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Dattes d’Israël : De Haifa à Derb Omar

Pour arriver sur les étals des marchés marocains, les dattes OGM produites en Israël utilisent des subterfuges et de faux certificats d’origine. BDS Maroc présente les résultats d’un mois de recherches.

Hadiklaim, King Solomon dates, Medjoul Plus MP, ce sont les noms commerciaux de dattes Majhoul d’Israël vendues sur les marchés marocains. Chez les grossistes de Derb Mila à Casablanca comme les semi-grossistes de Derb Omar, ces dattes sont présentes tout au long de l’année. Une campagne marocaine du mouvement Boycott désinvestissement et sanctions (BDS) est menée depuis le début du mois du ramadan pour pousser les autorités marocaines à stopper l’arrivée de ces produits sur le sol marocain. Les résultats sont édifiants.

«Une tonne» seulement ?
Pour contrecarrer le boycott des produits israéliens dans le monde, les exportateurs de l’État hébreu utilisent de nombreux subterfuges. «Ces dattes Majhoul se présentent sur le marché comme provenant d’Afrique du Sud», explique Sion Assidon, coordinateur de BDS Maroc. Les produits d’Israël utilisent aussi des certificats d’origine français délivrés par des chambres de commerce en Europe, notamment en France pour pouvoir passer le cap de la douane marocaine sans difficulté. Les multiples rencontres entre BDS Maroc et les institutions en charge des dossiers de l’importation ont pu aboutir à la reconnaissance par ces dernières de l’arrivée sur le marché marocain «d’une tonne de dattes provenant d’Israël l’an dernier», selon le chiffre délivré par l’Office national de la sécurité sanitaire des aliments (ONSSA) à BDS Maroc.

L’ONSSA explique l’arrivée de ces produits au Maroc comme importés d’Afrique du Sud. En plus de la piste sud-africaine, ces dattes arrivent sur le marché marocain via la contrebande à l’est et au nord du Maroc. BDS Maroc a demandé des explications à la Douane. «La Douane nous a promis qu’elle ne permettra plus l’entrée de ces produits depuis les routes de la contrebande», annonce Assidon. Par contre, «la Douane nous a dit clairement qu’elle ne pouvait pas pratiquer le contrôle sur les conteneurs ZIM provenant de Haifa», regrette-t-il.

ZIM, arme logistique
Le principal transporteur des produits israéliens vers le Maroc est la société maritime ZIM. «Les conteneurs ZIM arrivent depuis le port de Haifa à Casablanca et Tanger Med», révèle le coordinateur de BDS Maroc. Cette société dispose d’un représentant au Maroc, ZIMAG. Les Inspirations ECO a contacté le siège casablancais de la société, mais ces dirigeants n’ont pas souhaité répondre à ses questions. Un collectif d’une cinquantaine associations et syndicats exigent, depuis une année, le départ «de l’arme logistique du commerce entre le Maroc et Israël». Une rencontre entre ce collectif et les représentants de la Direction de la marine marchande n’a abouti sur aucune décision.

Le pavillon israélien est encore opérationnel dans les deux plus grands ports marocains. BDS Maroc ne baisse pas les bras et s’attaque aux produits israéliens sur le plan de la conformité sanitaire. Sachant que la législation marocaine interdit l’importation de tout produit OGM, la campagne marocaine contre l’importation des produits israéliens affirme que ces dattes sont génétiquement modifiées. Pour prouver ses dires, BDS Maroc se réfère à l’historique de l’implantation du Majhoul en Israël. «Des arbres du Majhoul ont été spoliés depuis le Maroc et transportés vers Israël où ils ont été plantés pour la première fois sur des terres palestiniennes, également spoliées par les colons. Après ce transfert, les dattes ont été modifiées génétiquement (OGM)», accuse BDS Maroc.

Cette ONG marocaine a exigé un certificat prouvant que la tonne de dattes «d’Afrique du Sud» n’était pas un OGM. «L’ONSSA était dans l’incapacité de nous fournir un tel document. Pourtant, l’Office a une bonne raison d’enquêter sur tous les produits venant d’Israël», souligne Assidon. Après ce tour des institutionnels travaillant sur le dossier de l’importation, BDS Maroc n’en démord pas et compte sur la mobilisation citoyenne. «Quand l’intervention des autorités est si limité, on se tourne vers les citoyens. Les marchands de gros et en détail sont gagnés par la cause de boycott. Auprès des intermédiaires et des importateurs, tout un travail reste à faire».  


 

Mohamed Abbou
Ministre chargé du commerce extérieur

Le Maroc reste engagé par les résolutions de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique qui interdisent toute relation économique avec Israël. Le gouvernement n’a jamais délivré d’autorisation d’import des dattes dont l’origine est l’entité d’Israël et reste vigilant à propos des produits qui peuvent entrer sur le marché marocain via des moyens frauduleux qui changent les règles d’origine des produits. Les informations officielles de l’Office des changes ne mentionnent de leur côté aucune relation commerciale entre le Maroc et Israël.


 

Dans l’agriculture aussi…
Les produits israéliens sont également présents dans les intrants agricoles. La société israélienne Netafim, un des leaders mondiaux dans les solutions de gestion de l’eau dans l’agriculture, exporte au Maroc ses tuyaux de goutte à goutte, le système de régulation et le système de pompage et de filtration. La société Nandanjian exporte son système d’aspersion. Tous ces produits ont été exposés lors du dernier Salon international de l’Agriculture de Meknès (SIAM). «Notre travail est de débusquer ces produits et encore une fois nous n’avons aucune collaboration des pouvoirs publics, puisqu’ils refusent de nous éclairer sur les produits qui viennent d’Israël», constate Sion Assidon, coordinateur de BDS Maroc. Cette campagne espère que ces produits puissent être interdits à l’importation par la loi et avoir la possibilité de mener des enquêtes sur la provenance réelle de ces produits.



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