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Conjoncture : Ce que 2016 doit à 2015

La compilation des indicateurs des derniers mois de l’année 2015 fait ressortir un bon comportement de l’activité économique durant tout l’exercice. Alors que les inquiétudes se manifestent sur la nouvelle année, les dernières notes de conjoncture du ministère de l’Économie et des finances montrent les principaux leviers qui soutiendront la croissance dans les prochains mois.

C’est l’heure du bilan de l’exercice 2015 au niveau des principales institutions et directions nationales spécialisées dans la production de statistiques en matière de conjoncture économique. Les indicateurs pour les derniers mois sont en train d’être rendus publics, ce qui offre une vue d’ensemble sur l’année. Après la Banque centrale et l’Office des changes, qui ont publié leurs indicateurs préliminaires de l’année, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) et la Direction du Trésor et du financement extérieur (DTFE) ont sorti leurs chiffres de conjoncture sur le dernier virage de l’année. Il s’agit des données du mois de novembre et de décembre qui donnent, au-delà de la situation contextuelle, une idée sur le comportement des principaux secteurs devant soutenir l’activité économique durant les premiers mois de l’année en cours, dans le sillage de leur comportement du dernier trimestre de l’année écoulée.

Il est déjà admis qu’en 2016 la croissance sera moins consistante avec des prévisions de 3% selon les projections les plus optimistes alors qu’en 2015, le rythme a été nettement plus important avec une estimation moyenne de 4,5% grâce notamment à l’excellente campagne agricole. Pour cette année d’ailleurs, c’est le retard des pluies qui soulève le plus d’inquiétudes comme le confirme la DEPF, qui reprend l’état de la situation arrêtée il y a quelques semaines par le département de l’Agriculture. Au niveau de l’actuelle campagne agricole, le cumul pluviométrique au 15 décembre dernier a baissé par exemple de 47% ou de 60mm par rapport à une campagne normale et ceci à cause d’un retard des précipitations dans les différentes régions du royaume à l’exception des zones de l’Oriental et du sud-est.

Toutefois, souligne la note de conjoncture de janvier, «plusieurs facteurs atténuent les effets de ce retard». Le taux de remplissage des barrages à usage agricole s’est ainsi situé à 63% au 15 décembre 2015 avec des taux assez importants au niveau des périmètres irrigués, qui affichent un disponible de 8,5 milliards de mètres cubes. En outre, la campagne céréalière record 2014/2015 a permis de constituer des stocks importants en paille et en orge qui se situent à des prix relativement stables comparativement à la campagne passée. Par ailleurs, estime la même source, il y a lieu de souligner le bon état d’avancement du chantier de l’assurance agricole visant une couverture d’1 million d’hectares, soit environ 33% de la superficie emblavée.

Le bon cru de 2015 se confirme
En cette deuxième décade du premier mois de l’année, la situation pluviométrique ne s’est guère améliorée et les scénarii les plus pessimistes sont désormais à l’ordre du jour. Cependant, c’est un optimisme modéré qui prévaut au niveau du ministère de l’Économie et des finances, pour mettre en avant le bon comportement des autres secteurs hors agriculture. Dans l’ensemble, la DEPF estime par exemple que «tirant profit des réformes engagées et des acquis accumulés, le modèle de développement économique national, fondé sur la consolidation de la croissance endogène et la diversification de sa base productive, a réussi à maintenir une croissance soutenue du produit intérieur tout au long de la dernière décennie».

Dans cette lignée, «la performance de l’activité économique nationale se serait consolidée en 2015, tirée par la hausse notable de la valeur ajoutée agricole et la progression soutenue de la valeur ajoutée non agricole, en ligne, particulièrement avec le redressement continu de la demande extérieure et la relative reprise du secteur du BTP». Dans les détails, le volume des débarquements de la pêche côtière et artisanale s’est amélioré de 4,7%, en glissement annuel, à fin novembre 2015 alors que la valeur de ces débarquements, elle, s’est raffermie de 9,2%. Le secteur des mines a été, de son côté, marqué par une décélération significative de son rythme baissier au titre du troisième trimestre 2015, accusant une légère baisse de 0,8% de son indice de production, après des baisses respectives de 10,9% et 6,2% aux premier et deuxième trimestres de la même année. Par ailleurs, la DEPF souligne que la valeur des exportations de l’OCP a clôturé l’année 2015 sur une hausse remarquable de 16,3%. Au niveau du secteur de l’électricité, les indicateurs conjoncturels se comportent favorablement, «reflétant un dynamisme positif de l’activité économique dans son ensemble».

