Dialogue social : On ne discute plus !

Il n’y aura plus de round de dialogue social jusqu’à la fin du mandat de ce gouvernement. Benkirane appelle les deux Chambres à trouver un consensus autour des nouvelles lois sur la réforme des retraites.
Lors de la séance mensuelle, du 12 janvier, coïncidant avec un sit-in des principaux syndicats devant le Parlement, le chef de gouvernement n’a fait aucune concession aux représentants des salariés. Lors de cette séance houleuse dont l’indiscipline a profondément dérangé le président de la 2e Chambre, Hakim Benchamasse, le chef de l’Exécutif a rappelé, à nouveau, les mêmes lignes rouges tracées lors de son passage en décembre devant la 1ère Chambre. «Je veux que la réforme des retraites passe à l’unanimité au Parlement, et si j’ai un regret c’est de n’avoir pas commencé cette réforme en début de mandat puisqu’elle coûte actuellement près de 10MMDH aux caisses de l’État», a indiqué le chef de gouvernement devant des conseillers chauffés à blanc par le mouvement de colère des étudiants stagiaires et la réponse musclée des autorités (cf:www.leseco.ma).
«La hausse des salaires au sein du public et du privé, revendiqué par les syndicats, coûtera 27MMDH, alors que le reste des accords d’avril 2011 n’est pas à la portée du budget», a ajouté Abdellilah Benkirane pour justifier la non application de certains accords signés par le gouvernement de Abbas El Fassi. Donc, la reprise du dialogue social, durant ce premier trimestre de 2016, n’est pas dans le programme du Chef de gouvernement qui a pourtant rappelé les diverses initiatives prises par plusieurs départements et qui n’ont pu aboutir.
Les interventions des groupes syndicaux se sont focalisées sur l’absence de la démarche participative dans la question des retraites, de même que les représentants des salariés ont dénoncé «l’absence d’une vision de la réforme du système des retraites et la prise des décisions faciles». Les syndicats (UMT, CDT, UGTM et FDT) insistent aussi sur le fait que la réforme de la CMR ne passera pas sans la satisfaction de leurs cahiers revendicatifs, déposé devant la commission du dialogue pour le secteur public. À rappeler que les 4 centrales syndicales ont bénéficié, durant la séance, de l’appui des partis de l’opposition qui ont cédé des minutes de leur temps de parole aux conseillers des syndicats. La séance a été également marquée par le mutisme des représentants de la CGEM qui ont préféré suivre le débat en tant qu’observateurs.
Vers une année sociale blanche
Le clash avec les syndicats devrait normalement s’estomper après le démarrage du débat parlementaire autour des 6 projets de lois validés par le Conseil de gouvernement, le 7 janvier. Du côté du gouvernement et après le recours à la marche nationale de Casablanca et à la grève générale, la porte du dialogue a été définitivement fermée pour ne pas entraver l’entame de la réforme des retraites et surtout pour pouvoir déplacer le débat vers les deux Chambres du Parlement. Durant cette étape, les syndicats veulent surtout maintenir la mobilisation et recourir à d’autres formes de protestation pour ramener le gouvernement à la table des négociations et selon l’ordre du jour établi par les représentants des salariés. Les déclarations d’intention du gouvernement, qui s’est dit ouvert à toutes les propositions qui pourraient restaurer la confiance entre les partenaires sociaux, semblent elles aussi insuffisantes.
Sous la coupole, le consensus souhaité par le chef de gouvernement autour des 6 nouvelles législations n’est pas une mince affaire, vu l’affinité de plusieurs syndicats avec les partis de l’opposition, essentiellement au sein de la seconde Chambre. Celle-ci est constitutionnellement désignée pour trancher sur les désaccords entre les partenaires sociaux grâce à sa nouvelle composition. Les délais d’adoption des nouvelles lois ainsi que leur classement par ordre de priorité seront pourtant la mission de la 1er Chambre, qui aura également son mot à dire à propos des amendements qui seront apportés aux moutures finales des nouvelles législations dans le cadre de la 2e lecture. Il est à noter qu’à part l’UNTM, les syndicats ne veulent aucun traitement sélectif ou partiel de leurs demandes sociales, qui viserait à isoler de la question des retraites, alors que le gouvernement s’accroche pour que la réforme des caisses soit le seul échappatoire restant afin d’éviter une crise, certaine depuis 2004 et que les gouvernements successifs n’ont fait que repousser pour préserver la paix sociale.
Ce qui est certain, c’est que la hausse de l’âge de la retraite à 63 ans reste une condition préalable de la réforme dont le chef degouvernement s’est dit prêt à supporter le coût électoral de la décision durant cette ultime année de son mandat. La hausse des parts de l’État dans le coût de la réforme devrait avoisiner 41MMDH avec l’adoption de la moyenne des salaires des 8 dernières années, qui est également prévue.