Croissance économique : 2016, une année à oublier
Pour le dernier budget économique exploratoire de cette législature, le Haut-commissariat au Plan (HCP) prend des pincettes pour présenter ce document de prospective. Les perspectives économiques pour 2016 et 2017.
À trois mois des élections, Ahmed Lahlimi, patron du HCP, tient à préciser en introduction le bien-fondé de cet exercice : «Notre propos ici ne saurait être de faire une évaluation de la dernière législature ni celle des perspectives de la prochaine. Encore que, sous d’autres cieux, notamment en Hollande, à l’occasion de chaque élection législative, l’institution consœur du HCP a officiellement la charge d’évaluer les offres économiques des partis politiques. Nous allons, quant à nous, tout simplement, comme toujours, présenter notre estimation de l’évolution de l’économie nationale en 2016 et de nos prévisions pour 2017». Donc acte.
Hausse du chômage
«Incertitude» est le maître mot de la situation économique internationale en 2016 et 2017. Pour cette année, le FMI prévoit 3,5% de croissance de l’économie mondiale contre 5,1% durant la période 2003-07, les USA se limiteront à 2%, la zone Euro se fige à 1,5%. Le Brexit ne devrait pas arranger les choses avec un ralentissement de la demande venant de cette région du monde, notamment vers le Maroc. Au royaume, le PIB devrait s’accroître d’1,5% en 2016 au lieu de 4,5% en 2015, selon les prévisions du HCP. Une décélération due à une mauvaise campagne agricole, surtout des céréales (33,5 millions Qt contre 115 en 2015). Le secteur primaire dégagerait ainsi une valeur ajoutée (VA) en repli de 9,7%.
Le secteur secondaire connaîtrait en 2016 une croissance de 3,3% au lieu de 2,8% enregistrée en 2015, «porté principalement par la poursuite dans les industries de transformation de leur tendance haussière entamée depuis 2014», explique le HCP. Au niveau des activités tertiaires, la croissance de la VA des services marchands resterait très basse, de l’ordre d’1,9% en 2016 après celle d’1,2% en 2015, «en raison du ralentissement en particulier des activités de télécommunications et des services rendus aux ménages et aux entreprises et de la faible reprise des activités touristiques», décrypte l’institution statistique nationale. Ce ralentissement de la croissance économique se traduirait par de faibles créations nettes d’emplois en 2016. «Avec l’hypothèse d’une légère baisse du taux d’activité, le taux de chômage se situerait, ainsi, à 9,9% au lieu de 9,7% enregistré en 2015», prévoit le HCP.
Croissance «atone»
Pour 2017, la richesse nationale devrait croître avec 3,5% selon les prévisions de l’équipe de Lahlimi. «Les perspectives économiques nationales pour 2017 supposent la reconduction de la politique budgétaire et une production céréalière moyenne durant la campagne 2016/2017», précise le HCP. Ce scénario se base sur une hausse de la VA du secteur primaire de 7,2%. Ceci suppose une production céréalière moyenne. Les activités non agricoles devraient enregistrer un rythme d’accroissement modéré de 2,6% en 2017 au lieu de 2,3% en 2016, en raison notamment de la morosité de la croissance du secteur des services.
Dans les détails, le secteur secondaire dégagerait une valeur ajoutée en amélioration de 3,5%, alors que celle du secteur tertiaire devrait s’accroître de 2,1%. À la présentation de ces chiffres, le HCP conclut que la croissance sur cette période demeure «atone». Le rythme de croissance a été de 3% par an en moyenne entre 2011 et 2016 au lieu de 4,5% durant la décennie 2000. «La recherche de la stabilité macroéconomique dans un contexte de croissance économique faible et d’un contenu en opportunités d’emplois ne répondant pas aux aspirations de la population, suscite des interrogations sur la pertinence d’un tel modèle dans le contexte d’une transition démographique accélérée», précise le HCP (voir aussi p.5).