Élections françaises : On s’arrache la 9e circonscription !
Après la brouille provoquée ces derniers jours par la candidature de Leila Aïchi pour la 9e circonscription sous la bannière de La République en marche (LREM), le nom de M’jid El Guerrab a refait surface dans un arrêté ministériel publié lundi dernier. Résultat, les deux candidats se disputeront la légitimité pour porter les couleurs de LREM.
«Le comité En Marche! de Casablanca, le plus important comité d’Afrique, a exprimé à l’unanimité son soutien à la candidature de M’jid El Guerrab (photo) dans le cadre de la majorité présidentielle à l’occasion des élections législatives du 4 et du 18 juin dans la 9e circonscription des Français de l’étranger», peut-on lire dans le communiqué publié lundi 15 mai par le comité En Marche! de Casablanca. De quoi jeter davantage de confusion dans cet imbroglio de la scène politique française. On rembobine !
Flash back
Jeudi 11 mai, la première liste des candidats aux législatives sous l’étiquette de La République en marche annonce l’investiture de Leila Aïchi pour la 9e circonscription. Rapidement, cette candidature provoque l’émoi au Maroc en raison des positions politiques «pro-Polisario» de la députée du MoDem. De son côté, le comité En Marche! Maroc crie au scandale et mobilise les comités du Sénégal, de Tunisie, de Côte d’Ivoire et d’Algérie pour barrer la route à la candidature de Leila Aïchi. En effet, la sénatrice de Paris est définitivement considérée comme non légitime ainsi que «clivante» par le comité, faits qui viendraient théoriquement biaiser le principe démocratique des élections si la candidate venait à maintenir sa candidature. Seulement, techniquement, le retrait de la candidature de cette dernière ne pourrait émaner que du parti lui-même.
Un fauteuil pour deux
Pourtant, c’est M’jid El Guerrab qui était pressenti pour être le candidat En Marche!, et pour cause: l’homme a une longue histoire avec le parti du nouveau président et son ancrage en Afrique du Nord. Connu comme l’un des fondateurs du mouvement au Maroc, M’jid El Guerrab a accompagné Emmanuel Macron lors de chacun de ses déplacements dans la circonscription (Algérie et Tunisie), et l’a aidé à y convaincre les Français expatriés. Le communiqué du comité d’En Marche! de Casablanca indique qu’il «a travaillé aux côtés d’Emmanuel Macron sur la laïcité et le vivre-ensemble. Il a su créer une dynamique forte en Afrique à travers notamment le lancement d’une grande marche africaine pour porter le projet d’Emmanuel Macron». Il serait donc responsable de l’importance du mouvement En Marche! dans la région, arrivé premier dans la 9e circonscription des Français de l’étranger au deuxième tour de l’élection présidentielle, et plébiscité à 92% au Maroc. M’jid El Guerrab figure sur la liste publiée dans un arrêté ministériel du 15 mai qui en fait officiellement le candidat de la 9e circonscription, avec Samia Kaspi en suppléante.
Un «craquèlement» des macronistes d’Afrique ?
L’élément qui vient changer la donne, c’est la candidature «libre» de M’jid El Guerrab, qui a rempli de son côté les formalités administratives pour se présenter en même temps que la candidate choisie par le parti d’Emmanuel Macron. Par ailleurs, il faut, pour avoir une compréhension complète de l’affaire, savoir que la neuvième circonscription des Français établis hors de France comprend seize pays d’Afrique de l’Ouest: Algérie, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Tunisie. Néanmoins, un tiers des Français inscrits vivent au Maroc. Leur refus de voter pour Leila Aïchi pourrait faire basculer la 9e circonscription à droite ou à gauche, dont les courants sont représentés respectivement par Erwan Davoux et Didier le Bret. Par ailleurs, le référant d’En Marche Maroc, Hamza Hraoui, a publié un tweet dans la soirée du 15 mai qui vient confirmer la confusion liée aux deux candidatures. Il affirme en effet être pour le moment «En lien étroit avec les comités LREM du Sénégal, de Côte d’Ivoire. Nous prendrons une décision commune les prochaines 48 heures».