Économie circulaire. Il faut s’inspirer de l’étranger

Kari Herlevi.
Directeur du Forum mondial de l’économie circulaire à Sitra

“Nous voulons collaborer avec l’Afrique”

Le fonds d’innovation, Sitra, a prévu un forum dédié à l’économie circulaire en Afrique. Kari Herlevi, Directeur du WFCE à Sitra explique les ambitions de ce Forum et les attentes par rapport l’Afrique et le Maroc.

Comment se porte l’économie circulaire en Finlande ?
La Finlande a pas mal progressé sur la voie de l’économie circulaire. Au niveau politique, de bonnes initiatives ont été généré, par exemple dans les domaines des services de mobilité, du cycle des éléments nutritifs et de la promotion de l’utilisation des déchets du secteur de la construction. D’importantes étapes ont été franchies, mais il faut encore beaucoup plus d’ambition et d’action au-delà des frontières des secteurs administratifs. Autre exemple, l’économie circulaire est en cours d’intégration à tous les niveaux de l’enseignement et de l’éducation qui ont fait la réussite de la Finlande. Par ailleurs, de nombreuses entreprises finlandaises jouent le jeu. Elles comprennent que, dans le futur, les affaires seront de plus en plus basées sur une logique autre que celle d’une entreprise centenaire. Dans tout cela, la position pionnière de Sitra a été reconnue à l’échelle internationale grâce au WCEF, à la première feuille de route nationale sur l’économie circulaire, qui est encore unique au monde, et au Circular Award décerné à la meilleure organisation du secteur public lors du Forum économique mondial de Davos en 2018.

Quelles sont les ambitions de la Finlande en matière d’économie circulaire ?
Nous voulons que la Finlande soit pleinement circulaire et reconnue comme l’un des précurseurs de l’économie circulaire d’ici à 2025. Le travail effectué par les entreprises, le gouvernement, Sitra et d’autres commence à créer un effet boule de neige et à montrer des signes d’évolution vers cet objectif.

Votre pays est l’un des rares au monde à disposer d’une feuille de route sur l’économie circulaire. Quelles sont les actions clés prévues dans ce plan ?
La première feuille de route nationale pour une économie circulaire au monde a été publiée à Helsinki à l’automne 2016. Ensuite, Sitra l’a mise à jour en 2018. Et depuis, cette feuille de route est une combinaison d’un programme d’actions concret, d’une stratégie et d’une feuille de route. Les actions qui y sont prévues sont réparties en quatre groupes. Le programme Bio et Circular Finland de Business Finland finance des solutions d’économie circulaire concurrentielles sur le plan international. Le budget du programme s’élève à 150 millions d’euros. Quant aux industries technologiques finlandaises et Sitra, elles ont pour objectif d’aider 500 entreprises à effectuer la transition de leurs activités commerciales vers une économie circulaire en utilisant des outils adaptés à l’industrie manufacturière.

Comment le Forum mondial de l’économie circulaire contribue-t-il à atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés dans votre plan national d’économie circulaire ?
Sitra veut accélérer la transition mondiale vers une économie circulaire et c’est pour cette raison qu’elle a créé avec ses partenaires la WCEF en tant que projet phare de rayonnement international. Deux principaux objectifs sont assignés à cette plateforme : vendre les solutions d’économie circulaire finlandaises à l’exportation et augmenter le nombre d’entreprises désireuses de s’internationaliser dans l’économie circulaire. Sitra estime en effet que le fait de travailler à l’international et dans le monde dans l’économie circulaire assure son succès au niveau national.

Comment la deuxième édition du Forum mondial sur l’économie circulaire au Japon a-t-elle tenu ses promesses ?
La deuxième WCEF s’est déroulée du 22 au 24 octobre 2018 à Yokohama (Japon). Ce forum a tenu ses promesses puisque plus de 1 100 experts de 64 pays ont discuté de ce que nous faisons aujourd’hui et de ce que nous devons faire pour créer une véritable économie circulaire d’ici 2050. Le ministre japonais de l’Environnement, Tsukasa Akimoto, y a pris l’engagement que le Japon ferait progresser l’économie circulaire lorsqu’il occupera la présidence du groupe des 20 pays (G20) en cette année 2019. Le ministre finlandais de l’Environnement, KimmoTiilikainen, y a de son côté souligné que la future présidence finlandaise du G20 et celle du Japon seront des occasions de promouvoir les solutions d’économie circulaire et de lutter contre la dégradation de l’environnement et le changement climatique.

Qu’attendez-vous de ce forum dédié au continent africain ?
La session sur l’économie circulaire en Afrique, qui est organisée conjointement avec le ministère des affaires étrangères de la Finlande, est destinée à en apprendre davantage sur le rôle de l’Afrique dans la transition vers l’économie circulaire et sur la situation de l’économie circulaire sur le continent, ainsi que sur la manière dont les objectifs de développement durable pourraient être atteints. Nous voulons également savoir si les pays africains envisagent d’élaborer des feuilles de route et un plan d’action sur l’économie circulaire dans les années à venir, et s’il existe des initiatives conjointes entre les pays du continent dans l’économie circulaire, par exemple, à travers des organisations panafricaines telles que la Banque africaine de développement. Nous voulons collaborer avec l’Afrique.

Qu’attendez-vous du Maroc ?
Nous voulons avoir un aperçu sur ce que font les entreprises marocaines en matière de transition vers l’économie circulaire. Partant, nous saurons comment collaborer avec ce pays dans ce domaine.