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«L’enjeu aujourd’hui est d’ouvrir les portes de la formation aux jeunes non diplômés»

Myriam El Khomri, ministre française du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social

En visite de travail au Maroc, jeudi et vendredi derniers, Myriam El Khomri a signé avec son homologue, Abdeslam Seddiki, une déclaration d’intention de coopération entre le Maroc et la France dans les domaines de l’emploi et du travail, notamment en matière de santé et de sécurité. Un moment fort qui renseigne sur le mûrissement du partenariat entre les deux pays dans le domaine de l’emploi et de la formation. Inutile de rappeler l’accompagnement constant de l’Agence française de développement pour tout ce qui a trait à l’excellence en formation depuis la mise en place de l’Institut de formation aux métiers de l’automobile à Tanger et récemment de celui sur les énergies renouvelables. Aujourd’hui, une importance particulière est accordée au renforcement des mécanismes du dialogue social et des relations professionnelles. Il s’agit notamment de la négociation collective et la résolution des conflits, la modernisation du système d’inspection et la promotion de la santé et de la sécurité dans les milieux du travail.

El Khomri a expliqué dans ce sens qu’il faut anticiper les changements dans le monde du travail et ne pas les subir. Elle a mis l’accent sur la dignité au travail qui ne peut se réaliser sans un environnement qui garantisse la santé et la sécurité, mais aussi l’épanouissement personnel. Un comité de pilotage aura comme mission de définir les pré-requis d’un emploi de qualité qui garantisse aux jeunes et aux femmes un accès durable au marché du travail. L’autre approche qui devra profiter au Maroc à l’avenir, c’est le concept de bassins de l’emploi qui rapproche l’offre des besoins territoriaux. Dans cette perspective, le rôle des collectivités territoriales sera déterminant tout autant que les autres structures régionales liées directement ou indirectement à l’emploi.

Les Inspirations ÉCO : Quels sont aujourd’hui les enjeux de l’emploi durable au Maroc et les partenariats possibles avec la France ?
Myriam El Khomri : J’ai beaucoup discuté avec mon homologue marocain sur cette question. Le Maroc a beaucoup de force en termes de développement économique notamment dans sa région africaine. La question, c’est comment faire pour que cette croissance soit riche en emplois. La qualité de l’emploi, à savoir les conditions de travail et les niveaux de rémunération, est aujourd’hui un sujet majeur. L’enjeu essentiel, c’est la jeunesse marocaine diplômée pour laquelle il est question d’accélérer l’accès à l’emploi. Importante aussi est la jeunesse non diplômée pour laquelle il faut un niveau de qualification pour un emploi durable. Surtout que le contexte aujourd’hui est marqué par une forte robotisation du travail. L’autre enjeu essentiel au Maroc, c’est l’emploi des femmes qui reste un sujet central. Là-dessus il y a un travail de partenariat entre la France et le Maroc, notamment sur la question qui nous est posée concernant les conditions de travail. On peut partager une certaine expertise autour de la prévention en matière de santé et de sécurité au travail. C’est justement l’esprit de la lettre d’intention que nous avons signée. Puis, il y a une forte volonté d’accélérer l’accès à la formation professionnelle. L’AFD par le système de prêt bonifié a mis en œuvre plusieurs projets au Maroc. C’était le cas en septembre 2015 lors de la pose de la première pierre de l’Institut des énergies renouvelables. C’est dire comment justement l’on se projette dans l’avenir et que nous arrivons à développer les formations pour aller capter de nouveaux marchés de développement économique.

Dans l’industrie de l’automobile, premier secteur exportateur au Maroc, la question de la formation acquiert une grande importance. Dans quelle mesure la France et le Maroc peuvent-ils capitaliser sur le facteur qualification ?
Votre question est très importante. Je me suis rendu à l’Institut de formation sur les métiers de l’automobile à Tanger et j’ai constaté l’effort qui y est mené. La FAP qui est un établissement public en France et qui a beaucoup de partenariat à l’international s’y rendra. Une équipe est déjà venue en septembre dernier et une deuxième sera à nouveau ici pour former les formateurs dans certains métiers. Je crois qu’il y a un enjeu majeur qui est celui du développement de l’apprentissage au profit des jeunes et de faire de la qualification et de la formation avec des mises en situation professionnelle. Donc il y a une expertise qui prend forme, combinée à la création de centres dédiés dans un secteur d’avenir.

Quelles sont aujourd’hui les possibilités pour l’Anapec au Maroc de profiter de l’expertise de Pôle emploi ?
Pôle emploi et l’Anapec travaillent ensemble notamment sur une action spécifique en direction des jeunes qui ne sont pas diplômés. En France, nous avons mis en place un système, à savoir l’accueil et l’accompagnement individualisés des jeunes. On se concentre sur les jeunes en faisant le lien avec la formation. Cela veut dire que les agents de Pôle emploi comme les agents de l’Anapec doivent connaître les systèmes de formation pour pouvoir orienter les jeunes mais connaître aussi les besoins des entreprises car l’enjeu n’est pas de former pour former mais de former utile selon les besoins en compétences exprimés par les entreprises. C’est comme cela que l’on anticipe l’avenir. Tout l’enjeu aujourd’hui, c’est d’avoir un accompagnement pour les jeunes qui sont les plus loin du marché de l’emploi car ils n’ont pas assez de niveau de qualification et les orienter vers les bonnes portes de formation là où il y a des secteurs qui auront une difficulté de recrutement. Ensuite, il y a des améliorations à apporter au niveau de la formation en hôtellerie et restauration concernant tout ce qui a trait au management intermédiaire sur les ressources humaines. Il y a un vrai besoin d’expertise et d’accompagnement dans ce champ là pour faciliter l’employabilité des jeunes sur le marché du travail.

Y a-t-il du nouveau pour la situation des Français qui travaillent sous CDI au Maroc par rapport à la fin de leur permis de travail ?
Il y a un travail que nous avons fait par rapport à la situation de certains Français qui ont un CDI. Mais lorsque leur permis de travail prend fin, ils sont licenciés sans indemnités alors qu’ils devraient être liés avec leur CDI. Il y a donc un travail pour aller sur le rôle du juge bien évidemment. Mais il y a aussi un travail au niveau des administrations pour prendre en compte le caractère indéterminé du contrat pour qu’il n’y ait pas d’injustice par rapport à cela lorsqu’un Français contracte un CDI, pour que ce soit ce contrat là qui prime dans le cadre des différentes procédures. Il y a un échange dans ce sens entre administrations qui se passe dans un climat fructueux.


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