Tendances positives
Le secteur du BTP aurait également connu une reprise comme en atteste l’évolution positive des ventes de ciment, clôturant l’année 2015 sur une progression d’1,4% après une baisse de 5,4% un an auparavant. Du côté du financement de l’activité immobilière, le volume des crédits à l’habitat maintient son orientation favorable au terme des onze premiers mois de 2015, enregistrant une croissance de 5,3%, contre un repli de celui destiné à la promotion immobilière de 5,7%. Au niveau des activités touristiques, le nombre des arrivées au Maroc s’est élevé à 9,4 millions de touristes avec un recul des arrivées de touristes étrangers de 5,3%, légèrement atténué par l’augmentation de celles des MRE de 3,9%. S’agissant des nuitées, leur volume s’est replié de 6,7% à 17,2 millions, en rapport avec la contreperformance des nuitées des non-résidents.

Le secteur des télécommunications poursuit sa tendance positive au terme des neuf premiers mois de l’année 2015. Pour ce qui est de la consommation des ménages, elle se serait bien tenue au cours de l’année 2015, dans un contexte national favorable marqué notamment par une évolution toujours maîtrisée des prix à la consommation. Les dépenses globales des ménages auraient bénéficié, quant à elles, du comportement favorable des transferts des MRE et des crédits à la consommation, progressant respectivement de 3% à fin décembre 2015 et de 5,2% à fin novembre 2015, et de la création de 153.000 postes d’emploi rémunérés au troisième trimestre de la même année. Pour sa part, l’effort d’investissement s’est maintenu en 2015 en tirant profit de la bonne tenue des émissions au titre de l’investissement du Budget de l’État, qui ont progressé d’1,8% pour atteindre plus de 47,1MMDH à fin novembre 2015 et des recettes des investissements directs étrangers en hausse de 6,7% à fin 2015 pour totaliser plus de 39MMDH, ainsi que de la consolidation des importations des biens d’équipement de 8% à fin 2015 pour atteindre plus de 86,6MMDH.

Les échanges extérieurs au titre de l’année 2015 ont été marqués par l’allègement du déficit commercial alors que le taux de couverture s’est amélioré de 6,8 points pour s’établir à 58,5%. Cette évolution s’explique par la hausse de la valeur des exportations de 6,7% à 214,3MMDH conjuguée au repli des importations de 5,6% à 366,5MMDH. La hausse des exportations a bénéficié du dynamisme notable des métiers mondiaux du Maroc, notamment les exportations des secteurs de l’automobile (+20,9%) et dans une moindre mesure de l’aéronautique (+4,5%) ainsi que de l’évolution favorable des exportations de phosphates et dérivés (+16,3%) et de l’agriculture et l’agro-alimentaire (+10,1%). S’agissant des importations, leur baisse est attribuable au repli de la facture énergétique de 28%, des importations des produits alimentaires de 14,3% et des produits de consommation de 0,9%.

Toutefois, les importations des autres produits se sont orientées à la hausse, notamment celles des biens d’équipement (+8%), des demi-produits (+4,8%) et des produits bruts (+4,1%), «traduisant un dynamisme avéré de l’activité économique nationale», selon la DEPF. Concernant les flux financiers, ils ont été marqués par la hausse des recettes des IDE de 6,7% à plus de 39MMDH, ainsi que par l’amélioration des transferts des MRE de 3% à plus de 61,7MMDH tandis que les recettes voyages se sont repliées de 1,4% à 58,5MMDH. Cette évolution des échanges extérieurs aurait conduit à une atténuation significative du déficit du compte courant de la balance des paiements en 2015, comme l’a confirmé l’Office des changes, qui a déjà publié les chiffres préliminaires de l’année.

 



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