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Les chiffres du «Villes sans bidonvilles»

La majorité des bénéficiaires des programmes de relogement est satisfaite du voisinage, de l’emplacement, des services rendus… Toutefois, la propriété chez les femmes reste très faible avec un taux de 19% et la volonté de parité est presque impossible à réaliser.

Seules 19% des femmes bénéficiaires des programmes de relogement sont propriétaires. C’est pratiquement le seul point négatif qui ressort de l’Enquête nationale d’évaluation d’impacts du programme Villes sans bidonvilles (VSB) sur les conditions de vie des ménages, présentée hier au ministère de l’Habitat à Rabat. En effet, malgré tous les efforts du ministère et son partenaire pour cette enquête, ONU Femmes, les hommes continuent d’accaparer la propriété des logements familiaux, issus des projets VSB. L’accès à la propriété pour les femmes est un sujet de grande préoccupation. À telle enseigne que le ministère avait réfléchi à imposer un système de propriété conjointe entre l’homme et la femme avant de s’en détourner de peur que l’option freine complètement le programme de relogement dans son ensemble.

Avancées
Dans la pratique, il y a tellement de voies que les hommes empruntent pour imposer leur propriété d’un bien à l’origine destiné au ménage. Toutefois, hormis ce phénomène à la peau dure, l’enquête a révélé des zones plutôt lumineuses du programme VSB, souvent critiqué, à tort ou à raison. Elle tombe à point nommé dans un temps où l’on tambourine beaucoup au sujet de la qualité des constructions. Surtout l’affaire des bâtiments n’ayant pas respecté les critères de sécurité à Tamesna et qu’Al Omrane, de par son statut, a pris à sa charge de détruire. Nabil Benabdallah s’est fait un point d’honneur de battre en brèche presque toutes les critiques, chiffres à l’appui. Le ministre de l’Habitat et de la politique de la ville a, dans ce sens, expliqué que 97,5% des ménages bénéficiaires ont exprimé un sentiment de stabilité dans leurs nouveaux logements. Ce sentiment s’ajoute à celui d’élévation sociale et de dignité, mais aussi de richesse relative. Car ils estimaient globalement la valeur de leurs anciennes baraques à 60.000 DH et évaluent aujourd’hui le logement acquis à 300.000 DH.

Contrairement donc aux critiques qualifiant ces entités urbanistiques de casiers en bétons dépourvus des services de base, l’enquête lève le voile sur une appréciation, de la part des concernés, diamétralement opposée. S’ajoute à cela que 84% des bénéficiaires sont satisfaits de l’emplacement des projets de recasement ou de relogement. «Au pire des cas, ces sites de relogement se trouvent à 15, voire 20 km, des centres urbains. Étant donné que les villes s’étendent sur les périphéries, ce phénomène est tout à fait normal et toléré», lance Benabdallah. Par ailleurs, 92,7% sont satisfaits des relations de voisinage, ce qui écarte les hypothèses sur une recrudescence de l’insécurité et l’incivisme au sein des quartiers de relogement. Par contre, 48,2% ne sont pas heureux quant à la durée d’exécution des projets.

Toutefois, le rendu est plutôt consolant, dans la mesure où l’accès à l’eau potable est à 85,5%, à l’électrice (93,4%) et à l’assainissement (92,8%). S’ajoute à cela que 92,7% des sondés bénéficient du service de collecte des ordures ménagères. Il reste en effet encore des quartiers de recasement, à l’intérieur même des grandes villes, où il faut se rendre à la fontaine publique pour s’approvisionner en eau. D’autres indicateurs sont éloquents lorsque l’on creuse un peu le niveau de vie des Marocains relogés. L’on constate ainsi, selon l’enquête, une baisse du taux de pauvreté de presque 49% à 28,3%, une baisse du taux de chômage de 27,3 à 23,5% et une baisse aussi de l’incidence des maladies de 5,7 à 4,1%. Le recours aux structures de santé pour consultation médicale a doublé, passant de 32,5 à 64,8%. Ce sont là des améliorations que l’on trouve, peu ou prou, chez les autres couches sociales.

Corrélation
L’on se bat, comme l’a reconnu le ministre, depuis plusieurs années, pour faire baisser le taux de chômage au niveau national, en vain. Le même raisonnement est valable pour le taux de propriété qui est le plus élevé, au niveau des bénéficiaires des programmes VSB, soit 92,5%. Pour Leila Rhioui, représentante d’ONU Femmes-Maroc, l’enquête s’inscrit dans la dynamique d’évaluation des politiques publiques. L’objectif escompté est d’identifier et d’analyser les inégalités entre hommes et femmes. C’est justement la raison pour laquelle la perspective du genre a bien été respectée dans la méthodologie de l’enquête. Et Rhioui d’ajouter que ce travail permet d’avoir une base de données, par genre, sur plusieurs aspects de la vie quotidienne des bénéficiaires des programmes VSB. 



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