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Élections espagnoles : Le Sahara au cœur des débats

En cette période de campagne électorale chez les voisins ibériques, les Inspirations ÉCO a décortiqué le programme électoral des quatre candidats à la présidence du gouvernement espagnol. La question du Sahara est le seul thème sur lequel les principaux partis politiques espagnols se sont expliqués longuement.

Dimanche 26 juin , les Espagnols ont une nouvelle fois rendez-vous avec les urnes, à quelques mois seulement de la célébration des élections générales, suite à l’échec du parti socialiste PSOE à former un gouvernement de coalition. Malgré le poids que revêt le Maroc dans les relations bilatérales et la floraison d’accords de coopération qui unissent les deux pays, le royaume reste le grand absent des débats entre les candidats à la direction du prochain gouvernement espagnol, de coalition à coup sûr. Pour jeter la lumière sur le devenir des relations bilatérales, les Inspirations ÉCO a épluché les programmes électoraux des quatre importantes formations politiques qui auront leur mot à dire dans le choix du prochain chef du gouvernement espagnol: le PP, le PSOE, Ciudadanos et Podemos.

Le PP campe sur son argumentaire
Dans son programme électoral, le «Partido Popular» (PP), parti au pouvoir, reprend son discours actuel, axé principalement sur une présence en force au Maghreb. Le PP admet que la priorité de la politique extérieure de l’Espagne est l’espace maghrébin et les voisins du Sud méditerranéen. Sans nommer expressément le Maroc, le PP propose de resserrer les liens économiques, politiques, sociaux et culturels avec ces pays du Sud, «des sociétés fondamentales pour l’Espagne». Concernant le Sahara, «nous continuerons à défendre une position qui maintienne le rôle central des Nations Unies et qui prévoit la libre détermination du peuple du Sahara dans le cadre des dispositions des Nations Unies (…) pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptée», soutient le PP dans son programme électoral. Il s’agit, en effet, de la même posture adoptée par le gouvernement sortant quand il était aux affaires. D’ailleurs, l’Exécutif ibérique a recouru, mot pour mot, à cette formulation dans le communiqué publié à l’annonce de la mort de Abdelaziz Marrakchi, le leader du polisario.

Le PSOE veut se racheter
Le PSOE, rival historique du PP, tout en s’inscrivant à l’opposé de l’idéologie de son adversaire politique, partage son point de vue. En effet, les socialistes défendent une résolution prise sous l’égide des Nations Unies. Le parti mené par Pedro Sanchez juge que la résolution du dossier du Sahara est «un élément fondamental pour faciliter l’intégration et le développement du Maghreb». Accusés par les sympatisants des séparatistes de trahir la cause des Sahraouis, les socialistes ont voulu se racheter auprès de leurs électeurs en proposant de procéder à «un suivi du respect des droits de l’Homme dans le Sahara tout comme dans les campements de Tindouf», stipule le programme du PSOE.

Podemos fait feu de tout bois
Dans la foulée des programmes, c’est Podemos qui se démarque du reste des partis avec des propositions aux allures de déclaration de guerre à l’adresse du Maroc. Il faut dire que la mesure numéro 329 du programme de Podemos risquerait de lui attirer les foudres de Rabat, si jamais ce parti d’extrême gauche mettait en exécution son plan une fois au pouvoir. Intitulée «Engagement pour l’autodétermination du Sahara et la concession de la nationalité espagnole à la population sahraouie résidente en Espagne», la proposition liste les différentes actions que compte mettre en œuvre Podemos dans le cas où son leader s’installerait au Palais de la Moncloa. Dans cette mesure, le parti dirigé par Pablo Iglesias veut mener une fronde au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies afin d’acculer celui-ci à «réviser le cadre général du processus de négociations et renforcer le mandat de médiation mené par l’ONU», prévoit Podemos, une fois au pouvoir.

Ce dernier veut également que le Conseil de sécurité «sanctionne la partie qui entrave le processus politique». Cette proposition serait la réponse de Podemos au conflit ayant opposé le gouvernement marocain au secrétaire général des Nations Unies, Ban ki-Moon. Pour rappel, Podemos avait mal digéré la décision des autorités marocaines d’exiger le départ de la mission onusienne des provinces du Sud. Pablo Iglesias avait même sévèrement critiqué le gouvernement espagnol l’accusant de céder devant les autorités de Rabat. En outre, Podemos veut que la mission de la Minurso «contribue à la supervision du respect et de la défense des droits de l’Homme et l’organisation de déplacements sur le terrain, au Sahara  comme dans les campements de réfugiés de Tindouf», ajoute le dernier-né de la scène politique espagnole. Iglesias et ses militants semblent faire fi des rapports accablants pointant du doigt des détournements au sein des campements, vu qu’il promet d’augmenter les aides humanitaires destinées à ceux-ci. De plus, Podemos veut que offrir à toute la population sahraouie résidant en Espagne le droit à la nationalité espagnole. Or, la dernière proposition du trublion de la politique espagnole risque de mettre fin à la lune de miel entre Rabat et Madrid.

La formation de gauche propose de nommer un envoyé spécial auprès de l’UE pour le Sahara. Celui-ci sera chargé de faire «un suivi régulier de la résolution du conflit au niveau communautaire», reprend le programme de Podemos. Toutefois, le parti semble ignorer qu’il existe un voisin avec qui son pays est lié par une batterie d’accords et d’intérêts stratégiques. La seule mention au Maroc apparaît dans la proposition numéro 316 où il est question d’abroger le traité signé entre Rabat et Madrid portant sur le refoulement des migrants interceptés aux frontières de Sebta et Melilia. Ayant toujours critiqué ce protocole, Podemos s’est engagé à le révoquer pour en finir avec les pratiques de refoulement des migrants irréguliers.

Pour Ciudadanos, les priorités sont ailleurs
En ce qui concerne le parti de droite Ciudadanos, il soutient certes le maintien des accords économiques et commerciaux noués avec le Maroc, mais sa priorité est du côté de l’Europe et l’Amérique latine, comme le prouvent les mesures suggérées en faveur de ces deux pôles. De plus, la formation qui fait de l’ombre au PP parle d’une contribution à l’élaboration d’un pacte anti-terroriste européen, sans mentionner le rôle du Maroc dans cette lutte. De fait, le parti d’Albert Rivera promeut la collaboration avec les instances européennes en matière de lutte contre le terrorisme, citant à cette fin des pays comme la France et les États-Unis, et laissant aux oubliettes le royaume.

Concernant le Sahara, Ciudadanos mentionne, au moyen de propos vagues -voire creux-, ce conflit. De ce fait, le parti souverainiste catalan ne s’est jamais prononcé sur cette affaire publiquement. Dans son programme, Ciudadanos estime que le Sahara est un territoire «en attente de décolonisation, et qu’il faut maintenir un engagement actif en faveur d’une solution juste, durable et mutuellement acceptée par les deux parties, et qui assure l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions des Nations Unies». Toutefois, Ciudadanos mène une réflexion, qui est  tout sauf anodine, en mettant l’accent sur le contexte actuel dans la région et les défis en matière de sécurité qui devraient conduire à une résolution, dans les plus brefs délais, du contentieux. 


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