’investissements. «Je ne dirais pas que c’est un contrat win-win, mais nous sommes plutôt dans une mission de service public et de soutien au football national», précise-t-il. Les recettes de la SNRT tirées des droits TV du football national se composent de deux catégories. La première est la vente d’une partie des droits à d’autres chaînes à l’étranger. «Nous avons un contrat de trois ans avec BeIn Sport qui se terminera en 2020. Il nous permet une rentrée d’argent de 1,5 million de dollars par an à la SNRT », affirme notre source. La deuxième source de recettes pour la SNRT est la vente d’espaces publicitaires TV. «Le marché publicitaire est encore trop ciblé sur les deux grands clubs de Casablanca. À cela s’ajoute le fait qu’on n’ait pas de nouveaux entrants en matière de publicité pour le football«, regrette-t-il. Un constat que ne partage pas Lahbabi, patron de TSM: «Le produit foot à la télé n’est pas bien commercialisé. Le foot a besoin d’être valorisé avec une image positive et de l’attractivité», martèle ce marketeur du sport. Et d’insister: «La réalisation technique des matchs doit être revue. Les moyens actuellement mobilisés ne sont pas suffisants pour mettre en valeur un match de football. On ne peut pas continuer à filmer un match avec 6 caméras». Au sein de la SNRT, on évoque la situation des infrastructures sportives qui ne permettent pas une réalisation optimale des matchs. Dans plusieurs stades marocains, les équipes TV ne peuvent assurer une retransmission avec plus que 6 caméras. Il s’agit notamment des stades d’Oued Zem ou Khouribga. «Nous avons aussi des contraintes liées à la sécurité de nos équipes dans les stades, ce qui nous empêchent d’avoir des caméras derrières les buts», rappelle notre source. 

La bonne nouvelle pour la SNRT et sa chaîne sportive: l’engouement actuel permet de drainer des annonces publicitaires. «Quand l’équipe nationale marche bien, on peut faire 2 à 3 MDH par match», rappelle notre source à la SNRT. D’ailleurs, lors de la dernière campagne victorieuse des qualifications à la Coupe du monde en Russie, la régie publicitaire de la SNRT a doublé son chiffre d’affaires sur les matchs des Lions de l’Atlas. Pour doper ses recettes et la visibilité de son produit foot, la SNRT a misé sur le digital. «La SNRT démarre très fort sur ce canal. Ils font un nombre de vues élevé sur le contenu digital», observe Lahbabi de TSM. Un risque plane sur le produit foot cette année: la baisse du niveau de la Botola. «Plusieurs stars de la Botola l’ont quittée pour des championnats étrangers. Nous craignons une baisse du niveau des compétitions nationales après une année de regain d’intérêt vis-à-vis du football local», conclue-t-il.


La SNRT mène la guerre au piratage

«Chaque semaine, nous bloquons une centaine de pages Facebook et autant de chaînes YouTube qui diffusent illégalement le championnat marocain», annonce ce responsable à la SNRT. Cette lutte contre la violation des droits exclusifs de la SNRT est menée de pair avec Google et Facebook. «Nous avons une personne en charge de gérer notre relation avec ces acteurs. Nous n’avons pu établir ce contrat qu’après avoir attesté, documents à l’appui, que nous étions les seuls à détenir les droits du football national», souligne cette source.


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