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Action politique : Un potentiel indéniable

À l’orée de chaque élection législative, la revendication de la participation politique des MRE refait surface et les partis surfent sur cette vague. Driss El Yazami estime que la vraie lame de fond de la participation politique existe bel et bien, au sein des instances des pays d’accueil où plusieurs Marocains siègent.

La participation politique et la représentativité parlementaire des Marocains résidents à l’étranger est une vieille revendication qui n’a rien perdu de son actualité. Pas plus tard que le 19 mars dernier à Amiens, une conférence sur le sujet a pu rassembler une cinquantaine de représentants d’associations marocaines actives en Europe. Le débat s’est focalisé sur la nécessité d’une loi qui ouvre la voie de la députation aux MRE.

Il y a quelques jours, cette fois-ci à Rabat, le mouvement médiateur «Al Jaliya» a clairement revendiqué la participation des MRE aux prochaines élections législatives du 7 octobre. Un plaidoyer a été fait auprès du gouvernement pour répondre, dit-on, aux aspirations de 5 millions de Marocains de la diaspora, hissés au rang de citoyens par la Constitution de 2011. D’autres ONG ont, depuis plusieurs années, également surfé sur la vague de la participation des MRE avec plus ou moins de sincérité. L’idée maîtresse consiste à octroyer à des Marocains qui participent au PIB avec plus de 50 MMDH les mêmes droits que les «locaux» dans le domaine politique. Toutefois, la réalité est toute autre. Les doléances politiques des représentants des MRE buttent désormais sur le mur des textes.

En juillet dernier, les députés ont adopté le projet de loi organique, modifiant et complétant la loi organique relative à la Chambre des représentants qui, selon Ali Zoubir, président du mouvement médiateur, «ne permet pas aux Marocains du monde de participer aux prochaines élections». Il n’a pas caché son regret quant au fait que les propositions des MRE n’ont pas été prises en considération. Contacté à ce propos par les Inspirations Éco, Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), voit la problématique sous un autre angle.

Pour lui, il y a une dynamique d’intégration des Marocains dans le champ politique européen. Certes, en Hollande, le maire le plus populaire est d’origine marocaine et s’appelle Ahmed Boutaleb. À la tête de la mairie de Rotterdam, il a été élu personnalité néerlandaise de l’année 2014, et meilleur dirigeant politique l’année suivante selon deux sondages. Une citoyenne d’origine marocaine, en l’occurrence Khadija Arib, préside depuis le 13 janvier 2016 la seconde chambre néerlandaise, comparable à l’Assemblée nationale française. Le Parlement des Pays-Bas compte aussi pas moins de 20 députés d’origine marocaine. Les ministres français d’origine marocaine sont bien connus du grand public, mais il y a également des centaines d’élus communaux, municipaux et régionaux partout en Europe.

Il y a donc une dynamique historique d’intégration politique des Marocains en Europe. Toujours selon El Yazami, la participation de la diaspora dans les instances législatives des pays d’origine est une question complexe qui s’est posée à tous les pays du monde, pas seulement au Maroc. Car au fond, il s’agit de traiter une multiplicité de nationalités via un seul et unique processus. Mais il ne faut pas oublier que le Maroc a été le premier pays au monde à tenter une représentativité de sa diaspora au sein de l’instance législative. Le syndicaliste Akka El Ghazi, premier représentant des MRE au Parlement marocain, n’a pas besoin d’être présenté.

Lors d’une journée d’étude organisée vendredi dernier au Parlement par le groupe USFP, une vingtaine de représentants des MRE de France, de Belgique, des Pays-Bas, de Finlande, du Danemark, etc. ont pris la parole. Dans leur majorité et contrairement aux attentes, les interventions ont plutôt versé dans les problèmes spécifiques à chaque communauté, éludant la question politique. Pourtant, dans son intervention d’ouverture de la journée, Driss Lachgar a tiré à boulets rouges sur le gouvernement qui, selon lui, «fait la sourde oreille à la revendication de la participation aux élections».

L’USFP, qui préside la commission de la migration au sein de l’internationale socialiste, a été le premier à proposer un amendement de la loi organique du Parlement permettant la représentativité des MRE. Le parti de la rose a proposé 30 sièges pour les MRE à travers une proposition de loi. D’autres partis lui ont emboîté le pas comme le PJD à travers son groupe parlementaire. Mais le spécialiste des questions migratoires, Benyouness Merzougui, y voit une tactique gouvernementale qui, en l’absence d’un projet de loi, essaie de se racheter à travers la proposition de loi émanant du parti qui dirige le gouvernement.  


 

Le CCME en ligne de mire
A défaut d’avoir accès au Parlement, les représentants des MRE, conscients de la complexité d’une telle requête, jettent leur dévolu sur les autres instances de la gouvernance. Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) figure en haut de la liste. Toutefois, le projet de loi sur le CCME, qui a récemment été soumis au SGG, ne sera pas discuté durant cette législature qui est arrivée à sa fin. Cela n’empêche pas les représentants de la communauté à appeler à la vigilance. En effet, l’enjeu pour eux est de garantir une meilleure présence des MRE au sein du conseil qui doit s’adapter à la nouvelle Constitution.



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