Formation du gouvernement : L’heure de verdict
Les pourparlers autour de la formation du gouvernement devraient prendre fin aujourd’hui ou demain. La réconciliation entre le RNI et l’Istiqal conditionnera l’issue des tractations.
Le délai demandé par Benkirane lors de la réunion tripartite tenue avec les leaders du RNI et du MP prend fin, ce qui suppose une prise de décision dès aujourd’hui à propos des partis qui formeront la majorité. L’épilogue de la polémique autour du leader de l’Istiqlal ainsi que la position adoptée par les membres du secrétariat général du PJD lors de leur réunion samedi dernier laissent présager un bouclage des pourparlers autour des participants au nouvel Exécutif. À l’issue de la réunion du parti de la lampe, Abdelilah Benkirane a déclaré que son parti «attendait un communiqué officiel du parti de l’Istiqlal après la session extraordinaire de son conseil national», sans donner d’autre détail sur l’impact de la décision prise par Hamid Chabat.
La confirmation, par le parti de la balance, de sa participation au gouvernement ainsi que du soutien de ses députés au sein de la Chambre des représentants au futur gouvernement forme une occasion en or pour le chef de gouvernement désigné en vue de mettre un terme au blocage qui empêchait jusqu’à présent un rapprochement des vues avec le RNI. Contactés à plusieurs reprises suite à la publication de la position de l’Istiqlal, plusieurs membres du secrétariat général se sont abstenus de tout commentaire, préférant «attendre les réunions programmées aujourd’hui avec les partis qui seront au sein du nouveau gouvernement», se contente d’indiquer un député du parti chargé de construire une nouvelle alliance durable pour les 5 prochaines années.
À l’ordre du jour de cette étape des pourparlers figurent le statut des partis concernés au sein du gouvernement, mais aussi celui de la Chambre des représentants. Le désistement de Hamid Chabat aura un impact certain sur les scénarios de distribution des portefeuilles ministériels ainsi que sur les visées des cinq partis les plus proches, actuellement, de l’accord sur la présidence de la Chambre des représentants. Sur ce point, les négociations seront plus serrées, vu que l’homogénéité requise pour s’assurer la présidence de la première chambre n’a pas encore été atteinte par les 5 partis, qui devront dès aujourd’hui rattraper le temps perdu, déclarations de Chabat sur la Mauritanie obligent.
Une situation plus complexe?
Du côté de l’allié indéfectible, le PPS, la solution qui sera trouvée devra à la fois «rester fidèle aux positions de principe qui ont été prises, tout en prenant en compte les évolutions enregistrées et qui dépassent de loin le cadre interne partisan», indique Nabil Benabdellah à l’issue de la réunion avec Benkirane sur la position finale à adopter avant de passer à l’étape de la répartition des responsabilités et la conception du programme gouvernemental. Le leader du parti du livre a aussi affirmé qu’il partage avec Benkirane «le même souci, tout en œuvrant à trouver des solutions de compromis avec les autres parties». Le renfort apporté par le PPS n’empêche pas pour autant d’atténuer la complexité de la situation, même après le désistement de Chabat.
Les pourparlers qui devront clôturer les tractations s’annoncent rudes entre les partis concernés afin de trouver un terrain d’entente entre l’Istiqlal et le RNI qui devront collaborer au sein du nouveau gouvernement. La position du parti de la colombe affichée à l’endroit du Parti de l’Istiqlal n’est pas près d’être oubliée par les membres de ce dernier, qui s’accrochent toujours à leur «droit» de participer au nouveau gouvernement, ayant été le premier parti à avoir annoncé sans hésitation et sans condition son alliance avec le PJD.
Nabil Benabdellah
Leader du PPS
Nous étions depuis des semaines dans une situation complexe, qui s’est davantage complexifiée. La position à laquelle nous nous sommes attachés est celle qui veut que le Parti de l’Istiqlal figure au sein du gouvernement. Il y avait des prises de position de la part de Benkirane, en tant que SG du PJD et chef de gouvernement désigné, pour que l’Istiqlal participe au gouvernement. Nous avons considéré que cette prise de position devait être respectée, tout en cherchant des solutions médianes et à aboutir à un compromis avec les autres parties. Nous souhaitons avoir plus de visibilité et pouvoir parvenir à une solution pour sortir de cette crise politique qui ne doit pas être aggravée, de quelque manière que ce soit. Telle est la position que nous partageons avec Benkirane, en vue de rester fidèles aux positions que nous avons prises, tout en prenant en considération les dernières évolutions».