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Flexibilité du dirham : La transition sera graduelle et ordonnée

La réforme du régime de change devrait, selon toute vraisemblance, être menée au cours de cette année 2017. Alors que l’inquiétude monte chez certains opérateurs, Bank-Al-Maghrib se veut rassurant. La transition se fera de manière contrôlée suivant plusieurs étapes et se prolongera pendant plusieurs années.

La transition vers un régime de change flexible se fera de manière progressive et contrôlée. C’est ce qu’ont promis les hauts cadres de Bank-Al-Maghrib dans le cadre d’un point de presse organisé récemment pour préparer le lancement du chantier de la réforme du régime de change. Une réforme qui devrait être entamé au second trimestre de l’année 2017. «Il faut généralement compter entre 7 et 15 ans pour qu’une réforme de ce type soit effective», lance d’emblée Mounir Razki, directeur responsable des opérations monétaires et de change au sein de Bank Al-Maghrib (BAM). Les expériences menées par plusieurs pays en ce domaine, démontrent que la transition peut prendre plusieurs années. «Nous allons essayer de le faire en moins de temps, mais nous ne nous précipiterons pas, la transition sera graduelle et contrôlée», explique Razki. Il faut dire que le Maroc entame cette réforme de manière choisie et non forcée comme ce fut le cas pour plusieurs pays durant cette dernière décennie (Turquie et plus récemment, Égypte).

L’objectif, à terme, étant de passer d’un régime de change fixe, vers un régime flottant où les taux seront déterminés par la seule règle de l’offre et de la demande sur le marché des changes. Concrètement, le régime des taux de change flottants ou flexibles ne comporte pas de parité officielle entre les différentes monnaies. Pour fixer la valeur d’une monnaie, les autorités ne se basent pas sur une valeur étalon, ni sur un panier de monnaies (comme c’est le cas pour le Maroc actuellement) mais sur un taux de change qui varie librement sur le marché des changes en fonction de l’offre et de la demande.

Stratégie d’anticipation
La Banque centrale semble s’acheminer dans un premier temps vers un régime de flottement administré dans lequel Bank-Al-Maghrib interviendra de façon coordonnée pour informer le marché des taux de change souhaités. Une option privilégiée par plusieurs pays émergents, dont la Chine. Dans le système actuel de change fixe, BAM satisfait l’ensemble des besoins en devises des opérateurs, sans limite et sans ajustement sur le prix. Cela permet donc aux opérateurs de payer leurs fournisseurs en devises (euro ou dollar) selon un régime de change plus ou moins fixe. La parité du dirham fluctuant tout de même à l’intérieur d’une bande inférieure de +/-0,3% de part et d’autre du taux central. Un tel régime permet donc d’assurer une certaine stabilité du taux de change qui demeure contrôlé et surveillé par la Banque centrale, mais n’offre aucune garantie dans le cas d’un choc externe. Dans le cas d’une crise financière, d’un ralentissement des mouvements commerciaux et financiers, d’une hausse des prix des matières premières ou d’une catastrophe naturelle, un impact important sur le flux de capitaux et par ricochet sur le marché des changes pourrait avoir lieu. Dans le cadre d’un régime de change fixe, toute importante fluctuation devra être compensée sans délai par la Banque centrale en puisant dans ses réserves de change, ce qui fragilisera l’économie du pays et surtout réduira drastiquement ses avoirs en devises étrangères.

Relâcher la pression
Selon le FMI, un taux flexible offre toutefois une meilleure protection contre les chocs extérieurs tout en conférant une plus grande indépendance à la politique monétaire. Dans le cas d’un choc brutal intervenant dans le cadre d’un régime de change flottant, ce sera à la règle de l’offre et de la demande de prendre le dessus. «Si la demande concernant une devise est importante en comparaison avec les stocks existants sur le marché de change national, sa valeur augmentera. Si la demande est faible par rapport à l’offre en devise, la valeur de cette devise baissera», explique dans un langage quasi-didactique Razki à l’occasion du point de presse visant à vulgariser les concepts. Le système ciblé par BAM dans le cadre d’un régime de change flottant, permettra l’adjudication des devises au prix demandé avec un montant prédéterminé en euro ou en dollar. BAM interviendra donc aux extrémités de la bande de fluctuation du taux de change (limites dans lesquelles le taux de change peut fluctuer) et occasionnellement à l’intérieur de la bande. Grâce aux bandes de fluctuations, les autorités monétaires ne doivent pas intervenir constamment sur le marché pour maintenir la parité mais seulement pour empêcher la monnaie d’en sortir.

Dans ces limites, le taux de change effectif sera déterminé par les forces de l’offre et de la demande et est empêché d’en sortir par des interventions officielles sur le marché des changes. Techniquement, BAM ne fera dans un premier temps que lâcher quelque peu du lest en élargissant les bandes de fluctuations et en laissant faire le marché.


Vulgarisation

BAM a décidé de mener une large campagne de communication à l’adresse des médias, du secteur privé, des partis politiques et des ONG en cette phase préparatoire au lancement de la réforme. Ainsi, BAM prévoit plusieurs actions d’accompagnement et de sensibilisation. Des réunions sont prévues avec le secteur bancaire pour la présentation de la réforme du régime de change, l’échange sur l’impact de la transition sur les activités des banques et celles de leur clientèle et l’évaluation globale de leur degré de préparation. Plusieurs réunions sont également prévues avec la CGEM pour l’étude de l’impact de la transition sur les activités des opérateurs économiques. Sont également prévues des réunions avec les établissements publics ayant une importante exposition au risque de change.


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