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Bank Al-Maghrib : L’encours des crédits anime la polémique

Le niveau des crédits, accordés dans le cadre de pension, a alimenté les débats.

Les statistiques monétaires, retraçant l’évolution des crédits en 2015, ont beaucoup fait parler d’eux depuis quelques temps. Chacun y va de sa propre analyse et interprétation, mais en tout cas, du côté de Bank Al-Maghrib, l’explication en est que cette évolution émane, pour une grande partie, des OPCVM. Dans le document relatif aux indicateurs clés des statistiques monétaires de décembre 2015 de la Banque centrale, publié en début d’année, on pouvait lire que «l’accroissement du crédit bancaire traduit essentiellement la hausse des crédits à caractère financier alloués principalement aux OPCVM autres que monétaires et dans une moindre mesure celle des facilités de trésorerie et des concours à l’équipement, qui ont progressé de 1,5 et de 0,8% respectivement».

Ce qui est certain, c’est que cette démarche est sans précédent, car c’est la première fois que Bank Al-Maghrib met l’accent sur les OPCVM, alors qu’auparavant, l’Institution parlait de «prêts à caractère financier». Contactés par Les Inspirations ÉCO, les services de la Banque centrale expliquent que «la communication des statistiques monétaires par la Banque centrale a mis l’accent sur les financements accordés aux OPCVM du fait de leur ampleur, au cours de la période concernée, et de leur impact sur l’évolution globale du crédit bancaire. Il est à préciser, également, que les informations exigées des banques par Bank Al-Maghrib s’arrêtent au niveau des transactions entre les banques et les sociétés de gestion».

Des opérations de pension
Le sursaut de 2,8% du crédit en 2015, intervenu en décembre dernier, «a été induit par la croissance importante des valeurs reçues en pension de la part de la clientèle financière. Cette dernière évolution intervient en parallèle avec une progression significative des rachats nets effectués auprès des OPCVM qui ont connu des pics systématiques, la semaine précédant les dates d’arrêté annuelles et semestrielles, phénomène qui s’est amplifié cette année. Hors ces opérations de pension, la hausse du crédit s’est établie à 1,2% en 2015», nous précise-t-on auprès de Bank Al-Maghrib.

En d’autres termes: les OPCVM, pour faire face aux rachats (les retraits ou cessions des parts dans les OPCVM effectués par les clients) et afin de les financer, ont eu recours à des opérations de pension. À l’image des repo entre les banques et la Banque centrale, les sociétés de gestion remettent des titres aux banques en contrepartie de cash. Cette transaction n’étant pas définitive, les sociétés de gestion, une fois leurs caisses renflouées, elles remettent l’argent aux banques et récupèrent les titres mis en pension. Selon un professionnel de la place, il s’agit d’une opération courante dans la vie des OPCVM. Ceux-ci peuvent aussi recourir aux pensions pour saisir des opportunités d’investissement.

Maquillage de comptes?
L’autre élément pouvant aussi expliquer cette évolution, c’est les opérations d’aller-retour. Celles-ci sont d’usage à l’approche de la fin de tout exercice comptable. La pratique d’un aller-retour sur une valeur implique d’acheter puis de revendre cette valeur (ou l’inverse) dans un délai très bref, par exemple au cours d’une même séance de bourse. En vendant un actif susceptible de dégager une plus-value et en le rachetant, immédiatement après, pour une valeur égale au prix de vente obtenu précédemment, on peut alors réévaluer un actif en comptabilisant la plus-value dégagée dans le résultat. Ce type d’opération est qualifié de window dressing ou «maquillage de comptes». D’autres mécanismes sont également pratiqués pour embellir les comptes. En effet, l’entreprise pourra avancer ou retarder la comptabilisation de certaines charges ou produits pour modifier le niveau de résultat.

Le résultat n’est donc que déplacé dans le temps. «Les charges et produits constatés d’avance constituent également une source d’ajustement : une appréciation plus ou moins restrictive a des conséquences directes sur le résultat de l’exercice. De même l’entreprise pourra se désendetter, entre le 30 décembre et le 2 janvier, pour présenter un niveau de dettes plus léger», peut-on lire dans la définition du quotidien français LesEchos.

Ce phénomène avait d’ailleurs été également confirmé par le président directeur général d’Attijariwafa bank. El Kettani, à l’occasion de la présentation des résultats de la banque, avait souligné que la croissance des crédits observée en 2015, notamment les derniers mois de l’année, est due aux opérations de «window dressing» opérées principalement par deux banques de la place. El Kettani, sans nommer ces organismes, a toutefois souligné que sa banque n’y a pas recouru. D’ailleurs, le PDG avait présenté les parts de marché des banques en excluant les pensions pour mieux dégager les financements aux autres opérateurs économiques.



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