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Agroalimentaire : Le ramadan dope les affaires

Le mois sacré est toujours marqué par une forte consommation de produits agroalimentaires.  Toutefois, certains secteurs ne bénéficient pas de cette frénésie alimentaire.

Les sous-secteurs de l’agroalimentaire ne sont pas égaux dans la dynamique de consommation durant le ramadan. Produits laitiers, miel, œufs ou encore jus sont autant de produits dont les ventes sont propulsées au sommet. Les autorités veillent d’ailleurs, chaque année, à ce qu’ils soient disponibles en quantité suffisante et à des prix abordables durant ce mois sacré. Les budgets alimentaires repartent, en conséquence, à la hausse au détriment d’autres postes budgétaires. Au sein d’Unimer, qui produit et commercialise les boissons Ice, les condiments Pikarome ainsi qu’une large gamme de conserves, l’accent durant ce mois est davantage mis sur… le vinaigre. «Le seul produit qui ne baisse pas durant cette période est le vinaigre, qui est multi-usage», précise Nabila Hanane, chargée de mission au pôle marketing et commercial d’Unimer.

Pour cela, la société essaie d’augmenter le volume du vinaigre produit. Parallèlement, la société cherche à «se diversifier avec des produits susceptibles d’attirer la curiosité de nos consommateurs, comme la harira Tajini cette année qui sera présente dans plusieurs endroits stratégiques comme les pompes à essence «Petromin», les fast-food  Quick  et les supérettes  Openshop», explique Nabila Hanane. De même, l’opérateur communique dans les grandes et moyennes surfaces en offrant des cadeaux spécial ramadan. «En achetant 50 DH de nos produits, vous serez éligible à une tombola», précise-t-on auprès d’Unimer. Pour ce qui est de la marque Ice, la consommation baisse en raison de la baisse d’activité du canal CHR/Snacking. La demande demeure par ailleurs importante pour les boissons d’Unimer à base de pulpe (Ice Pulpa et Ice Pulpa Citron) ainsi que l’eau de table Mazine.

Pour Farah Hida, directrice marketing de Citruma (producteur des jus Marrakech), «la consommation de  jus est multipliée par deux, voire trois, au cours de cette période où le ramadan tombe en plein été». La même source explique que  «tous les opérateurs réduisent leurs marges pour offrir des promotions importantes sur les trois mois, qui peuvent aller jusqu’à 30%, alors que sur le reste de l’année, les prix demeurent stables». Les approvisionnements se font durant la campagne, en novembre et «grâce à notre capacité de stockage nous pouvons proposer à nos clients des produits à des tarifs intéressants», explique la directrice marketing. La production démarre dès janvier-février, pour pouvoir approvisionner et stocker en magasins dès le mois d’avril. C’est le cas pour Citruma, qui produit du jus traité.  Ses concurrents, en revanche, achètent du concentré de jus de l’étranger qui est dilué avec de l’eau pour obtenir du jus.

Durant le mois sacré, aussi, on constate la profusion des campagnes de communication de certaines boissons gazeuses. Les communicateurs commentent cette tendance par le fait que ces produits connaissent une baisse de régime de consommation. «Consommer du soda hors des repas n’est pas forcément une habitude chez les Marocains», assure Farah Hida. Le lait, par contre,  a grandement la cote durant ce mois. Centrale Danone, par exemple, met sur le marché 40% à 50% de lait additionnel comparativement aux autres mois de l’année. Une hausse qui se fait «sans transiger sur la qualité assurée aux produits, au bénéfice des millions de consommateurs»,  commente-t-on chez  Centrale Danone.

L’objectif est de répondre à la demandepuisque le lait pasteurisé connaît, en effet, une progression de 60%, et les yaourts de type Activia et Danette une hausse moyenne de 30%. Pour s’y préparer, la société fait appel à ses 120.000 éleveurs partenaires chez lesquels elle collecte du lait frais tous les jours. Autre produit phare: le miel. l’industrie apicole connaît en effet une dynamique particulière durant le ramadan. Pour la société Notam, qui produit le miel Zemzami, les ventes  équivalent à 4 ou 5, voire 10 fois celles réalisées durant un mois normal. La cadence de travail pour assurer de telles quantités est ainsi augmentée et la société fait appel à des intérimaires les mois précédant le mois sacré. «Nous accordons des réductions de 5% à 10% sur nos produits durant cette période», précise Zouhair Zemzami, directeur de Notam. Il faut dire que chez certains opérateurs davantage portés sur l’export, aussi, le ramadan est une niche de business.

Chez Cartier Saâda, producteur d’olives et de fruits en conserve, on compte au moins 5 pays musulmans parmi les 23 du portefeuille clients. Pour satisfaire leurs besoins, «la société s’y prépare plus tôt compte tenu des habitudes des commandes (souvent à la dernière minute, ndlr). C’est une dynamique qui propulse l’activité quelques mois avant le ramadan», explique Hassan Debbagh, directeur général du groupe Cartier Saâda. Même si la société ne prévoit aucune communication particulière, elle tire profit du potentiel de cette période, eu égard à son importance.


 

Le marché assure ses stocks
Chaque année, le ministère de l’Intérieur apprécie l’offre en produits à forte consommation durant le mois de ramadan. Pour cette année, les résultats sont probants. Il y a une abondance manifeste sur toutes les régions du royaume. Charki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, a d’ailleurs récemment déclaré que «l’offre en produits fortement consommés durant le mois sacré de ramadan répondra aux besoins de consommation des ménages». Pour sa part, Mohamed Louafa, ministre en charge des Affaires générales, a souligné que «le Maroc dispose de stocks suffisants des produits les plus consommés durant ce mois, comme les légumineuses, le lait et le poisson». D’ailleurs, dans ce sens, le Maroc compte importer 4.000 tonnes d’œufs pour répondre à la forte demande durant le mois sacré, qui s’élève jusqu’à 600.000 œufs par jour. L’objectif est de pallier la baisse de production locale après la propagation de la grippe aviaire. D’ailleurs, pour faciliter ces importations, le Conseil de gouvernement avait adopté un projet de décret pour la réduction temporaire du taux du droit d’importation applicable aux œufs de table en le faisant passer de 40% à 10%.



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